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Faut-il se débarrasser de la fraternité?

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Jeanne Larghero - publié le 03/12/21
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Chaque vendredi, la philosophe Jeanne Larghero éclaire les petites et grandes questions de l’existence à la lumière de l’éthique chrétienne. Elle s’intéresse aujourd’hui au sens du mot fraternité, que certains — ou certaines — voudraient « dégenrer ».

Fraternité, nom féminin singulier. Très singulière cette fraternité qui se décline au féminin, et qui s’affiche virilement sur le fronton de nos mairies, au risque de provoquer chez les femmes les plus susceptibles un sentiment d’exclusion très légitime : pourquoi pas sororité après tout ? ou pourquoi ne pas carrément « dégenrer » la devise et en inventer une nouvelle ? Les néologismes ayant le vent en poupe, gageons que les défenseurs de l’« adelphité » invention récente issue d’un radical grec, ne manqueront pas de se faire entendre. Le mot adelph désignant alors les enfants non genrés issus de deux mêmes parents... Ou bien substituons tout simplement la fraternité à la solidarité, qui unit sans distinction les hommes et les femmes ? Nous pouvons aussi laisser ces combats de salon. Et tout simplement revenir à la réalité, et à l’Histoire.

Enfants d’un même Père

Que veut dire la fraternité ? Pris littéralement, cela signifie que nous tous, humains, nous constituons une seule génération issue des mêmes parents : ce qui est biologiquement faux évidemment ! Cette fraternité a donc un sens symbolique : en cherchant à la « dégenrer » on laisse alors croire que ce sens symbolique (consolidé pourtant par le renfort des valeurs de liberté et d’égalité) nous a échappé. Pourquoi parler alors de fraternité ? Tout simplement parce que la République, héritière des siècles passés, à érigé en valeur nationale la bonne nouvelle des chrétiens : il n’y a plus, dans le Christ, ni homme ni femme, ni esclave ni homme libre, nous devenons par Jésus les enfants d’un même Père, ceux à qui Jésus en personne a appris à dire « Notre Père ». Et c’est cette fraternité qui nous rend, hommes et femmes, libres et égaux.

Alors que la solidarité se décrète, la fraternité se reçoit.

La fraternité se reçoit

Il est donc vrai que la fraternité républicaine est une sécularisation du message chrétien. Pourquoi est-ce une valeur qui mérite d'être défendue même par ceux qui ne connaissent pas l'Évangile ? Parce que la fraternité désigne les liens du sang, ceux qu’on ne choisit pas, ceux que l’on reçoit et à partir desquels on construit une vie commune, même si on est différents, même si la dispute n’est jamais loin. Mes frères et sœurs sont ceux que je n’ai pas choisis, à la différence des amis, collègues, adhérents de clubs, à la différence de tous ceux que nous fréquentons en raison de nos choix de vie. Alors que la solidarité se décrète, la fraternité se reçoit. Alors que la solidarité se définit un périmètre, la fraternité nous précède, sans distinction. Ainsi, à chacun de nous est posée la question que Dieu adressa à Caïn : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » Voilà exactement le sens de la fraternité, réalité chrétienne devenue valeur républicaine.

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