Le curé d’une paroisse irlandaise a décidé de prendre la taureau par les cornes pour regarnir les bancs de son église : il prêche désormais en cinq minutes afin de donner un rythme tonique à la messe et ne pas décourager ses ouailles peu sensibles au commentaire de la Parole.Le père Patrick (“Paddy”) O’Kane — 68 ans, dont 45 de sacerdoce — est le curé de la Sainte Famille, une paroisse du quartier de Ballymagroarty à Londonderry, la seconde ville la plus importante d’Irlande du Nord après Belfast. Lui aussi, comme bon nombre de ses confrères européens, est confronté à la baisse de la pratique religieuse. Ce prêtre au caractère bien trempé refuse ce déclin et n’hésite pas à se livrer à une stimulante autocritique. Si l’assiduité à la messe dominicale est chancelante, c’est peut-être aussi parce que ses sermons sont trop longs, s’est-il dit. Trop long pour des paroissiens dont les capacités de concentration ne sont pas extensibles à l’infini. Trop long pour les parents qui doivent tenter de maintenir silencieuse leur progéniture pendant le commentaire des textes saints : autant dire un véritable cauchemar.
L’art de la synthèse
C’est au cours d’une retraite de quatre mois au Texas, à l’occasion d’une rencontre pastorale, que le père O’Kane a eu une véritable révélation : invité à prendre place sur un banc de l’assemblée pour se mettre dans la peau d’un fidèle standard, le prêtre s’est aperçu que son attention commençait à vagabonder au bout de cinq minutes d’homélie, quelles que soient les qualités oratoires du prêcheur. Et le prêtre irlandais de confesser en outre un petit péché d’orgueil : “Lorsqu’on est en train de prêcher, debout derrière l’ambon, on peut avoir la fausse impression d’être beaucoup plus intéressant qu’on ne l’est vraiment”, confie-t-il sans fausse humilité au Belfast Telegraph. À l’issue de ce stage au Texas, sa religion est faite : ses sermons n’excéderont pas cinq minutes désormais, iront directement à l’essentiel, et pourront être compréhensibles des plus jeunes aussi. Et depuis, le père O’Kane doit reconnaître qu’il a bien plus de mal à rédiger un sermon concis qu’une homélie fleuve…
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