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Des clés pour mettre l’Évangile au cœur de l’enseignement catholique

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Mathilde de Robien - publié le 18/04/21
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Favoriser la vie spirituelle des enseignants, les aider à découvrir dans la prière des ressources pour mener à bien leur pratique éducative, sont autant de clés pour mettre l’Évangile au centre de l’école.

"Bien souvent, une école catholique est d’abord une école, avant d’être catholique. Un qualificatif renvoyé à un second temps, comme s’il n’était pas essentiel", remarque Pierre Usclat, directeur de l’Institut Notre-Dame d’Espérance, un Institut Supérieur de Formation de l’Enseignement Catholique (ISFEC) à Angers. Pourtant, souligne-t-il, les statuts de l’enseignement catholique stipulent que "l’Évangile est la référence constante de l’école catholique", la référence non seulement pour les temps pastoraux, mais aussi pour les temps pédagogiques et éducatifs. Marguerite Léna, membre de la Communauté apostolique Saint-François-Xavier, philosophe spécialiste des questions d’éducation et enseignante, abonde en ce sens : "L’école catholique est d’abord une école, mais c'est justement pourquoi la dimension chrétienne ne se résume pas à un climat, à une atmosphère. Il existe une spiritualité de l'enseignement et de l’acte éducatif. Et cette expérience spirituelle peut irriguer en profondeur et de manière effective la pratique enseignante."

Vivre de l’Évangile au cœur de l’école suppose donc de le remettre aussi au cœur de la formation des enseignants. Fort de cette conviction, l’Institut Notre Dame d'Espérance (IND-E) ouvre à partir de septembre 2021 des formations spécifiques continues dans le domaine de l'éducation et de l'enseignement. Elles se déclinent sous trois formes : des modules sur l'intériorité, un Diplôme Universitaire (DU) sur l'éducation et l'anthropologie chrétienne, et des temps de retraites spirituelles à des fins de ressourcement professionnel.

"Nous avons quelque chose de plus à donner que des biens culturels objectifs. Les enfants à l’école, les collègues et les personnes en détresse frappent à notre cœur, ils n’ont pas seulement besoin de ce que nous avons, ils ont besoin de ce que nous sommes", disait Édith Stein. Les ressources de la foi et l’anthropologie chrétienne permettent d’accueillir les questions des élèves sur la vie, la mort, la liberté... "La laïcité, de manière générale, représente un progrès dans la mesure où elle évite des confusions entre le temporel et le spirituel, où elle crée les conditions d’une paix publique, mais en ce qui concerne l’école, elle a parfois un effet fâcheux : elle laisse hors champ toutes les questions ayant trait au sens de l'existence, au bonheur, à Dieu… ", regrette Marguerite Léna. "Des questions qui pourtant intéressent beaucoup les élèves, mais qui supposent un engagement personnel plus vif de la part de l’enseignant. On ne peut pas parler de ces réalités de manière indifférente."

L’enseignement catholique nourrit son projet éducatif de l’anthropologie chrétienne. L’approfondir, c’est donner les moyens aux enseignants d’aborder ces questions, non pas de manière dogmatique ni idéologique mais de manière ouverte, avec toute l’expérience qu’apporte la foi chrétienne. "Et même si nous avons l’humilité de nous dire que nous sommes démunis pour leur apporter des réponses définitives, nous pouvons néanmoins offrir une présence", souligne Pierre Usclat. " Offrir un espace pour que les questions sérieuses de l’existence soient posées", quel que soit le cadre institutionnel, complète Marguerite Léna.

Nous dissocions trop facilement notre engagement dans le monde et la vie de prière.

"Nous dissocions trop facilement notre engagement dans le monde et la vie de prière", constate Pierre Usclat. Pourtant les saints à l’origine de grandes réalisations étaient de grands priants. "Ce qu’ils ont fait ne dépendait pas uniquement de leur puissance personnelle, ils ont trouvé ailleurs la capacité et les ressources nécessaires pour faire ce qu’ils ont fait", souligne-t-il.

La prière peut donc être féconde pour mener à bien une mission éducative. Encore faut-il en préparer et en goûter les fruits. Marguerite Léna en est convaincue, "il y a une ressource spirituelle dans notre union à Dieu et dans notre docilité à l’Esprit saint." Une expérience spirituelle qui vient transformer l’acte éducatif et qui ouvre le champ de l’inventivité pédagogique. Elle invite en ce sens les enseignants à "se laisser eux-mêmes enseigner par l’Esprit saint".

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