Alors que le pape François a institué le ministère laïc de catéchiste par le Motu proprio Antiquum ministerium le 10 mai 2021, le rôle des catéchistes a toujours été essentiel au sein de l’Église catholique. "Grâce à nos projets menés dans plus de 140 pays, nous savons que les catéchistes constituent la colonne vertébrale de l’Église dans de nombreuses régions du monde", assure Regina Lynch, directrice du département des projets de l’Aide à l’Église en Détresse (AED). Dans les régions reculées où les prêtres ne peuvent que rarement se rendre dans leurs paroisses ou dans des pays où les activités pastorales sont rendues difficiles à cause de la guerre et de la persécution, les catéchistes sont à la fois interlocuteurs, travailleurs humanitaires et assistants spirituels.
Les catéchistes qui assurent la pastorale dans des régions où il n’y a pas de prêtre paient parfois même au prix de leur vie leur courage et leur dévouement. Philippe Yarga, du diocèse de Dori au Burkina Faso, en est un exemple particulièrement émouvant. Il était responsable de la coordination pastorale dans l’est du Burkina Faso, à la frontière du Niger. Le 16 février 2020, il a été assassiné par des terroristes. Il laisse derrière lui sept enfants, dont le plus jeune est né six semaines après sa mort. "Les catéchistes du Burkina Faso et d’autres pays du Sahel sont directement exposés à la menace terroriste et doivent parfois fuir du jour au lendemain avec leurs familles", détaille Regina Lynch. "Rien qu’en 2020, l’organisation internationale a porté assistance à plus de 18.000 catéchistes sur tous les continents – la plupart d’entre eux vivant en Asie et en Afrique", poursuit la responsable. Cette assistance peut prendre la forme d’équipement technique pour leur permettre d’assurer leur ministère ou de matériel nécessaire spécifique pour organiser les activités pastorales et le catéchisme.
Derrière ces projets se cachent des personnes aux histoires émouvantes et impressionnantes. John Joseph Gazi est d’origine sud-soudanaise et vit en Ouganda. Malgré tous les efforts en faveur de la paix, un conflit brutal sévit dans ce plus jeune des pays d’Afrique dont l’indépendance ne remonte qu’à 2011. La famille de John Joseph Gazi n’a pas pu échapper aux meurtriers. "Mon père, ma sœur et mon frère ont été tués. Tout s’est passé en quelques minutes à peine", raconte-t-il.
Il a pourtant réussi à fuir dans le pays voisin, en Ouganda, où plus d’un million de personnes vivent dans des camps de réfugiés. Ce qui est encore pire que l’indicible détresse qui règne dans ces camps, ce sont les cicatrices de l’âme, en particulier parmi les jeunes gens. En effet, durant ces conflits, beaucoup d’entre eux ont été forcés de devenir des enfants soldats.
C’est vers eux que John Joseph Gazi se sent particulièrement envoyé dans sa mission : "Beaucoup sont emplis de haine et d’idées de vengeance. Je leur parle du pardon." Lui-même a presque tout perdu, mais pas sa foi en Dieu. C’est pourquoi il a suivi une formation de catéchiste. Il préfère se qualifier d'"évangélisateur", apportant la Bonne Nouvelle aux pauvres et aux désespérés.
je suis un soldat pour Jésus. Je lutte pour ramener les âmes à Dieu.
C’est au centre Emmaüs, situé à proximité de Kampala, la capitale de l’Ouganda, qu’il s’est formé. Là, ils sont plusieurs à suivre des formations pour guérir les blessures infligées aux âmes de leurs compatriotes et pour les aider à résoudre différents soucis. Une "lutte" tout autre et beaucoup plus prometteuse que la guerre acharnée régnant dans son pays d’origine, avoue John Gazi : "À présent, je suis un soldat pour Jésus. Je lutte pour ramener les âmes à Dieu."
Il se rend maintenant auprès de ses compatriotes qui refont leur vie tant bien que mal en Ouganda – mais sans violence ni guerre. "Je veux ramener la vie au Sud-Soudanais." Le catéchiste leur parle de la foi, il les console, il écoute les terribles récits de ces gens traumatisés et les soutient pour trouver de l’aide. Dans le centre Emmaüs, John Gazi et ses équipiers ont bénéficié non seulement d’une formation de catéchistes, mais ont aussi acquis des notions en psychologie. Outre les expériences de guerre, la pauvreté et le chômage, un autre problème majeur qui s'est développé parmi les réfugiés est l'abus d'alcool.
La "lutte" contre les effets de la guerre se poursuit. Cependant, John Gazi est persuadé que tous les efforts en valent la peine : "Grâce à ma formation de catéchiste, j’apporte maintenant l’espoir et l’amour à mon peuple."