La statue de saint Junipero Serro va laisser place à un monument commémorant les tribus autochtones de Sacramento. En signant la proposition de loi vendredi 24 septembre, le gouverneur Gavin Newsom a entériné un texte déjà voté cet été. En effet, les élus avaient approuvé le projet de loi présenté par leur collègue James C. Ramose. Ce dernier était devenu, en 2018, le tout premier parlementaire amérindien de Californie.
Après plus de 40 années de présence dans les jardins du Capitole de l'État de Californie, la statue de Junipero Serra ne retrouvera donc pas le piédestal qu'elle avait quitté en 2020. Le bronze avait été caché en lieu sûr au plus fort des mobilisations – parfois violentes – qui ont embrasé les États-Unis après l'assassinat de George Floyd. En effet, plusieurs statues de l'évangélisateur franciscain, comme celle du Capitole, avaient été prises pour cible voire déboulonnées ou vandalisées.
Le texte adopté par les parlementaires avance notamment que "l'asservissement d'adultes et d'enfants, leur mutilation [...] et l'agression de femmes faisaient partie de la période d'évangélisation initiée et supervisée par le père Serra". Une affirmation qui repose notamment sur un ouvrage controversé du journaliste Elias Castillo.
Quelques jours avant la signature du texte, Mgr Cordileone, évêque de San Francisco, et Mgr Gomez, évêque de Los Angeles, avaient regretté cette lecture des évènements. Dans une tribune parue dans le Wall Stree Journal, ils ont rappelé l'affection qui liait le saint au peuple qu'il servait. "En tant que pasteurs des deux plus grandes communautés catholiques de Californie, nous servons des milliers d'amérindiens héritiers d'une foi portée par leurs ancêtres qui, hommes et femmes, ont soutenu les missions [de Juniperro Serra]".
Serra accueillerait volontiers l'inauguration d'un monument qui honore les peuples autochtones de Californie. Il a passé sa vie à les servir. Malheureusement, les parlementaires sont allés jusqu'à le calomnier et promouvoir une fausse version de l'histoire des missions en Californie
Les prélats ont également évoqué un épisode important de la vie du saint. Alors âgé de 60 ans, Junipero Serra avait parcouru quelque 3.000 kilomètres. Son but ? "Exiger des autorités locales l'adoption d'une déclaration des droits des peuples autochtones" rédigée par ses soins. La proposition des évêques de faire figurer côte à côte un monument dédié aux tribus autochtones de Californie ainsi que la statue du saint qui s'est voué à leur service n'a finalement pas été entendue.