En dépit de mon aversion au froid, je ne peux m’empêcher d’être nostalgique lorsque je repense aux hivers de mon enfance en Nouvelle-Écosse au Canada, des souvenirs qui me renvoient au concept danois du "hygge".
Prononcez "h-u-gheh". Ce mot d’origine norvégienne, difficilement traduisible en français, évoque le bien-être que procure une ambiance conviviale et intime, un confort douillet.
On assimilera le hygge à une expérience et à une sensation plutôt qu’à une action ou à une activité. Pour faire simple, remémorez-vous les sensations que procurent, pendant la période de Noël, les jolies lumières, le temps passé en famille et entre amis ainsi que les célébrations et plats traditionnels de cette période festive. C’est exactement ça, le hygge.
En Allemagne, l’équivalent serait le "gemütlichkeit", qui évoque une sensation de confort douillet, de sérénité et détente. Constanze, qui tient un blog sur la langue allemande, écrit à ce propos :
Pourquoi donc les Américains n’ont-ils pas eux aussi leur hygge ou gemütlichkeit ? Peut-être en raison de la précipitation qui caractérise notre culture. Or, vous l’aurez compris, ces concepts impliquent de prendre son temps.
Lorsque je pense à ces hivers en Nouvelle-Écosse, je me souviens que la météo ralentissait notre rythme, ce qui nous aidait à apprécier les plaisirs les plus simples : le feu au coin de la cheminée, la tasse de thé et avec des biscuits fait-maison, la visite de voisins. L’un dans l’autre, ces éléments participent tous d’un sentiment de confort, d’appartenance à un lieu, à une communauté.
Peut-être tout ceci est-il plus du ressort de la vie à la campagne, mais pas seulement, loin de là. La ville peut également s’y prêter.
Je me souviens d’un voyage à New York au cours duquel je me suis retrouvée coincée dans un café en pleine tempête de neige. Assise face à mon chaï latte, avec un croissant fait maison, échangeant avec d’autres clients qui se réfugiaient à l’intérieur, observant les passants se saluer d’un sourire, j’ai retrouvé le même sentiment d’unité, de chaleur, d’appartenance.
L’hiver offre une formidable opportunité de prendre le temps pour créer des moments qui donnent du baume au cœur et à l’âme. Les concepts tels que le hygge ou le gemütlichkeit trouvent au final leurs racines dans des pratiques qui nous sont déjà familières : hospitalité, convivialité, repos et renouvellement.
Et si vous vous demandez encore pourquoi il conviendrait de s’inspirer des danois pour affronter l’hiver, ou toute autre saison, je rappelle que le Danemark a été classé comme le pays le plus heureux en 2013 (il se classe à la 3e place en 2015) selon le Rapport mondial sur le bonheur des Nations unies, qui est un classement mondial des pays selon différents mesures du bien-être. Par comparaison, la France se classe à la 23e place (derrière des pays plus froids tels que la Norvège, la Suisse, les Pays-Bas, la Suède, et le Canada).