Mort en odeur de sainteté le 8 février 1907, le père Marie-Antoine, dont le procès en béatification a été rouvert en 2008, est pour beaucoup un inconnu. À l’occasion de l’anniversaire de sa naissance, le 23 décembre 1825, Aleteia vous propose de (re)découvrir la vie de ce missionnaire hors pair.
Ils étaient plus de 50.000 à participer au cortège funèbre de celui qu’ils considéraient déjà comme un saint. Le père Marie-Antoine est un « géant à longue barbe, bure usée tenue à la taille par une corde, un regard qu’on n’oublie pas, le sourire joyeux, maniant le patois comme le latin », le décrit l’Association pour la Mémoire du Père Marie-Antoine (AMPMA). Ce moine, d’abord ordonné prêtre pour le diocèse de Toulouse, entend l’appel à devenir capucin, appel qu’il attribue à la Vierge Marie alors qu’il médite la neuvième station du chemin de croix.
Un amoureux de la Vierge
« Je veux qu’il vienne ici du monde », lui demande Marie. Soucieux de satisfaire sa Bonne Mère, il est à l’origine des premiers pèlerinages, des processions des malades et des retraites aux flambeaux à Lourdes. Aujourd’hui encore, cette liturgie n’a pas changé. Il faut dire qu’à Lourdes, le père Marie-Antoine est le grand apôtre de l’Immaculée et il parle d’elle partout ; la grotte est son repère. Se nommant lui-même le « brancardier des âmes », il passe des nuits à confesser, se donnant tout entier aux âmes, tout entier à Marie.
Le capucin a vécu entre 1825 et 1907, en pleine période de persécutions anticléricales. Défendant bec et ongles le couvent qu’il a fondé à Toulouse en 1861, il n’a peur de rien : « On aura beau me mettre en prison, je n’y n’entrerai pas seul : la liberté y entrera avec moi. On aura beau m’exiler, je n’irai pas seul en exil, la liberté y viendra avec moi », affirme t-il. Combatif, il se fait la voix, dans la presse, des religieux forcés de quitter leur couvent et condamnés à l’exil : « Ceux qui veulent un monde sans Dieu, ceux qui nient Dieu, et qui croient que ce grand mouvement de l’humanité en marche est pour eux, se trompent ».
Un missionnaire hors pair
Homme passionné, il est tout entier à la mission. Surnommé « l’Apôtre du Midi », il parcourt les routes du sud de la France en quête d’âmes à ramener à Dieu. Des croix de mission, « témoin du règne de Dieu », comme il les appelait, en sont le signe, notamment celle toute récemment restaurée au pied de la basilique saint Sernin. « Là où il passait, la grâce triomphait. On l’appelait le conquérant des âmes. Il n’attendait pas que les pêcheurs viennent à lui, lui-même courait après les pêcheurs », précise l’AMPMA.
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Doté de nombreux charismes, il est aussi un prédicateur de feu, remarqué par ses pairs : « Voilà comment nous devrions prêcher ! » s’exclame en l’entendant le dominicain Jacques Monsabré, célèbre prédicateur des conférences de Carêmes à Notre-Dame de Paris. « Par des phrases vivantes et imagées, il excelle à exprimer les sentiments du cœur. Une écriture sensible, ardente, éprise de beauté (…) Cependant concret, les leçons pratiques, les exercices ne sont jamais oubliés », complète l’AMPMA. Par ses sermons puissants, il convertit et suscite de nombreuses vocations et conversions. À un ami qui l’interroge « Vous capucin ? Saura-t-il même prêcher ? », le père Marie-Antoine répond « Je dirai au Bon Dieu : Voici votre fusil, si vous voulez que le coup parte, chargez-le ! »
L’ami des pauvres
Distingué par une grande piété, il l’est aussi par sa charité sans limite. « Père Antoine », en digne fils de saint François, combat pour les pauvres. Il écrit pour demander un emploi pour l’un, un logement pour un autre… Tous les mardis, il ouvre sa porte aux affamés. C’est le pain des pauvres, dit le « pain de saint Antoine ». Malgré tant d’efforts, il ne peut répondre à toutes les sollicitations ; c’est « le grand martyr de ma vie », regrette-t-il.
Pourtant, malgré des obsèques triomphales et un procès en béatification introduit dès 1928 par le cardinal Saliège, alors archevêque de Toulouse, celui qui est déjà proclamé « serviteur de Dieu » tombe dans l’oubli jusqu’en 2008, année de la réouverture de son procès. Toujours actuel, le message du père Marie-Antoine, ne cesse d’exhorter : « Faire connaître, aimer, imiter Jésus-Christ, faire rentrer Jésus Christ dans les esprits, dans les cœurs, dans les mœurs, dans les lois, c’est relever la société qui s’effondre, c’est sauver le monde ».