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Pourquoi le chrétien qui prie est précieux pour la société ?

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Jean-Michel Castaing - publié le 07/08/20
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La foi en la paternité de Dieu suscite dans la prière du croyant une audace capable de remédier à bien des maux de notre société. Croire en Dieu implique de Le prier. Par la vertu de foi, l’homme connaît à la fois la toute-puissance de Dieu et sa paternité essentielle. Le croyant confesse que l’Être absolu est également le Père tout-puissant, ainsi que nous le disons dans le Credo. Cependant, le chrétien ne récite pas cet article de foi pour la simple satisfaction intellectuelle de se confirmer à la vérité. En effet, la paternité toute-puissante de Dieu ne représente pas une réalité indifférente à contempler à distance. Elle possède au contraire des implications pratiques pour celui qui la reconnaît comme la vérité la plus importante qu’il soit donné à un homme d’acquérir. Croire en Dieu induit toute une chaîne d’actes du côté du croyant. Et l’une des actions les plus importantes que le chrétien est appelé à poser, en fonction de ce qu’il sait — car la foi est un don de Dieu qui est aussi une connaissance — est la prière d’intercession.

Les deux raisons principales de prier Dieu

Intercéder auprès de Dieu pour les autres, Le prier en faveur de nos frères et sœurs, découle tout naturellement de la profession de foi en la paternité de Dieu. Déclarer que Dieu est Père, c’est à la fois reconnaître son pouvoir d’exaucer les prières, mais aussi Son amour pour les hommes du fait qu’Il est leur Père. D’ailleurs, le second explique le premier. Aussi, en intercédant auprès de Lui pour les hommes, nous convenons implicitement que sa toute-puissance est l’auxiliaire de sa volonté de servir et de secourir Ses créatures humaines qui sont Ses enfants. Notre prière possède de la sorte deux motifs essentiels de s’adresser à Dieu : Sa capacité à exaucer nos demandes, mais surtout l’Amour qu’Il nous porte en tant qu’Il est un Père aimant et attentionné.

Aussi serions-nous sans excuse de ne pas en profiter ! Si le Dieu des chrétiens était un dieu parmi d’autres, nous ne serions pas assurés de son pouvoir et ni de son règne dans les cieux. Le prier deviendrait dès lors problématique et hasardeux. D’un autre côté, si le Dieu de Jésus était bien le seul, comme le monothéisme le proclame, mais qu’Il n’était pas Père, plutôt une divinité au comportement et aux sentiments arbitraires, erratiques et ambigües, alors nous ne serions plus certains d’être écoutés favorablement. La crainte prédominerait dans nos rapports avec Lui. Et la crainte favorise le repli sur soi, la prière superstitieuse de flatterie, la demande centrée sur nos seuls intérêts personnels. Généralement, un esprit craintif n’est pas porté à étendre ses requêtes de façon désintéressée en direction des autres.

Un Dieu aimant élargit nos prières en direction des autres

En revanche, un Dieu qui est un Père aimant nous met en confiance. Nous finissons par faire nôtres les sentiments et la bonté que nous devinons en Lui. Le croyant intériorise la générosité que sa foi reconnaît comme étant un des attributs essentiels du Créateur. C’est d’ailleurs une loi spirituelle universelle : on finit toujours par ressembler à la divinité que l’on adore. Les Aztèques immolaient chaque année des dizaines de milliers d’êtres humains à une divinité qu’ils se représentaient comme une entité assoiffée de sang. Pareillement, les cultes de la Race et de la Classe des totalitarismes nazi et communiste tentèrent de créer chacun un “Homme nouveau” sans pitié pour les déviants et ceux qui ne pensaient pas comme eux. Le solde de telles idolâtries s’éleva à plus de cent millions de morts, et à des destructions spirituelles incommensurables.


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Dans la même logique, mais positivement cette fois, croire en un Dieu qui est Père et Amour pousse le croyant à élargir l’objet de sa prière en direction des besoins de ses frères, et ainsi à intercéder en leur faveur. Non seulement le croyant sait que Dieu écoutera favorablement sa prière, mais de plus l’Esprit saint, reçu au baptême, répand dans son esprit le même amour qui circule entre les trois Personnes divines de la Trinité. Le chrétien devient un autre Christ. À l’image de son frère aîné, fils comme lui du même Père, il intercède pour les autres auprès de son Dieu, comme le fit Jésus au Calvaire : “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.” La foi trinitaire appelle comme sa conséquence logique l’intercession pour les hommes, la prière en faveur de tous les hommes dont Dieu est le Père.

Audace de la foi

La foi n’est pas uniquement révérence et reconnaissance de notre néant et de notre dépendance (envers le Créateur). Elle sait aussi se faire audacieuse et insistante. Sainte Catherine de Sienne n’hésita pas à dire à Dieu : “Je veux” en faveur du condamné à mort dont elle recueillit la tête dans ses mains – sous-entendu : “Je veux qu’il soit sauvé !”. C’est une des plus grandes gloires de Dieu que d’avoir créé des êtres à la fois libres, courageux et que l’amour et le sens de la justice poussent à braver la peur, le respect humain et les convenances. Dieu se réjouit du sans-gêne de Ses enfants quand les circonstances l’exigent. La “petite voie” de Thérèse de Lisieux est un mélange d’abandon et de familiarité à l’égard du Très-Haut. Pareillement, le père de l’ordre du Carmel, le prophète Élie, n’hésita pas à interpeller Dieu, en faveur de l’enfant de la veuve qui l’hébergeait, avec ces mots (1 R, 17, 20-21) :

Mon Dieu, vas-tu faire du mal à cette veuve qui m’héberge, en faisant mourir son fils ? […] Mon Dieu, je t’en prie, que l’âme de cet enfant revienne au-dedans de lui !

Le prophète n’est pas loin de reprocher à Dieu sa conduite ! En fait, Dieu désire que nous devenions comme Élie, munis de la même audace et de la même sollicitude envers nos frères. Le monde prendra conscience de la sorte que la foi, loin de représenter un antalgique capable de faire se tenir tranquilles les hommes en proie aux détresses et aux difficultés de la vie, constitue plutôt une force de bouleversement des ordres iniques fondés sur et par le péché. Dieu ne Se résigne à la médiocrité de Ses créatures. Il se tient prêt au contraire à seconder notre volonté de rendre le monde meilleur, moins bête et moins méchant… à condition que nous Lui demandions d’intervenir ! Oui, un homme qui prie est bien plus utile à la société que n’importe quel révolutionnaire autoproclamé !



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