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Le concile Vatican I, une fécondité étonnante derrière un échec apparent

L'ouverture du concile Vatican I par le pape Pie IX en 1869.

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Thérèse Puppinck - publié le 18/01/21
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Le concile Vatican I n’a duré que quelques mois, du 8 décembre 1869 au 20 octobre 1870, et s’est brutalement interrompu. Mais par son œuvre doctrinale, il n’a cessé d’irriguer l’Église. Aujourd’hui encore, des analyses proposées par ce concile servent à éclairer la compréhension chrétienne du monde actuel.Après avoir sondé évêques et cardinaux, le pape Pie IX décide l’organisation d’un concile, au Vatican, qui s’ouvre le 8 décembre 1869. Ce concile fait naître de nombreuses espérances chez les catholiques, durement éprouvé par les bouleversements politiques et idéologiques qui ne cessent de se multiplier depuis 1789. Contrairement aux siècles précédents, les difficultés rencontrées par l’Église au XIXe siècle ne viennent pas de l’émergence d’une nouvelle hérésie mais d’une remise en cause générale du principe même de la Révélation. Le programme du nouveau concile a pour ambition de couvrir un vaste champ d’action, dans les domaines aussi bien internes qu’externes, avec des sujets théologiques, disciplinaires, mais aussi politiques et sociétaux.

Les aléas de la politique européenne mettent un terme prématuré au concile. Les États pontificaux, menacés par le projet d’unification italienne, sont protégés en 1869 par une brigade française, ce qui leur assure une relative sécurité. Cependant, durant l’été 1870, Napoléon III rappelle ses troupes, dans l’espoir sans doute d’obtenir l’appui de l’Italie dans la guerre qu’il vient de déclarer à l’Allemagne. Le gouvernement italien en profite immédiatement et envahit Rome le 20 septembre. Pie IX estime alors que la sécurité et la liberté du concile ne peuvent plus être assurées. Le 20 octobre 1870, il décide de la prorogation du concile sine die. L’arrêt brutal de Vatican I est alors perçu par beaucoup comme un échec de l’Église face au monde contemporain en pleine mutation. Il n’en est rien et, avec le temps, on perçoit mieux l’importance de l’œuvre accomplie pendant ces quelques mois de réflexions et de discussions.

Une unification du droit canon

Une des innovations les plus notables de Vatican I, par rapport aux conciles antérieurs, a été d’instituer à Rome six commissions qui ont travaillé en amont du concile pendant plus de deux ans. Ainsi, en décembre 1869, d’importantes réflexions ont déjà été menées, des projets de constitution sont déjà prêts et les pères conciliaires n’ont plus qu’à les discuter et les amender avant de les voter. Et si seules deux constitutions sont votées par l’assemblée plénière du concile (Pastor aeternus et Dei filius), la plupart des 51 projets de décrets élaborés ont été utilisés dans les enseignements postérieurs au concile par les successeurs de Pie IX.



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Au début du concile, plusieurs évêques demandent l’unification des trop nombreux recueils de droit canon qui se sont développés de façon quelque peu anarchique. Les commissions pour la discipline ecclésiastique et pour la vie religieuse travaillent en ce sens. Et lorsque saint Pie X décide, en 1904, de rassembler l’ensemble des lois et décrets gouvernants l’Église pour élaborer un code universel de droit canonique, la commission chargée de ce travail reprend les schémas rédigés en 1869 par Vatican I. Le Code de droit canon de saint Pie X est promulgué en 1917. Un autre projet de décret de Vatican I concerne l’élaboration d’un catéchisme universel, afin d’unifier les multiples catéchismes publiés par chaque diocèse. Il a fallu, pour cette requête, attendre le catéchisme de l’Église catholique publié sous saint Jean Paul II en 1992.


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Un autre exemple de fécondité des textes préconciliaires porte sur la doctrine chrétienne du mariage : la commission doctrinale de Vatican I a rédigé un schéma sur le mariage, institution particulièrement attaquée à cette époque par la mise en place des unions civiles et du divorce. Léon XIII, utilise ce texte pour rédiger Arcanum divinae, première encyclique spécifiquement consacrée au mariage, publiée en 1880. Cette encyclique est le point de départ de l’enseignement moderne de l’Église sur le mariage chrétien.

La commission pour les missions a rédigé en 1869 un projet de constitution qui n’avait pu, lui non plus, être voté par les pères conciliaires. Le texte évoque les méthodes d’apostolat et prescrit la formation d’un clergé local. Ce schéma d’étude est repris par Benoît XV en 1919 dans sa grande encyclique missionnaire Maximum illud. Les textes préparés par Vatican I orientent et éclairent le renouveau théologique des missions. Sous Benoît XV, tout comme sous Pie IX, on insiste sur le recrutement et la formation d’un clergé local, naturellement plus à même “d’introduire la foi chez ses compatriotes” qu’un clergé étranger.



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Une autre commission de Vatican I élabore des projets concernant les questions sociales. Ils attirent l’attention sur la misère des pauvres, la condition des ouvriers, et dénoncent le désir de certains d’accumuler les richesses au mépris de toute justice et de toute honnêteté. Ils soulignent aussi les dangers du socialisme qui rejette les lois “de la charité et de la justice”. Ces réflexions constituent le point de départ de la fameuse encyclique Rerum novarum de Léon XIII qui expose la première doctrine sociale de l’Église en 1891.

Ainsi, la plus grande partie du travail préparatoire fourni en amont du concile Vatican I est réutilisé dans les encycliques des successeurs de Pie IX. Ces textes du magistère de l’Église catholique sont aujourd’hui encore considérés comme fondamentaux pour qui souhaite appréhender sereinement et saintement le monde contemporain, fortifier sa foi et comprendre les dérives actuelles.

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