Quand en 2002, cinq ans après leur mariage, une tumeur au cerveau emporte son mari, Delphine songe que sa vie est finie. "J’avais perdu mon grand amour, et me retrouvais seule pour élever notre fille de 2 ans. J’étais au fond du gouffre. Je me suis noyée dans les sorties entre amis, jusqu’à ce qu’une psychologue me recommande d’oser me retrouver face à moi-même. Ça a été très dur". Pratiquante occasionnelle, elle se sent tout de même "épaulée" : "Aujourd’hui, je réalise que j’ai reçu des grâces dès avant la mort de Cédric. Je me souviens en particulier de ce jour où je me suis effondrée chez moi à genoux, au sortir de l’hôpital. J’ai senti que j’étais comme relevée, qu’une force m’était donnée, qui m’a permis de traverser les ténèbres."
Moins de trois ans plus tard, en 2004, la jeune veuve épouse un cousin éloigné de son premier mari, Alain. Ce dernier comprend mieux que personne sa détresse : "Après cinq années intenses de vie commune, ma femme Dominique a été emportée par le SIDA. Je l’avais épousée en connaissance de cause, comme poussé par une force venue d’en-haut. Je n’en ai pas moins hurlé de douleur, comme un animal. Dieu m’a consolé en me faisant ressentir qu’elle était immensément heureuse auprès de Lui… Mais combien les préoccupations des autres me paraissaient futiles ! J’ai traversé quelques années d’instabilité amoureuse, puis me suis fait à l’idée de refaire ma vie. Dominique, pourtant très jalouse, m’y avait incité juste avant de mourir." Le jeune veuf se remarie, devient père à deux reprises, puis divorce.
Quand il rencontre Delphine, il se sent tout de suite sur la même longueur d’onde qu’elle : "Nos histoires se recoupaient sur bien des points, se souvient-il, et nous partagions la même soif spirituelle". Ils se marient, et un an plus tard, une petite fille voit le jour. Delphine et Alain retrouvent pleinement goût à la vie "dans le respect du souvenir du conjoint disparu". Leur foi s’étoffe d’année en année, à travers l’adoration, des retraites, des pèlerinages… Celui de Medjugorje en 2016 les bouleverse : "Jamais nous n’avions éprouvé à ce point l’Amour immense et infini du Seigneur. Notre vie en a été changée, recentrée."
Le couple se sent appelé à se mettre au service des autres, d’abord dans leur paroisse de la Celle-Saint-Cloud (Yvelines), où ils créent des groupes de paroles pour jeunes veufs et veuves (moins de 55 ans) ; puis au sein du mouvement Fondacio, où ils mettent sur pieds un week-end entier pour aider ces derniers "à faire à nouveau entrer la Lumière dans leur vie, et à discerner le projet de Dieu sur eux." La deuxième édition a lieu les 2 et 3 octobre prochains, à Versailles. "Lors de la première rencontre, le partage d’expériences a été d’une grande richesse. Savoir que l’on n’est pas seuls apporte un tel réconfort ! Dieu se tient à nos côtés, "pour-suivre" le chemin."