Mai 2018La renonciation de 34 évêques chiliens
Venus rencontrer le Pape au Vatican, les 34 évêques du Chili annoncent leur démission collective quelques jours après la remise d’un rapport concernant des abus sexuels commis au Chili. Quatre mois plus tôt, le déplacement du Saint-Père dans le pays avait été marqué par des critiques de l’opinion à l’endroit de l’Église locale et du Pape lui-même sur la gestion des abus sexuels commis par des prêtres chiliens. En réaction, le souverain pontife avait ordonné une nouvelle enquête, réalisée par Mgr Charles Scicluna. Celui-ci avait alors rendu un rapport de 2.300 pages... au vitriol.
Août 2018 La Lettre au peuple de Dieu
Quelques jours après des révélations accablantes dans le diocèse de Pittsburgh (États-Unis), le pontife argentin publie une Lettre au peuple de Dieu consacrée au fléau des abus sexuels dans l’Église. Il y réaffirme l’engagement de l’Église catholique pour garantir la protection des mineurs et des adultes vulnérables contre les abus. Il désigne le cléricalisme comme une cause majeure de la crise des abus et appelle les catholiques au jeûne et à la prière. Une semaine plus tard, lors d’un voyage en Irlande, il demande "pardon" aux personnes ayant été victimes d’abus sexuels.
Novembre 2018La création de la Ciase en France
Lors de leur assemblée plénière à Lourdes, les évêques de France annoncent la création d’une commission indépendante destinée à faire la lumière sur les abus sexuels commis en France à partir de 1970 jusqu’à nos jours. Quelques jours plus tard, le 20 novembre 2018, Jean-Marc Sauvé, ancien vice-président du Conseil d'État et président des Apprentis d’Auteuil, reçoit une lettre de mission de la Conférence des évêques de France (CEF) et de la Conférence des religieuses et religieux de France (Corref) : établir des faits, comprendre ce qui s’est passé et prévenir la répétition de tels drames. Trois mois plus tard, la Ciase tient sa première réunion avec 22 membres.
Février 2019Un sommet au Vatican
À l’initiative du pape François, 190 participants venus de tous les continents – présidents de conférences épiscopales, chefs des Églises catholiques orientales, supérieurs de congrégations religieuses et prélats de la Curie romaine – se réunissent au Vatican du 21 au 24 février pour mener une "bataille totale" contre les abus sexuels dans l’Église. Ce sommet historique – où des victimes livrent livrer des témoignages glaçants – ne débouche pas immédiatement sur des annonces concrètes mais dresse des perspectives à mettre en œuvre.
Mai 2019Le motu proprio du Pape
Le 9 mai 2019, par le motu proprio Vos estis lux mundi, tous les clercs et religieux du monde entier sont obligés de dénoncer à l’autorité supérieure les abus dont ils ont connaissance et ce sans délai. Figurent également l’obligation pour chaque diocèse du monde de mettre en place un ou des "dispositifs stables et facilement accessibles" afin de permettre le signalement d’abus sexuels sur mineurs. Enfin le Vatican met sur pied une procédure pour enquêter sur des évêques ou supérieurs soupçonnés de crimes ou de couverture de crimes. Elle prévoit que l’archevêque métropolite – qui coordonne les évêques d’une même province – puisse enquêter en 90 jours, en lien avec Rome. Si le métropolite est lui-même impliqué, c’est à l’évêque le plus ancien de la province de s’en charger.
Juin 2019L'appel à témoignages de la Ciase
En France, la Ciase lance un appel à témoignages afin que "toutes les personnes concernées lui permettent d’accomplir un travail de vérité". Cet appel "s’inscrit dans une double perspective", confie alors son président, Jean-Marc Sauvé, à Aleteia. "Une perspective de mémoire et de reconnaissance de la souffrance des victimes. Et une autre pour recueillir des données quantitatives et qualitatives sur les abus sexuels qui ont été commis dans l’Église". Cette campagne devait s’arrêter en juin 2020 mais, en raison de la pandémie, elle est finalement prolongée jusqu'au 31 octobre suivant. Au total, 6.500 victimes se manifestent. En parallèle démarrent des auditions de victimes, d’environ deux heures par témoignage. 250 victimes sont entendues au cours de ces entretiens.
Novembre 2019Un rapport d’étape accablant
Jean-Marc Sauvé intervient devant les évêques de France rassemblés à Lourdes pour leur assemblée plénière afin de dresser un premier bilan sur le travail accompli par sa commission et celui, colossal, à venir. "Dans le cadre de l’Église, ou d’un culte en général, les abus sexuels s’enracinent dans une relation d’autorité et de confiance fondée sur la foi. Ils sont inséparables d’un accompagnement spirituel et donc d’un cheminement vers Dieu, qui se trouvent dévoyés et pervertis", assure-t-il à Aleteia. "L’abus sexuel se double, dans l’Église, d’un abus spirituel. C’est de l’abus au carré qui touche doublement à l’intimité de la personne humaine, corps et esprit."
décembre 2019 L'abolition du secret pontifical
Le pape François abolit le secret pontifical en matière de violences sexuelles commises par des clercs sur des mineurs, des personnes vulnérables ou placées sous leur autorité. Les procès canoniques étaient jusqu’alors couverts par le secret absolu, y compris vis-à-vis des victimes qui ne sont entendues que comme témoins. Ce degré très haut de confidentialité a été critiqué à plusieurs reprises lors du sommet sur la protection des mineurs, réuni quelques mois plus tôt. Le Pape demande par ailleurs une collaboration renforcée avec les tribunaux civils.
Mars 2021Les onze résolutions des évêques
Réunis en assemblée plénière du 23 au 26 mars, les évêques de France annoncent une série de onze résolutions afin de lutter contre la pédophilie et les abus sexuels au sein de l’Église catholique. Elles couvrent les champs de la responsabilité, la dimension mémorielle, la dimension financière, la prévention, l’accompagnement des auteurs mais aussi les moyens structurels de prise en charge. Les évêques décident également collégialement d’adresser une lettre aux catholiques sur cette lutte contre la pédophilie afin d’expliquer les mesures décidées en engager l’ensemble du Peuple de Dieu dans cette démarche de reconnaissance, de vigilance et de soutien aux personnes victimes.
Mai 2021François durcit le Droit canon
Le pape François opère une révision majeure d’un chapitre du Code de droit canon portant sur les sanctions graves. Elle vise à adapter le droit de l’Église au monde contemporain et à rééquilibrer le rapport entre justice et miséricorde "qui a parfois été mal interprété", entrainant un climat de "laxisme". Les abus sur une personne mineure sont désormais clairement inscrits dans le code.
Octobre 2021 La Ciase rend son rapport
Combien de victimes ? Combien de prêtres agresseurs ? Comment l’Église s’est-elle comportée ? Que reste-t-il à faire ? Personne n’a lu le rapport de la Ciase de 2.500 pages en amont de sa publication mardi 5 octobre mais chacun s’y prépare tant le sujet est douloureux et les chiffres avancés effarants.