À l’occasion de la fête de Thomas l’apôtre, célébrée le 3 juillet, Jacques Gauthier revient sur la vie d’un des plus fidèles apôtre. Né près de Jérusalem, Thomas est l’un des trois apôtres judéens avec Simon le Zélote et Judas. On l’appelle Didyme, ce qui veut dire jumeau en grec. On a surtout retenu de lui son incrédulité après la Résurrection. Oui, il a douté, comme les autres, mais cela lui a valu une expérience unique avec le Christ ressuscité. Nous nous reconnaissons dans son doute et son geste de foi. N’oublions pas, qu’après avoir touché les plaies de Jésus, il lui a donné son véritable titre, la proclamation la plus claire de sa divinité : « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20, 28).
Thomas était prêt à suivre le Maître jusqu’au don total de sa vie. Quand Jésus était retourné en Judée pour ressusciter son ami Lazare, les Douze savaient qu’on cherchait à l’arrêter, et même à le lapider. Aller en Judée, c’était aller à la mort. Thomas dit aux disciples avec tout le courage auquel il était capable : « Allons, nous aussi, pour mourir avec lui ! » (Jn 11, 16).
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Thomas, le doute et la foi
Et pourtant, il s’est enfui après son arrestation. Il a erré à travers les montagnes de Judée, pleurant de chagrin. Il n’était donc pas là quand, ressuscité, le Maître s’est fait voir aux apôtres. Secoué par les événements, il ne pouvais pas croire à sa résurrection. « Ils ont vu un fantôme », se disait-il. Un homme mort ne ressuscite pas et ne revient pas à la vie biologique pour mourir de nouveau. Pour croire, il devait voir.
Thomas avait invité ses compagnons à accompagner Jésus dans sa mort, mais il répugnait à les suivre dans leur foi en la résurrection. Ils avaient beau insister : « Nous avons vu ses plaies, nous l’avons touché, il nous a parlé, on l’a reconnu, il a dit qu’il reviendrait » ; il ne les croyait pas. Il leur a probablement demandé comment s’était déroulé la résurrection elle-même, aucun ne pouvait lui répondre, comme si ce processus inouï échappait à l’expérience humaine et devait rester dans le secret de Dieu. Bref, il doutait des apparitions de Jésus ressuscité, leur disant : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je n’entre pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » (Jn 20, 25).
Une expérience de la miséricorde
Huit jours plus tard, les disciples étaient rassemblés au Cénacle, autour de la table où avait été consommée la Pâque. Cette fois, Thomas était avec eux. Jésus vint, alors que les portes étaient verrouillées. Il était là au milieu d’eux, vêtu de blanc, majestueux, doux et souriant, marchant vers eux comme un mortel. Il les regarda et dit : « La paix soit avec vous ! ».
Les apôtres se rassemblèrent autour de lui. Ses plaies leur étaient un reproche, elles criaient leur manque de courage, et en même temps la révélation de l’amour du Père qui avait glorifié son Fils. Contempler ses blessures, c’était goûter la douceur de sa miséricorde, l’espérance de la vie éternelle. Jésus interpela Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant » (Jn 20, 27).
Et l’apôtre contrit, répondit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Et Jésus dit cette parole d’encouragement qui s’adresse à nous et aux croyants qui viendront après nous : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20, 29). Un cœur brûlant d’amour et de foi approche le Seigneur mieux que toute main. La foi est un toucher qui nous fait entrer dans le cœur du Christ ressuscité.