Touchés par l’incendie de Notre-Dame de Paris, des propriétaires de forêts privées ont manifesté leur souhait, dès le lendemain du drame, de participer à la reconstruction de la cathédrale par le don de leurs plus beaux chênes. Deux ans après l’incendie, ces promesses se concrétisent. Ils confient à Aleteia la joie qu’ils ont de contribuer à la renaissance d’un sanctuaire et l’importance que revêt pour eux une bénédiction de ces arbres.
Ils poussent depuis plus d’un siècle près de chez eux et rejoindront, bientôt, les sommets du plus célèbre sanctuaire de France. Les chênes de plusieurs propriétaires privés sont actuellement en train d’être sélectionnés et sciés afin de servir à la reconstruction de la flèche de Notre-Dame de Paris. Pour eux, cette aventure inédite est digne des grands chantiers médiévaux. En donnant leurs arbres, ils ont le sentiment de mettre leurs pas dans ceux des plus grands bâtisseurs, ceux là même qui ont élevé les plus belles cathédrales de France. Donner une partie d’eux-mêmes, c’est inscrire à tout jamais leur histoire dans celle de Notre-Dame.
Parmi eux, Josselin G., propriétaire et gérant d’une forêt à Plédéliac (Côtes-d’Armor). Pour Aleteia, il témoigne de sa fierté de participer à ce grand élan collectif. Très ému par l’incendie de Notre-Dame, il a tout de suite, avec son épouse, manifesté son désir de participer à la reconstruction de Notre-Dame auprès de son expert forestier. “Je gère cette forêt à temps plein depuis que je suis à la retraite mais je ne suis pas un expert”, confie-t-il à Aleteia. “Je ne savais pas si mes arbres étaient adaptés à la reconstruction mais j’étais prêt à participer si besoin”. Après deux ans d’attente, la bonne nouvelle est tombée la semaine dernière. Son expert forestier l’a contacté et lui a proposé de partir à la recherche de chênes qui serviront à la reconstruction de la flèche de Notre-Dame.
Ces experts forestiers, qui travaillent avec France Bois Forêt — Interprofession nationale de la filière forêt bois — font un véritable tour de France depuis le mois de janvier pour sélectionner des chênes sur-mesure. Par souci d’équité, la moitié des arbres sont puisés dans des forêts domaniales et communales et l’autre moitié dans des forêts privées.
Participer à la reconstruction de Notre-Dame est une grande fierté, mais en tant que chrétien la symbolique est encore plus forte”
Muni du cahier des charges fourni par les architectes en chef en charge de la restauration de la cathédrale, Josselin G. et l’expert forestier ont donc arpenté le massif à la recherche des plus beaux spécimens. Les deux hommes ont repéré trois chênes centenaires remplissant parfaitement les critères. Une grande joie pour ce propriétaire, très fervent, qui imagine déjà ses arbres contribuer à relever l’un des plus grands sanctuaires de France. “Participer à la reconstruction de Notre-Dame, patrimoine de tous les Français, est une grande fierté, mais en tant que chrétien la symbolique est encore plus forte”, confie-t-il avec émotion. Ému de voir une partie de son histoire familiale s’inscrire dans les murs de la cathédrale, Josselin G. espère que tous les arbres seront marqués ou numérotés pour rappeler aux générations futures cet élan collectif. “Je me réjouis que toutes les régions de France soient invitées à participer. Le symbole est très fort. Et, qui sait, peut-être aurons-nous la chance de retrouver nos arbres en arpentant la charpente !”, lance-t-il dans un sourire.
“Aujourd’hui, cet arbre va servir à la reconstruction de la maison du Dieu”
Les trois chênes de la forêt de Plédéliac doivent être sciés dans quelques jours. Et Josselin G. espère pouvoir les faire bénir avant. Une bénédiction de chêne, c’est ce que la famille Le Gualès a fait en forêt de Paimpont (Ille-et-Vilaine) avec le concours de leur jeune curé. Huit chênes doivent être prélevés dans le célèbre massif breton pour Notre-Dame de Paris. Parmi eux, un chêne des Le Gualès. “Pour nous, catholiques, il était important de le bénir avant qu’il soit scié. C’est une façon de signifier au Seigneur que nous lui rendons ce qu’il nous a donné, détaille Alain Le Gualès. Cet arbre fait partie de la création divine, nous en sommes seulement les gardiens”. Coupé, le chêne de la famille Le Gualès va rester sur place pendant quelques mois avant d’être enlevé par les équipes en charge de la reconstruction de Notre-Dame. “J’espère avoir la chance de prier un jour dans Notre-Dame restaurée, reprend Alain Le Gualès, qui ne dissimule pas la fierté et l’honneur qu’il a de faire don de ce chêne. J’aurais alors une pensée émue pour cet arbre”.
Christian Viguerie, l’un des propriétaires de la forêt de Teillay-Ruffigné (Loire-Atlantique) qui va fournir trois chênes, a lui aussi fait bénir ses arbres par un prêtre. « C’est un symbole magnifique et fort que de pouvoir faire ce don pour retrouver la splendeur de cette cathédrale. Nous sommes tous les enfants de Notre-Dame », a-t-il confié. Après la bénédiction, chacun des invités sur place est reparti avec un morceau de l’arbre. Une fois récoltés, tous les chênes nécessaires à la restauration de la flèche de Notre-Dame seront envoyés dans plusieurs scieries puis mis à sécher pendant une période de 12 à 18 mois. Ce n’est qu’en 2022 que les charpentiers entreront en scène.
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