Pour réduire son empreinte carbone, une infographie de l’AFP, se basant sur une étude scientifique anglo-saxonne de 2017, préconise d’« avoir un enfant en moins ». « Changer ses ampoules », « étendre son linge », « renoncer à un vol transatlantique » et… « avoir un enfant en moins », voilà les préconisations d’une étude anglo-saxonne publiée en 2017 dans Environmental Research Letters pour réduire son empreinte carbone. Ces données, reprises par l’Agence France Presse (AFP) sous forme d’infographie, ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux.
Avoir un enfant en moins (étrange formulation : du coup, on ne “l’a pas”, non ?) réduit l’empreinte carbone. Certes. Mais buter les vieux, aussi. Rétablir la peine de mort serait une idée, aussi. Ou flinguer les pauvres. Ou les riches (plus dur) #ThinkOutOfTheBox https://t.co/5hQ0ycyuLG
— Erwan Le Morhedec (@koztoujours) 8 octobre 2018
“Recyler, voiture électrique, ampoules, et… AVOIR UN ENFANT EN MOINS” ???!!!
Vous êtes tombés sur la tête, @afpfr, ou quoi ? #AFP pic.twitter.com/e5qluOmDzu— Père JB Nadler (@perenadler) 8 octobre 2018
“Avoir un enfant de moins”, présenté comme un geste écologique, entre “changer d’ampoule” ou de voiture. Dangereuse pente qui fait de la vie humaine une variable parmi d’autres. pic.twitter.com/lOzKW8pSNN
— Eugénie Bastié (@EugenieBastie) 8 octobre 2018
Magnifique solution de l’AFP contre la #pollution environnementale : arrêter de faire des enfants (voire les supprimer ? 🤔) #DD https://t.co/W6dVm9J4fn
— Virginie Mahé (@virginiemahe) 8 octobre 2018
Si l’AFP a accompagné l’infographie du titre « Quelques moyens pour réduire son empreinte carbone », elle s’est défendue de toute promotion du malthusianisme, ne se faisant que l’écho de l’article publié dans Environmental Research Letters, une revue qui dispose d’un comité de lecture qui a donc validé ce contenu.
Lors de sa publication, l’étude originale a elle-même provoqué de nombreuses réactions dans les médias mais aussi au sein de la communauté scientifique. Dans un premier commentaire publié en mars 2018, des scientifiques ont pointé du doigt la méthode utilisée : là où les autres actions telles que changer d’ampoules ou ne plus prendre sa voiture sont concrètes et déjà existantes, celle de l’impact carbone de futurs potentiels enfants dépendra du monde dans lequel ils vivront. Le calcul employé est donc, selon eux, trop prospectif et « exclut les scénarios dans lesquels les émissions globales sont neutres ou négatives ».
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Le Huffington Post rappelle ainsi que l’un des auteurs de l’étude, dans un entretien accordé à Life Site, a lui-même reconnu que « le vrai problème n’est pas d’avoir des enfants, mais la société de forte consommation dans laquelle ils vont naître ». Il a aussi indiqué que « si les émissions diminuent drastiquement, l’effet d’avoir un enfant supplémentaire pourrait être 17 fois moins important ».
Dans un deuxième commentaire publié en juillet dans Environmental Research Letters, les deux auteurs ont affirmé que leur étude a pu être mal comprise et qu’il aurait fallu prendre trois précautions pour éviter cela. La première aurait été de préciser à quel point les actions individuelles peuvent impacter le réchauffement climatique par rapport aux actions collectives ou des entreprises, la seconde d’insister sur le rôle de la surconsommation dans le changement climatique et la troisième de rappeler que la planification familiale est un droit de l’Homme.
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