Alors que l’Église s’apprête à fêter la Toussaint, la partie inférieure du retable de San Domenico à Fiesole nous laisse entrevoir la béatitude céleste et nous donne à contempler le Christ vainqueur, vers lequel se tourne une multitude de saints et d’anges.Réalisé en 1423 par Fra Angelico, le retable de San Domenico illustre parfaitement la prière à tous les saints laissée par saint Augustin :
« Reine de tous les saints, glorieux Apôtres et Évangélistes, Martyrs invincibles, généreux Confesseurs, savants Docteurs, illustres Anachorètes, dévoués Moines et Prêtres, Vierges pures et pieuses femmes, je me réjouis de la gloire ineffable à laquelle vous êtes élevés dans le Royaume de Jésus-Christ, notre divin Maître. »
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Le peintre évoque en effet la cité du Ciel en un long ruban de cinq panneaux juxtaposés où se pressent, en rangs serrés, 300 personnages.
Au centre, en majesté, le Christ Ressuscité est le seul à porter un vêtement blanc et une auréole crucifère1. Des anges musiciens chantent sa gloire et l’accompagnent de leurs instruments.
Sur les panneaux latéraux figurent les saints et les saintes de l’ordre dominicain pour lequel a été réalisé le retable, destiné à l’église de leur couvent de Fiesole, en Toscane. Ordre auquel appartenait Fra Angelico.
Encadrant les anges, le peintre mêle aux saints les précurseurs du Christ. Tranchant avec le noir et le blanc du vêtement dominicain, les saints et les saintes portent des tenues aux couleurs lumineuses. Certains sont aisément identifiables. On reconnaîtra en particulier saint Pierre, à proximité immédiate de Marie, sur le panneau de gauche. À droite, saint Jean-Baptiste est reconnaissable à sa croix de roseau et son vêtement de peau de bête, en haut du panneau de droite.
L’or du fond est l’unique décor. Il est utilisé pour représenter la lumière divine, dont les rayons semblent émaner du Christ, éclairant le monde sans nul besoin ni du soleil, ni de la lune, ni des étoiles. Matériau inaltérable, il est un hommage à la création et illustre l’état de sainteté de ceux qui sont nimbés de son brillant durable.
Laissons saint Augustin poursuivre cette belle litanie :
« Puissante armée des saints, troupe bienheureuse des apôtres et évangélistes, des martyrs, des confesseurs, des docteurs, des anachorètes et des moines, des prêtres, des saintes femmes et des vierges pures, priez sans cesse pour nous misérables pécheurs. »
La prédelle2 a été détachée de la scène principale du retable représentant une Vierge à l’enfant entourée de saints.
Les cinq panneaux peints à la tempera sur bois vers 1422 sont désormais conservés à la National Gallery de Londres.
[1] En forme de croix
[2] La prédelle est une étroite bande peinte courant sur toute la longueur d’un panneau principal ou d’un polyptique. Elle vient en compléter le thème ou en aborder de différents, en une ou plusieurs scènes.