Le 21 septembre 1850, Léon Clergue, qui prendra cinq ans plus tard le nom de père Marie-Antoine par dévotion envers le saint de Padoue, est ordonné prêtre. Celui que l’on nomme l’Apôtre du Midi, pionnier des pèlerinages de Lourdes, déclaré vénérable le 23 janvier 2020, dressait un portrait enthousiaste de son saint-patron.
Déclaré saint un an à peine après sa mort, le 13 juin 1231, Antoine de Padoue a suscité l’enthousiasme de ses contemporains. A ses funérailles, « tout le monde se précipite, tous veulent le contempler. (…) Chaque pas que fait le cortège est marqué par un nouveau miracle », relate le père Marie-Antoine. Des miracles, il y en aura pléthore tout au long de la vie du saint. « Le plus grand des miracles pour lui aurait été de cesser de faire des miracles ». C’est peu dire ! Supplié d’intercéder afin que des religieux siciliens trouvent de l’eau, le saint se met en prière. « À peine a-t-on creusé la terre à l’endroit qu’il indique, il en jaillit une eau limpide et abondante ». Non seulement l’eau coule, mais elle guérit. « Tous viennent y puiser et une multitude de malades y ont retrouvé la santé ».
Lors d’une prédication en Italie, le saint de Padoue entend les gémissements d’une femme pleurant son fils. « Antoine, ému, arrête sa prédication. Il s’approche du cercueil, se recueille et de sa voix puissante dit au mort : Au nom de Jésus-Christ, lève-toi ». Le jeune homme est vivant. Plus atypique, ce miracle opéré à Rimini. Saint Antoine, trouvant le peuple peu prompt à accueillir ses paroles, va sur le rivage et crie aux poissons : “Puisque les hommes ne veulent pas entendre la parole de Dieu, c’est à vous que je vais l’annoncer”. Les poissons « battent de la queue et témoignent leur bonheur par mille signes de joie ». Le peuple, interloqué par cet homme à qui les animaux obéissent, est exhorté par Antoine à se convertir. Aussitôt dit, aussitôt fait ! La liste des miracles est longue. D’objets trouvés, il en est peu question du vivant du saint. Il s’agit plutôt de la foi, de la santé, de la dignité, de la joie ou de la vie retrouvées.
La rencontre de saint Antoine avec saint François d’Assise
Le saint de Padoue cherche par tous les moyens à se faire discret. Le père Marie-Antoine en relate un épisode emblématique. Convoqué en Chapitre général de son ordre franciscain, saint Antoine se rend à pied à Messine, tout à la joie de rencontrer enfin François d’Assise. « Aussi quand, après le Chapitre, vient la distribution des charges, des dignités et des emplois, est-il relégué au dernier rang : aucun regard ne se tourne vers lui. (…) Et lui de se délecter dans cet abandon et cette humilité profonde ».
Saint Antoine recherche la solitude, l’austérité. Reclus dans une grotte – le sépulcre de Monte-Paolo – il n’en sort que pour célébrer la messe. Mais « celui qui s’est caché, Dieu va tout à coup le faire briller comme un soleil et celui qui s’est tu va parler comme un oracle ». Lors d’une ordination solennelle, est confié à Antoine le soin de prononcer un discours. « L’obéissance triomphant de son humilité, il se lève, il parle ! Tout à coup, sa figure s’illumine comme celle d’un séraphin et sa parole est celle d’un prophète. Jamais la terre n’avait entendu de semblables accents. Ses auditeurs ravis sont suspendus à ses lèvres ».
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Il est alors missionné par François d’Assise pour enseigner la théologie aux frères ”en ayant soin de développer en eux, comme en vous, l’esprit de prière et d’oraison”. A vingt-sept ans, Antoine est un prédicateur de feu. Ses contemporains ne s’y trompent pas : « Ce n’était pas devant le peuple qu’il parlait, mais il parlait au peuple. Dès qu’il ouvrait la bouche, ses auditeurs n’étaient plus sur la terre, ils étaient comme ravis dans les cieux ». Sa parole est sûre, elle ne manque pas de porter de nombreux fruits. « Les plus grands pécheurs se convertissaient, les hérétiques abjuraient leurs erreurs. Les réconciliations, les restitutions se faisaient avec joie ».
Plein d’enthousiasme, le père Marie-Antoine ne cesse de chanter les louanges de son saint patron : « Il a eu beau, par humilité vouloir cacher ses vertus et son génie, plus il s’abaissait, plus Dieu s’est plu à l’exalter. Sa vie est un vrai prodige et sa parole, toute de lumière et de flamme, a soulevé le monde ».
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