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Pourquoi dit-on « c’est l’hôpital qui se moque de la charité » ?

hotel dieu des carmélites

Hôtel-Dieu des Carmélites à Saint-Denis.

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Axelle Partaix - publié le 13/09/19 - mis à jour le 03/06/24
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Notre culture et notre langue française sont fortement influencées par nos racines chrétiennes. Découvrez ces expressions que nous utilisons souvent sans soupçonner qu’elles puisent leur origine dans la tradition religieuse, comme « c’est l’hôpital qui se moque de la charité ».

L’hôpital est une institution très ancienne qui remonte au VIe siècle : son histoire montre une évolution de sa mission au cours des siècles. Le mot lui-même vient du latin hospitalis qui signifie lieu de refuge, d’accueil. Et à l’origine, c’est bien de cela qu’il s’agit. Au Moyen Âge, l’hôpital est un établissement fondé par l’Église et destiné à accueillir les pauvres, les malades, les personnes âgées et les voyageurs. Il dépend d’un monastère ou d’un évêché et on y pratique avec dévouement la charité envers son prochain, la plus importante des trois vertus théologales selon saint Paul : "Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité, mais la plus grande des trois, c’est la charité  (1 Co 13, 13).

A partir du XIe siècle, l’hôpital évolue pour accompagner l’essor des villes et deux nouvelles formes d’assistance émergent : les hospices et les hôtels-Dieu. Dans le Dictionnaire du Moyen Âge, Histoire et Société, l’historien Gabriel Llobet explique qu’à l’origine, il n’est pas facile de faire une distinction entre hôpital, hospice et hôtel-Dieu. La différence entre ces maisons de charité viendrait de leur mode de gestion, les hôtels-Dieu étant fondés et contrôlés par les évêques tandis que les hospices le sont par des couvents ou des laïcs. L’admission y est gratuite et les soins prodigués sont sommaires. À défaut de guérir les corps, on soigne la misère humaine et les âmes. On s’occupe des plus faibles ou des miséreux en leur offrant un repas, un lit, un toit et surtout, on veille à leur accompagnement spirituel. Confession, communion et offices occupent une place importante dans le « traitement » des personnes. 

À cette époque, un hôpital et une charité sont donc sensiblement la même chose. C’est de là que pourrait venir notre expression, employée lorsqu’une personne critique chez une autre un défaut qu’elle a elle-même. C’est, en d’autres termes, « voir la paille dans l’œil du voisin sans voir la poutre que l’on a dans le sien » (encore une expression d’origine religieuse !).

Une même mission

Elle pourrait également avoir pour origine la concurrence qui se crée parfois par la suite entre les deux structures. Jusqu’au XIIe siècle, les médecins sont essentiellement des moines, mais progressivement, l’Église leur interdit d’exercer la médecine hors du cloître et son enseignement se laïcise en même temps que se créent écoles et universités dédiées (Salerne en Italie, Montpellier …). C’est au XVIIe siècle que s’affirme la vocation médicale de l’hôpital, qu’il soit laïque ou religieux. Dans certaines grandes villes, se développe alors une sorte de compétition entre l’hôtel-Dieu (devenu laïque) et l’hôpital de la Charité (religieux) qui ont pourtant la même mission de soigner et sauver des vies humaines. C’est notamment le cas à Lyon où cette rivalité durera jusqu’à ce que leurs administrations fusionnent et que l’hôpital n’ait plus de raison de se moquer de la Charité.

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