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Charles d’Autriche montre qu’il est possible pour toute personne de s’unir à Dieu en vérité

Le bienheureux Charles d'Autriche

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Marzena Devoud - publié le 19/10/19
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Alors que nous fêtons le 21 octobre le bienheureux Charles d’Autriche, son arrière-petit-fils, le père Johannes de Habsbourg-Lorraine, membre de la fraternité Eucharistein, se confie à Aleteia sur l’influence spirituelle de son ancêtre sur sa propre vocation religieuse.

C’est au cœur de la fraternité Eucharistein, une communauté présente en France et en Suisse dont le premier charisme est l’adoration eucharistique, que le père Johannes de Habsbourg-Lorraine, arrière-petit-fils du dernier couple empereur d’Autriche, a été ordonné prêtre le 16 juin 2018. S’il a dit oui à l’appel de Dieu et à sa vocation religieuse, c’est grâce à son arrière-grand-père, le bienheureux Charles d’Autriche béatifié par Jean Paul II en 2004. Un saint qui à travers toute sa vie a montré qu’il était “possible pour toute personne de n’avoir aucun obstacle, intérieur ou extérieur, pour s’unir à Dieu en vérité”. Rencontre avec le père Johannes.

Aleteia : Dans votre propre vie, quelle a été l’influence spirituelle de votre arrière-grand-père, le bienheureux Charles d’Autriche ?
Père Johannes de Habsbourg-Lorraine : À l’âge de 16 ans, je suis tombé sur une biographie de Zita, son épouse, qui reprenait évidemment le parcours de Charles. Je m’attendais vaguement à l’ambiance « Sissi » : train de vie princier, drames et sentiments. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir des souverains bien plus attachés à leur peuple, aux miséreux et à la paix, qu’à leur bien-être ou à l’extension de leur puissance. Ils cherchaient Dieu ! Quitte à en mourir : mourir par voie de calomnies, mourir par voie de diffamation, mourir par voie de trahison, mourir par voie de spoliation et finalement mourir de fait par voie de misère en ce qui concerne Charles… Ils cherchaient vraiment Dieu. Dans mon cœur d’adolescent s’est produit quelque chose d’assez spécial. Mon égoïsme a été accusé. J’ai pris conscience que je devais dépasser une vie centrée sur moi, pour entrer dans une mission, qui exigerait peut-être de moi… même la mort.

«”N’importe quel homme, si jeune et déjà si usé par un destin déchirant, aurait succombé à une certaine forme de dépression. Rien de tout cela en Charles, ni amertume, ni haine, ni dépression.”»

Pour ses proches, qu’est-ce qui était le plus inspirant chez lui ?
La vraie noblesse du cœur, celle qui dépasse les intérêts propres. Ou alors dit autrement l’objectivité de la foi, qui dépasse tout sentiment personnel. En effet, il aurait été normal, face à tous ces revers de fortune, que Charles ait trouvé un exutoire dans un certain laisser-aller. L’amertume aurait dû le gagner, la haine de ses ennemis s’installer en lui. N’importe quel homme, si jeune et déjà si usé par un destin déchirant, aurait succombé à une certaine forme de dépression. Rien de tout cela en Charles, ni amertume, ni haine, ni dépression. De la souffrance, certes. Mais pas de cette souffrance qui dévore un homme, car elle est dépassée par quelque chose de plus profond. Personne, pas même la constitution la plus forte, n’aurait pu rester debout moralement, sans être soutenu par une vie réelle avec Dieu. C’est quelque chose qui se voit très particulièrement dans la période d’exil à Madère et spécialement au moment de sa mort.

LE BIENHEUREUX CHARLES D'AUTRICHE

@Public domain
L'Empereur Charles et l'Impératrice Zita d'Autriche-Hongrie au cours de la deuxième tentative de restauration en Hongrie en 1921, en prière après avoir communié au cours de leur messe quotidienne.

Est-ce que sa spiritualité a influencé votre réponse quand vous avez entendu l’appel à la vocation religieuse ?
Justement, sa mort à Madère a été pour moi très éloquente : il est mort devant le Saint-Sacrement exposé, en pardonnant à ses ennemis et en invoquant le nom de Jésus. Voilà une spiritualité qui m’a parlé : Jésus est-il tout pour moi ? Vraiment tout ? Sans cela pas de vie religieuse réelle.

«”Il avait, depuis un temps certain déjà, une impression de ce que Dieu voulait de lui : qu’il sacrifie sa vie pour le salut de ses peuples.”»

Quel est le cœur de son cheminement vers la sainteté ?
Je cite ici un passage d’un petit livre en allemand, au sujet du temps passé à Madère. Il montre le fait d’être configuré à l’offrande de Jésus sur la croix : « Dans tous ces jours, l’empereur semblait chercher intérieurement la clarté au sujet d’une question importante et semblait tendre vers une prise de décision cruciale. Il disait qu’il avait, depuis un temps certain déjà, une impression de ce que Dieu voulait de lui : qu’il sacrifie sa vie pour le salut de ses peuples. Bouleversée, l’impératrice ne put rien répondre. L’empereur se taisait et semblait attendre. Puis, alors que ses yeux se tournaient à nouveau vers l’église mariale dans la montagne, il conclut avec fermeté : “Et je le ferai !”. L’impératrice supplia en son for intérieur Dieu de le détourner de cette pensée. Mais il commença, à partir de ce jour, à lui donner des conseils comment s’y prendre pour le moment où il ne serait plus à ses côtés ».



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« Je m’engage toujours, en toutes choses, à connaître le plus clairement possible la volonté de Dieu et à la respecter, et cela de la manière la plus parfaite ». Que signifie pour vous cette phrase qu’il citait souvent et qu’il a encore dite sur son lit de mort ?
Ce que Charles exprime là, c’est la qualité des grands saints : quand Dieu est tout ! Il contredit non seulement l’hérésie courante selon laquelle la volonté de Dieu n’est pas vraiment connaissable, mais il montre qu’il est possible pour toute personne de n’avoir plus aucun obstacle, intérieur ou extérieur, pour s’unir à Dieu en vérité.

Quelle était sa prière préférée ?
Le psaume 89. C’est un psaume qui exprime un peu la situation de l’homme devant le Dieu sans mesure. L’homme comprend dans ce face-à-face « la vraie mesure de ses jours »… Je vous invite à le relire !

Comment s’inspirer aujourd’hui de son modèle ?
Voilà des questions simples qu’on peut se poser, comme Charles a également dû se les poser à certaines époques de sa vie : Suis-je dédié à une grande œuvre, à une œuvre plus grande que le simple enclos qu’est ma vie ? Suis-je dédié à l’œuvre que Dieu veut pour moi ? Suis-je artisan de paix, quitte même à ce que ma réputation en souffre ? Suis-je dédié plus à ma famille qu’à mes ambitions personnelles ? Serais-je d’accord de tout quitter s’il s’agit de l’amour du Seigneur ? Est-ce que je tâche chaque jour de connaître et de mettre en œuvre la volonté de Dieu, avec une grande simplicité ? Liste non exhaustive !

En images : le bienheureux Charles d’Autriche et son épouse
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