LE BIEN COMMUN (6/7). La recherche du bien commun dans les échanges économiques ne peut se faire sans règles du jeu.Les réponses pratiques pour la recherche du bien commun ne sont pas nécessairement toujours faciles à trouver, car il s’agit de prendre en compte le bien commun de tous et de chacun. Il faut en général rechercher le bon et raisonnable équilibre entre les différentes solutions et les intérêts divergents.
Dans l’entreprise
La recherche du bien commun, au niveau d’une entreprise par exemple, invite à être loyal, à prendre en compte le bien commun des autres entreprises et de toutes les parties prenantes, et à rechercher ce qui est équitable. Dans une entreprise, les parties prenantes incluent aussi les concurrents, avec réalisme : il ne s’agit pas, au nom du bien commun de l’ensemble des autres entreprises, de détruire l’entreprise elle-même. C’est clair. En économie de marché, on est dans un système de concurrence. Mais cela implique effectivement une compétition, une concurrence loyale. En concurrence, tous les coups ne sont pas permis, tous les moyens ne sont pas légitimes et il faut respecter les règles du jeu et les droits des autres.
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En outre, ce souci des parties prenantes peut, par exemple, aussi passer, comme le souligne la doctrine sociale de l’Église, par des éléments concrets comme le commerce équitable. Ce qui est intéressant dans le commerce équitable, c’est qu’il prend en compte toutes les parties prenantes, et notamment des communautés (par exemple dans le tiers-monde, puisque le commerce équitable a démarré avec le café ou d’autres domaines comme celui-là) : c’est-à-dire assurer un prix qui permette aux producteurs locaux non seulement d’être décemment rémunérés, mais même d’avoir un certain développement local, de contribuer à construire des équipements collectifs ou sociaux qui peuvent aider au développement. La particularité essentielle du commerce équitable est qu’il se fait sur une base volontaire (personne n’est obligé d’y recourir) et qu’il y a une contrepartie : le prix peut être plus élevé que sur un marché habituel, mais la qualité des produits est garantie.
Des règles du jeu
La recherche commune du bon équilibre est rarement un exercice aisé. Doit-on prendre en compte le bien des Chinois quand on est en France et ne pas faire de barrières douanières, par exemple ? Si l’ouverture sans précaution des frontières, alors que certains partenaires ne respectent pas les règles du jeu, truquent leurs taux de change ou subventionnent artificiellement leurs entreprises, entraîne des drames dans l’économie nationale, il est sûr que ce n’est pas conforme au bien commun. Cela nécessite donc des règles du jeu, une certaine équité dans les échanges. Mais il est vrai aussi que, par exemple, le pape Benoît XVI avait dit, dans une lettre au G20, que le protectionnisme pouvait être une forme d’égoïsme. Il y a donc effectivement un équilibre à trouver : on ne peut pas souhaiter le développement du tiers-monde (ce qui permettra de contribuer au bien commun des habitants de ces pays) et, en même temps, refuser absolument d’acheter leurs produits en leur fermant nos frontières.
L’économie au service du bien commun
La participation au commerce mondial – Jean Paul II l’avait bien montré – est ce qui a permis à un certain nombre de pays du tiers-monde de se développer et, dans ces pays-là, de faire émerger une classe moyenne. Que ce soient des grands pays, comme la Chine, ou des pays plus petits, comme la Corée du Sud, c’est le commerce mondial qui leur a permis de se développer, ce qui contribue ainsi au bien commun dans les pays émergents, mais avec toujours l’idée que cela ne peut pas se faire au détriment des habitants de nos pays (donc l’échange doit être gagnant-gagnant), ni au prix de mesures de concurrence déloyale ou faussée. D’où la nécessité de règles du jeu. L’économie de marché, soulignait Jean Paul II, ne peut se dérouler dans un vide juridique, sans institutions, sans un « cadre juridique ferme », donnant des règles du jeu respectées par tous. Ces institutions contribuent donc elles aussi au bien commun. De plus, le commerce libre et équitable entre nations (le « doux commerce » au sens de Montesquieu), peut être un facteur de paix, contribuant ainsi lui aussi au bien commun.
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