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Dans l’indifférence générale, les chrétiens de Chine sont de plus en plus persécutés

© WANG ZHAO / AFP

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Yves Seigneur - publié le 02/03/17
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Ces persécutions qui ne datent pas d’hier ne semblent pas attirer la solidarité internationale. Si, au regard des persécutions, des morts, des humiliations et des conflits qu’ils traversent les chrétiens d’Orient ont suscité, à juste titre, la solidarité internationale, d’autres chrétiens partagent leur sort dans une autre forme de silence médiatique. Il y a entre autres les chrétiens de Chine. La persécution n’est pas d’hier !

Par sécurité, je signerais donc cet article sous un nom d’empreint. Car après avoir vécu 5 ans dans le pays mon nom est connu des services qui surveillent nos frères chrétiens. Ainsi, voici les conditions dans laquelle il y a quinze ans, il m’a été donné de les rencontrer de manière aussi secrète que confidentielle.

Tapis à huit dans une camionnette bannette aux vitres opaques, nous nous élançons vers le sud de Tai Yuan. Nous roulons toute la nuit sur des routes, autoroutes et même des chemins de terre. Le chauffeur connaît le chemin. Nous serions incapable de dire où nous allons. Nous savons juste que nous allons rencontrer un évêque clandestin qui rassemble autours de lui, au cœur d’une campagne sans âme, une quarantaine de garçons qui vivent reclus dans un Si He yuan[1]. Les « confesseurs » est le nom de la congrégation. Ils vivent ici une vie religieuse autour des offices, de l’oraison et du chapelet. Dans les intervalles chacun vaque à des occupations pour maintenir la maison rurale aux murs en torchis. Sur les quatre ailes de la maison, une est aménagé en chapelle, le cœur de la maison. L’eau courante et l’électricité se font rare, ils n’ont pas de chauffage dans cet hiver à moins 15 degrés. Ici, on puise l’eau et la chapelle s’éclaire de bougies. Les frères se déplacent en silence, les frères le maintiennent pour l’union à Dieu mais aussi pour ne pas être entendu des voisins. Officiellement, c’est une ferme, une seule famille vit sous ce toit. Lors des fréquents contrôles une chaîne de signaux est donnée et chacun va se cacher. C’est comme une seconde nature.

D’autres frères vivent en ville, ils occupent des emplois rémunérés pour faire vivre la communauté, qui ne peut pas maintenir une activité lucrative faute d’être facilement repéré par les autorités locales, qui suspectent et rodent souvent autour de la maison. Dans cet esprit, nous devons arriver dans le village dans la plus grande discrétion, de nuit, une nuit noire. La lune qui éclaire est déjà un risque. Le chauffeur gare la camionnette aussi petite qu’un pousse-pousse parallèlement à la porte d’entrée en collant le mur d’enceinte. Lorsque la porte coulissante de l’auto s’ouvre nous devons nous projeter en à peine dix secondes de la voiture à l’intérieur de la bâtisse. Il est impératif de ne pas mettre en danger la vie de cette communauté. Comme il est impératif que personne de l’extérieur ne voie nos faciès d’occidentaux reconnaissables entre mille au milieu d’une campagne chinoise. Les communautés religieuses en Chine vivent souvent persécutées. Depuis trente ans, les arrestations, les condamnations, les dénonciations voir même la peine de mort sont pratiqués sur les chrétiens. Ainsi, nous nous retrouvons au milieu des « Confesseurs ». Ces derniers touchés qu’une délégation de belges et d’allemands viennent les voir. Nous déballons nos affaires dans un silence mortuaire, nous allons à l’office, la vie de la communauté continue.


[1] Si He Yuan est une maison traditionnelle chinoise à cour intérieure.

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