Peur de les ennuyer, de les fatiguer, ou ne pas savoir quoi leur montrer... Les parents sont parfois (souvent ?) bien démunis quand il s'agit de faire découvrir et aimer le patrimoine à leurs enfants. Sophie Roubertie, auteur de Apprendre à voir - La vie dans l’art, un livre destiné à faire découvrir des chefs-d’œuvre artistiques aux enfants, propose quelques pistes aux parents dépassés. Maîtres mots : plaisir et découverte. Selon elle, inutile de se mettre la pression ! L'éducation artistique est un travail quotidien qui doit se faire au fil des occasions. Voici donc cinq conseils pour transformer une visite culturelle en un joli moment en famille.
1REGARDEZ PRÈS DE CHEZ VOUS
Oubliez le palais de l’Élysée, la Sainte-Chapelle ou encore l’Assemblée nationale. "Il n’y a pas besoin d’aller très loin pour faire découvrir le patrimoine à ses enfants. En France, il y a des églises partout !", confie à Aleteia Sophie Roubertie. Grande cathédrale ou petite chapelle perdue dans la campagne, il suffit parfois de marcher quelques mètres pour découvrir des pépites artistiques. Vous éviterez ainsi de fatiguer vos enfants en faisant d'interminables queues et vous ne serez pas bousculés par la foule. Le plan idéal pour passer une jolie journée en famille.
2NE VOUS METTEZ PAS LA PRESSION
"Il ne faut pas que les parents aient peur de faire la visite à leurs enfants !", assure Sophie Roubertie. "En réalité, pour faire aimer le patrimoine aux enfants, il faut leur faire découvrir au quotidien, quand l’occasion se présente". Si les Journées du patrimoine sont parfois une bonne piqûre de rappel pour certains parents, l’éducation artistique se fait en réalité toute l’année.
Les vacances ou les petits week-ends à la campagne sont souvent l’occasion de visiter le château du coin ou la petite église du village. On entre, on regarde, on s’émerveille et on s’amuse à reconnaître des figures familières. "Les parents n’ont pas besoin d’être des historiens de l’art", précise Sophie Roubertie. "L’important, c’est d'attiser la curiosité des enfants", précise-t-elle. Pas grave, donc, si l’on n’est pas capable de dater précisément une statue ou un tableau. Montrer le visage de la Vierge Marie ou de Jésus sur une toile ou savoir différencier le style gothique du style roman est déjà bien suffisant !
Ciblez une œuvre précise
Oubliez le marathon ! Vouloir rentabiliser son week-end visitant le plus d’édifices possible est la pire des choses à faire. Vous risquez tout simplement de dégoûter vos enfants et de perdre définitivement leur attention. "Le mieux est de choisir un lieu précis ou une œuvre à analyser", conseille Sophie Roubertie. On se concentre alors sur l’objet choisi et on en découvre petit à petit les détails : les couleurs, les formes, les styles, les personnages... En ciblant les vitraux, évoquez l’histoire biblique comme une grande bande-dessinée et rappelez-leur ce qu’ils ont appris au catéchisme. C’est, en effet, le moment idéal pour rafraîchir ses connaissances. "Si vous arrivez à garder vos enfants quinze minutes devant un tableau, vous avez déjà gagné", assure encore l'auteur. Finissez la journée en ramenant un petit souvenir, une jolie carte postale ou en mangeant une bonne glace en famille. L’important est de créer de jolis souvenirs.
Adaptez-vous à l’âge de vos enfants
On ne propose évidemment pas le même genre de visite à son enfant de 5 ans ou à son ado de 15 ans. Il est donc nécessaire de s’adapter aux capacités de chacun. "Pour les petits, je préconise l’observation", indique Sophie Roubertie. Amusez-vous donc à regarder les couleurs, les gestes des personnages ou à raconter l’histoire du tableau.
Une jolie dame tenant un bébé dans les bras ? L’occasion de rappeler qu’il s’agit de la Vierge Marie tenant l’Enfant-Jésus. Pourquoi un clocher au milieu du village ? L’occasion d'expliquer la fonction d'une église. Pour les plus grands, décrypter les symboles peut être un bon moyen de s’amuser tout en apprenant. Demandez à vos enfants s’ils reconnaissent l’attribut de tel saint ou l’épisode biblique représenté dans tel tableau. Si vous visitez un édifice, demandez-leur s’il s’agit d’une église gothique, romane ou même classique. Adaptez-vous !
Enfin, soyez enthousiaste !
"Il faut que les parents soient enthousiastes pour enthousiasmer leurs enfants !", assure Sophie Roubertie. Alors fini le long récit historique de la construction de l’église du Moyen Âge jusqu’à nos jours. Faites-les rêver en leur montrant la prouesse de telle construction, la beauté de tel vitrail ou la hauteur spectaculaire de tel clocher. Rappelez-leur pourquoi ces églises ont été construites et la foi qui a transporté les grands bâtisseurs. Car plus que des vieilles pierres, ces édifices sont des pierres vivantes, animées quotidiennement par les croyants qui en franchissent le seuil.