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TÉMOIGNAGE. Le maraudeur et l’autre, histoire d’une rencontre

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Cahiers Libres - publié le 10/12/14
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Une des plumes des Cahiers Libres raconte la force des rencontres qu’il fait en participant à des maraudes hebdomadaires.
Le maraudeur… Autrefois, il était voleur, détroussant les plus faibles au détour des chemins. Le maraudeur moderne est bien différent : il ne fait plus tomber le faible, il le redresse. Participant depuis quelque temps déjà à une maraude hebdomadaire, Amblonyx nous raconte la force des rencontres qu’il y fait.
 

Histoire de rencontres

C’est toujours par un certain activisme que commencent nos soirées. Avec le temps, le ballet des objets échangés par-dessus la table s’est fait plus efficace et les sacs se remplissent plus vite. Et puis on commence à se connaître. Du coup, les langues se délient plus que les premières fois !

Une fois les sacs prêts, nous prions ensemble, confiant tous ceux que nous rencontrerons. Une demi-heure plus tard, nous voici lancés dans la nuit, par groupe de deux ou trois. Nous allons à la rencontre des personnes de la rue !

La première fois a été un petit peu difficile. Je ne savais pas trop quoi dire, quoi taire… et surtout quoi faire. Le principe est pourtant simple : une boisson chaude nous sert d’excuse, mais ce que nous apportons, et qu’ils attendent vraiment, c’est notre écoute et notre regard. Mais, on me l’a dit et répété, il me faudra plusieurs maraudes pour intégrer combien cela est vrai.

Nous aimerions tant leur donner quelque chose, les aider, les sortir de là. Mais non, ce n’est pas ce que nous apportons. Tant mieux, d’ailleurs : ce n’est pas ce qu’ils nous demandent !

Le monde ne connaît pas la rue, il préfère la regarder de haut, de loin, l’oublier. Lorsque la maraude s’assied avec une personne de la rue, elle disparaît avec elle. C’est étrange la première fois. Après quelques soirées, c’est cette sensation qui nous fait comprendre pourquoi nous sommes attendus : trop peu de passants jettent un regard aux personnes de la rue, et même, beaucoup ne la voient pas.

Rien ne fait plus plaisir à ces hommes et ces femmes que de voir que nous revenons de semaine en semaine, que nous nous souvenons de leur nom et de leurs histoires. Au fil des semaines, j’apprends à les connaître : Fabrice, qui est un peu fou et vit perdu entre son monde et le nôtre ; Jean-Marc, qui vient de Madagascar et qui dort dans la rue depuis bientôt dix ans avec ses deux frères, Guy et François ; Emmanuel, qui nous parle de son diabète, de ses deux fils et de sa petite-fille, puis de la culture gitane qui l’habite totalement. Et tous ces autres que nous croisons au hasard des soirs et des rencontres. Lire la suite sur Cahiers Libres

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