Avec l’arrivée du Christ et de ses fidèles, c’est un autre visage, celui du Nouveau Testament, qui rayonne sur la ville de Jérusalem, celui du dimanche des Rameaux et des espoirs du Messie tellement attendu. Espoirs déçus pour les juifs, accomplis pour ceux que l’on nommera chrétiens, la Jérusalem du Nouveau Testament fut donc encore une ville d’unité et de divisions. Le développement du christianisme dévoile une autre facette de la ville qui se dessine progressivement. Le Temple, mais aussi le Golgotha, lieu de la Passion du Christ, sans oublier le Saint-Sépulcre et bien d’autres endroits qui ponctuent encore de nos jours tout pèlerinage dans la Cité Sainte.À la lecture des Évangiles, Jésus a véritablement nourri une histoire d’amour à l’égard de la ville de Jérusalem, un amour réciproque bien vite contrarié par les temps de la Passion. D’où vient cette attraction du Christ pour cette ville, alors même qu’il était né à Bethléem et avait grandi à Nazareth à quelque 150 km de là ? Les Évangiles de l’enfance de Jésus apportent déjà quelques éléments de réponse, notamment la fameuse rencontre du jeune Jésus avec les docteurs de la Loi qu’il impressionne par sa maturité et la sûreté de son jugement. Alors que ses parents affolés ne retrouvaient plus l’enfant, c’est au milieu de ces docteurs que Joseph et Marie surprennent, en effet, Jésus en train de leur enseigner. Et, lui reprochant de les avoir quittés, Jésus leur répond étonné : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? ». Ainsi, c’est bien au sein du Temple de Jérusalem même que son père divin réside, une affirmation qui le rattache sans rupture à toute la tradition de l’Ancien Testament et du Temple de la Ville Sainte. Comment dès lors ne pas comprendre cet amour infini de Jésus pour Jérusalem ?
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Un amour contrarié
Mais la venue de Jésus à Jérusalem, dans cette ville tellement chérie, et que le Nouveau Testament a évoquée à de multiples reprises, est paradoxalement celle qui le conduira à sa Passion, sa mort et sa résurrection. L’évangile de Luc livre un précieux témoignage sur l’arrivée de Jésus dans la ville lors de ses derniers jours. Rappelons que dès que Jésus aperçut Jérusalem, il se mit à pleurer et prononça ces mots prophétiques : « Ah ! si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix ! Mais maintenant cela est resté caché à tes yeux. Oui, viendront pour toi des jours où tes ennemis construiront des ouvrages de siège contre toi, t’encercleront et te presseront de tous côtés ; ils t’anéantiront, toi et tes enfants qui sont chez toi, et ils ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le moment où Dieu te visitait. » L’annonce métaphorique de sa propre mort, mais aussi de la destruction bien matérielle de la ville, sont ainsi soulignées de manière tragique par le Christ lui-même, troublé par ce qui doit survenir… Cité Sainte dans le Nouveau Testament, Jésus n’ignore pas pour autant que Jérusalem le conduira de l’amour à la Passion et à son Père.
Des lieux livrés en témoignage à l’Histoire
C’est, en effet, à Jérusalem que Jésus passe les derniers jours de sa vie terrestre après avoir été acclamé comme le messie lors de son arrivée triomphale ; allant du Temple où il enseignait jusqu’au mont des Oliviers dans le jardin de Gethsémani ; jardin où il sera arrêté la veille de sa crucifixion après s’être reposé avec ses disciples, un lieu saint qui abrite encore aujourd’hui des oliviers provenant de boutures ayant connu le Christ… Jésus nous a laissé un certain nombre de traces des derniers jours de sa vie publique dans Jérusalem même, telle cette piscine de Siloé dont les archéologues ont dégagé les marches et où Jésus rendit la vue à un aveugle. Jérusalem, c’est également des instants déterminants pour ses disciples avec le Cénacle où eut lieu le dernier repas lors de la sainte Cène, que Marc décrit comme une vaste pièce à l’étage d’une maison privée et qui est encore de nos jours visitée par une foule de pèlerins.
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D’autres endroits très forts ponctuent également encore l’actuelle ville de Jérusalem : le Prétoire de Pilate près de la Citadelle d’où part tout chemin de croix vers le Golgotha, lieu du Crâne, situé juste en dehors de la ville antique. C’est aussi aujourd’hui à l’intérieur du Saint-Sépulcre que des milliers de fidèles défilent sur le rocher où eut lieu la crucifixion, ainsi que sur le lieu de la tombe où fut déposé le corps de Jésus, et pour les chrétiens, lieu de la Résurrection du Christ. À partir de cette date essentielle, trois jours après sa mort sur la Croix, le Seigneur continuera à apparaître à certains de ses disciples aussi bien à l’intérieur de la ville qu’à l’extérieur, signifiant par là le caractère universel de son message et de son témoignage ; un témoignage fait d’amour pour l’homme et pour cette Jérusalem terrestre qui l’a conduit à la Jérusalem céleste près de son Père… Comment, dès lors, ne pas comprendre, une nouvelle fois, que Jérusalem, ville sainte du Nouveau Testament, fut, sera et demeure encore de nos jours pour les chrétiens ce haut lieu saint de témoignage…