TRÉSORS DU PATRIMOINE (1/5) Cet été, Aleteia vous emmène à la découverte de sanctuaires français injustement méconnus alors qu’ils constituent d’authentiques trésors de piété et d’architecture. Cette semaine, découvrez un joyau baroque au cœur de l’Alsace, l’abbaye d’Ebersmunster (Bas-Rhin).Beaucoup la considèrent comme la plus belle église baroque de l’Est de la France. L’imposante abbaye bénédictine d’Ebersmunster, à quelques kilomètres de la frontière allemande, est une grande abbatiale bénédictine. Dédiée à saint Maurice, elle a été remaniée, et de quelle manière, au début du XVIIIe siècle par Peter Thumb, architecte originaire du Vorarlberg, région montagneuse à l’Ouest de l’Autriche. Et son architecture s’inspire immanquablement des églises autrichiennes. Une influence qui a touché l’ensemble de la région alsacienne pendant presque un siècle et dont Ebersmunster en est le plus parfait témoignage.
D’allure sobre aux tons clairs, l’abbaye est coiffée de trois grandes tours couronnées de clochers à bulbes typiques des pays germaniques. L’aspect extérieur, assez austère, ne laisse rien présager du spectacle intérieur. Une fois le narthex traversé, le fidèle découvre une immense nef illuminée par deux belles rangées de baies superposées. Une lumière idéale qui vient rehausser l’explosion de dorures, marbres, stucs et peintures qui s’accordent dans une belle harmonie. Au plafond de la nef, le saint patron de l’église, Maurice, est présenté, souffrant son martyr mais plus loin, le voilà qui entre dans la gloire céleste. Dans les médaillons, des grands saints (Ambroise, Augustin, Jérôme, Grégoire…) veillent sur l’abbatiale mais une place de choix est bien évidemment accordée à saint Benoît, fondateur de l’ordre bénédictin et patron de la communauté qui n’existe plus aujourd’hui, dispersée à la Révolution française.
Lire aussi :
Comment visiter une église ?
Dans le chœur, le fidèle découvre le point artistique culminant de l’abbatiale : le grand baldaquin central surmonté d’une superbe couronne en bois doré portée par des anges. Le tableau central illustre la naissance du Christ.
En se retournant, le fidèle découvre un autre joyau, cette fois-ci musical, de l’église. L’orgue du XVIIIe siècle du facteur saxon André Silbermann qui a gardé l’intégralité de sa tuyauterie d’origine. Avec celui de Marmoutier, il est l’un des seuls instruments des Silbermann d’Alsace à avoir traversé les siècles sans avoir été modifié. Chaque année, les Heures Musicales d’Ebersmunster valorisent cet instrument unique en organisant des concerts qui attirent les organistes du monde entier.
En parcourant l’église, le fidèle découvrira d’autres trésors comme les grandes stalles du chœur, les confessionnaux blancs rehaussés d’or ou encore la chaire soutenue par les bras du géant Samson. Aujourd’hui, l’abbaye n’accueille plus de moines bénédictins qui ont quitté l’abbaye en 1791. Les bâtiments, qui ont servi tour à tour d’hôpital militaire, brasserie et manufacture de tabac ont finalement été repris par les frères marianistes en 1829 pour être transformés en noviciat. À partir de 1889, les Sœurs de la congrégation de Saint Joseph de Saint-Marc ont pris le relais et y ont fondé un orphelinat pour jeunes filles mais elles se sont retirées en 1990. Aujourd’hui, si la dimension spirituelle des bâtiments conventuels a disparu, ils accueillent cependant un institut éducatif et pédagogique destiné à des enfants souffrants de troubles psychologiques. Quant à l’abbatiale, des messes dominicales y sont encore célébrées.
Informations :
Ouverture : de 9h à 19h en été et 9h à 17h en hiver.