Le livre de la Genèse évoque les premières ablutions rituelles partagées par la plupart des civilisations antiques de cette époque lointaine :
"Permettez que l’on vous apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre". (Gn, 18, 4).
Le lavement des pieds prend ici une double signification. Celle hygiénique du soin du corps doublée d’un sens spirituel de purification, sens que l’on retrouve d’ailleurs dans l’épisode du Buisson ardent où Dieu intime à Abraham d’ôter ses sandales impures sur le lieu saint où il se trouvait. Les ablutions d’eau prennent dès lors un sens religieux essentiel, le Lévitique fournira d’ailleurs toute une liste de nombreuses prescriptions enjoignant les fidèles à cette pratique rituelle :
"Il fera alors sept fois l’aspersion sur l’homme à purifier de la lèpre. Quand il l’aura ainsi purifié, il relâchera l’oiseau vivant dans la campagne. Celui qui aura été purifié lavera ses vêtements, se rasera tous les poils et se baignera dans l’eau : alors il sera pur". (Lv 14, 8-9)
Les contemporains de ces textes savaient que l’eau à elle seule ne pouvait suffire à guérir le lépreux de son mal, attribuant ainsi aux ablutions une dimension essentiellement symbolique par laquelle le rite confère à celui qui en bénéficie la protection divine. L’exemple le plus flagrant d’ablutions conduisant à la guérison réside certainement avec l’épisode du général de l’armée du roi d’Aram, nommé Naaman et atteint de la lèpre.
Cet ennemi d’Israël accepte de rencontrer le prophète Élisée qui lui enjoint d’aller faire ses ablutions sept fois dans le Jourdain, un acte de soumission difficile à accepter pour le fier guerrier occupant : "Naaman se mit en colère et s’éloigna en disant : "Je m’étais dit : sûrement il va sortir, et se tenir debout pour invoquer le nom du Seigneur son Dieu ; puis il agitera sa main au-dessus de l’endroit malade et guérira ma lèpre. Est-ce que les fleuves de Damas, l’Abana et le Parpar, ne valent pas mieux que toutes les eaux d’Israël ? Si je m’y baignais, est-ce que je ne serais pas purifié ?" (2 R 5)
Après avoir tourné bride et être reparti en colère, Naaman accepta finalement de se soumettre à l’injonction et fut guéri instantanément…
Les ablutions au temps de Jésus
Jésus donnera un sens plus profond encore aux pratiques rituelles d’ablutions lors de l’émouvant épisode du lavement des pieds de ses disciples :
"Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi." (Jn 13, 14).
Jésus par cette ablution répétée chaque année lors de la Semaine sainte dans nos églises dépasse la pratique rituelle pour lui conférer une autre dimension symbolique, celle de l’humilité et du don total de Celui qui va donner sa vie pour la multitude.