Une collégiale est une église où vivent à demeure des prêtres séculiers (qui ne font pas parti d’un ordre religieux) nommés par l’évêque. Par cette nomination ils deviennent « chanoines » et forment un collège de prêtres, d’où le terme de collégiale. Cette charge n’existe plus depuis la Révolution.En France, toutes les communautés qui avaient charge de collégiales séculières ont disparu avec la Révolution. Subsiste uniquement la qualification de « collégiale » comme celles de Poissy près de Paris, Saint-Émilion près de Bordeaux ou Candes-Saint-Martin près de Tours (liste non-exhaustive). En effet, on laisse toujours à une église son titre le plus honorifique quand bien même la fonction soit tombée en désuétude.
Demeurent uniquement aujourd’hui des chanoines rattachés à des cathédrales, à distinguer de ces chanoines séculiers qui vivaient dans des collégiales et à la différence également des chanoines réguliers qui vivent selon la règle de Saint-Augustin dans une abbaye. Les chanoines sont nommés à vie dans une collégiale ou cathédrale. Ce mot possède la même racine que « canon » qui évoque la liste des prêtres rattachés au service d’une église particulière.
La collégiale et ses prébendes
« La collégiale de Mantes-La-Jolie est certainement la plus fameuse de France » pour le frère Julien, chanoine prémontré (donc régulier) et historien de l’art qui est actuellement hôtelier de l’abbaye de Mondaye dans le Calvados. L’évêque de Paris était le supérieur de cette collégiale de Mantes-La-Jolie et nommait un chanoine pour superviser ses confrères.
Lire aussi :
Un chanoine candidat à l’Académie française
« Avant la Révolution française, explique le frère, autour de ces collégiales étaient bâties des maisons cossues voire luxueuses. C’est là qu’habitaient ces chanoines séculiers et chacun vivait autour de la collégiale en étant propriétaire de sa maison et de ses biens que l’on appelait des prébendes, ainsi ils ne faisaient pas vœux de pauvreté. À leur mort, la prébende se transmettait à un héritier (souvent un neveu prêtre), ou bien un nouveau chanoine l’achetait.
À quoi sert un chanoine séculier ?
La collégiale possédait souvent de nombreux biens qu’il fallait administrer et dont les chanoines avaient la gestion. À cela s’ajoutaient plusieurs paroisses qu’ils desservaient comme tout prêtre diocésain.
Par ailleurs au Moyen Âge les collégiales – et donc les chanoines – « ont joué un rôle très important » précise le frère Julien, puisqu’elles étaient « les séminaires d’excellence des diocèses. Les chanoines formaient à l’administration et aux chants ceux qui allaient leur succéder, c’était comme une école. Beaucoup de saints ou de grands évêques sont passés par des collégiales dans leur enfance ».
Collégiale versus abbatiale
Le mode d’administration des chanoines séculiers était collégial, c’est à dire que toutes les décisions étaient prises ensemble à la différence des chanoines réguliers (ou des moines) qui ont un abbé à leur tête, c’est pourquoi leurs églises sont des abbatiales. Cette distinction, rappelle frère Julien, « indique bien qui dirige le lieu. Dans les collégiales, le supérieur nommé est un doyen qui n’a pas spécifiquement autorité sur les autres. Il est simplement un symbole fédérateur mais n’a pas de pouvoir pour imposer quoi que ce soit puisque ses semblables sont propriétaires, y compris de leur stalle où ils s’assoient pour prier ».
Qu’est-ce qu’un chanoine de cathédrale ?
Les chanoines rattachés à une cathédrale sont plus proches de l’évêque que les chanoines des collégiales. Ce sont aujourd’hui des titres honorifiques donnés à certains prêtres séculiers pour les remercier de services rendus tant au niveau spirituel qu’artistique ou même politique. C’est aussi une façon pour l’évêque de former autour de lui un collège qui va prier toute l’année les offices dans la cathédrale et la rendre ainsi plus vivante.
Lire aussi :
Le chanoine Kir, le prêtre qui se cache derrière l’apéritif
Le frère Julien précise cependant que « la fonction honorifique de chanoine de cathédrale ne revêt une réalité administrative que lorsque l’évêque meurt ou démissionne. C’est alors ce collège de chanoines qui assure la transition entre le départ de l’évêque et celui qui sera bientôt nommé ».
Comment reconnaître un chanoine ?
Puisqu’ils sont des prêtres séculiers, les chanoines ne portent aucun habit spécifique mais peuvent être pourvus d’un signe distinctif comme une capeline en fourrure pour les chanoines de la cathédrale de Bayeux (disparus dans les années 1980). Ils portaient durant la liturgie une croix pectorale, signe de leur lien direct à l’évêque ou encore certains chapitres avaient des boutons violets sur leurs soutanes pour signaler leur distinction de chanoines de cathédrale par rapport aux autres chanoines.
En France, le nombre de chanoines de cathédrale varie énormément d’un diocèse à l’autre. Souvent ce sont uniquement des titres honorifiques et « il n’y a plus réellement la vie de prière d’autrefois » selon le frère Julien. Mais ce n’est pas vrai partout précise-t-il puisqu’aujourd’hui encore dans certains diocèses, comme au Puy-en-Velay, « tous les matins on peut voir les chanoines célébrer la messe ensemble dans la cathédrale ».