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Mai 1871, l’assassinat de l’otage Mgr Darboy, archevêque de Paris

Assassinat de Mgr Darboy.

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Thérèse Puppinck - publié le 24/05/21 - mis à jour le 21/04/23
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Le mouvement insurrectionnel de la Commune ne dura que quelques semaines, entre la mi-mars et la fin du mois de mai 1871. Malgré, ou peut-être en raison de cette brièveté, la ville de Paris et ses habitants traversèrent de terribles épreuves.

Le 11 mars 1871, une partie de la population parisienne se révolte contre le tout nouveau gouvernement républicain qui entérine la défaite de la France face à la Prusse. Mélange d’utopie libertaire et de revendications égalitaires, le mouvement de la Commune sombre immédiatement dans l’anarchie et la violence.

Au début du mois d’avril, le gouvernement français, installé à Versailles, entame la reconquête de la capitale insurgée. Les fédérés de la Commune décident alors de prendre des otages pour s’assurer un moyen de pression : « Toutes les personnes prévenues de complicité avec le gouvernement de Versailles (…) seront les otages du peuple de Paris. » Il est stipulé plus loin qu’à chaque exécution d’un prisonnier fédéré, la Commune, en représailles, fusillera trois otages tirés au sort. Tout de suite après la promulgation de ce décret, la rafle commence. 

L’anticléricalisme brutal présent dès le mois de mars parmi les Communards, s’accroît rapidement avec le temps. Le 5 avril l’archevêque de Paris, Mgr Darboy, est arrêté, ainsi que son vicaire général. Ils sont tous deux envoyés à la prison de Mazas. En quelques jours, les prisons se remplissent d’otages choisis : 200 ecclésiastiques sont incarcérés en compagnie de nombreux civils, magistrats, notables, gendarmes.

Ce procédé suscite l’indignation à Versailles, mais aussi dans le camp des fédérés où plusieurs personnalités, dont Victor Hugo, désapprouvent cette mesure de rétorsion. L’archevêque de Paris n’a pas d’illusion sur le sort qui l’attend, et il a emporté en prison un objet hautement symbolique : la croix pectorale que Mgr Affre, son prédécesseur, portait le jour où il fut mortellement blessé sur une barricade de 1848, en tenant de séparer les combattants.

Les semaines passent, l’incompréhension et la haine des adversaires sont à leur acmé. L’armée avance inexorablement, reprenant Paris, quartier par quartier, écrasant tout sur son passage, et multipliant les exécutions sommaires. De leur côté, les fédérés prennent conscience de leur inéluctable échec et comprennent que la répression sera sans pitié, jusqu’au bout. L’exaspération se mêle au désespoir, et les plus acharnés d’entre eux sont prêts à s’ensevelir sous les ruines et les cadavres afin que tout périsse avec eux.

Le meurtre de M

Mgr Darboy.

Les fédérés n’avaient jusqu’à présent pas mis à exécution leur menace concernant les otages, mais la progression des troupes versaillaises intra muros change la donne. Le 22 mai, les otages détenus à Mazas sont transférés à la prison de la Roquette. Avec Mgr Darboy, il y a aussi le vicaire général de Paris, le curé de la Madeleine et un magistrat. Le transfert des prisonniers se fait dans des conditions prodigieusement tendues : la foule, très menaçante, hurle ‘’à mort !’’ sur le passage du convoi.

Le 24 mai, l’ordre tombe : six otages parmi les détenus de la Roquette doivent être exécutés. A huit heures du matin, Mgr Darboy est tiré de sa cellule. Il est fusillé contre un mur du chemin de ronde de la prison avec deux de ses prêtres et deux jésuites. Puis, c’est au tour d’une quinzaine de dominicains, fusillés par derrière après qu’on leur ait fait croire qu’ils étaient libérés. Quelques jours plus tard, environ cinquante otages, dont dix prêtres, sont exécutés rue Haxo, dans le quartier de Belleville.

À l’emplacement de ce dernier massacre, est édifiée en 1938 l’église Notre-Dame-des-Otages, de style art déco. Aujourd’hui encore, la paroisse prend soin de célébrer les martyrs de la Commune en promouvant notamment leur cause de béatification.

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