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La Bible et ses symboles : le feu, la force incandescente

sacrifice d'elie

Le sacrifice d’Élie par Lucas Cranach.

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Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 28/09/21
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Le feu, élément naturel, acquiert rapidement, tant dans la religion juive que par la suite chrétienne, une place importante. Symbole ambivalent du bien comme du mal, cette force naturelle incandescente sera rapidement intégrée dans les premiers rites des Hébreux au titre de la toute-puissance divine.

Le feu représente dès les premiers temps du judaïsme pour les Hébreux la force divine. Aussi n’est-il pas étonnant que ce signe soit rapidement intégré en des rites de plus en plus nombreux et précis, une manière d’honorer Celui par qui cet élément a été rendu possible. Ainsi, à l’image du Buisson ardent ou de l’Horeb enflammé, user du feu lors des fêtes religieuses permet de louer ce que Dieu fit pour son peuple. Les psaumes n’hésitent pas à rappeler ces premiers rituels, signes de leur importance dans la religion juive tel l’encens consumé par le feu : « Que ma prière devant toi s’élève comme un encens, et mes mains, comme l'offrande du soir ». (Ps 140) En effet, dès le Livre de l’Exode, une succession de rites sacrificiels se met en place accordant au feu une place première, élément intermédiaire entre les hommes et Dieu :

« Tu feras approcher le taureau devant la tente de la Rencontre ; Aaron et ses fils imposeront la main sur sa tête, et tu l’immoleras devant le Seigneur, à l’entrée de la tente de la Rencontre. Tu prendras le sang du taureau et tu en mettras avec ton doigt sur les cornes de l’autel. Puis tu répandras le sang à la base de l’autel. Tu prendras toute la graisse qui enveloppe les entrailles ainsi que le lobe du foie, les deux rognons et la graisse qui les entoure, et tu les feras fumer sur l’autel. Mais tu brûleras hors du camp la chair du taureau, la peau et les excréments. C’est un sacrifice pour la faute. (Ex 29, 10-14) Ce passage biblique montre combien le feu peut être ambivalent, moyen d’élever des prières à Dieu tout comme élément purificateur de ce qui est impur.

Le symbole du feu est si puissant chez les Hébreux que le sanctuaire lui-même possédait l’un des éléments le plus importants aux yeux des juifs : le feu sacré. Un feu qui dès lors ne devait jamais s’éteindre ainsi que le prescrit le Lévitique dans l’Ancien Testament :

LE SACRIFICE D'ELIE

Ce feu perpétuel rappelle aux hommes la présence divine dans la pureté de cette incandescence sans pour autant être lui-même divinisé ainsi que le firent de nombreuses religions païennes antiques tel le culte de Moloch livrant au feu de jeunes enfants… Signe de la présence divine, le feu sacré peut dès lors dans certaines circonstances être l’objet de manifestations extraordinaires :

Le Nouveau Testament reprendra cet héritage du feu sacré. Jésus lui-même usera de ce puissant symbole : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12, 49). Si le feu sacré du Nouveau Testament est de nouveau un feu purificateur, celui-ci ne se réalise plus, cependant, sous la forme d’holocaustes et de sacrifices de bêtes, mais par la Parole et grâce au sacrifice ultime du Christ. Ce glissement des rites sacrificiels — du sang des bêtes au sang du Christ — dans le Nouveau Testament sera souligné et largement développé au XXe siècle par le philosophe René Girard. Jean le Baptiste reconnaissait baptiser par l’eau mais souligna très tôt : « Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit saint et le feu » (Mt 3, 11). 

La Pentecôte

Ce même Esprit saint se manifestera d’ailleurs par le feu, et plus précisément selon les Écritures sous la forme de langues de feu :

Le feu confère ainsi aux disciples du Christ une force incomparable, celle de partager la Parole divine au plus grand nombre, une force incandescente dépassant tous les antiques sacrifices.

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