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André Zirnheld, le père de la prière des paras

André Zirnheld

André Zirnheld, compagnon de la Libération (1913-1942).

Cécile Séveirac - publié le 29/09/14 - mis à jour le 26/07/24 le 15:48
André Zirnheld, compagnon de la Libération, est mort le 27 juillet 1942 en Égypte, à l'âge de 29 ans. Catholique, il a consigné durant quelques années de sa courte vie ses réflexions et ses doutes sur sa foi dans un petit carnet, dans lequel on retrouvera ce qui deviendra la fameuse "prière des paras".

27 juillet 1942 : l'aspirant André Zirnheld, parachutiste engagé au sein des SAS (Special Air Service) britanniques, meurt à 29 ans sous les mitrailleuses allemandes après un raid mené sur la grande base aérienne de Sidi-Haneish, en Égypte. "Je vais vous quitter. Tout est en ordre en moi", souffle-t-il à son frère d'armes, l'aspirant François Martin, avant de rendre l'âme.

Né en 1913 à Paris dans une famille catholique et alsacienne, orphelin de père à neuf ans, André Zirnheld se destine d'abord à une carrière de professeur de philosophie, qu'il débute à Tunis. La Seconde Guerre mondiale vient bouleverser ses plans : refusant l'armistice, il rejoint la France libre en 1940, en passant par la Palestine britannique. Condamné pour désertion par un tribunal militaire français, il se voit confisquer tous ses biens. Peu lui importe : "La légalité est un confort dont il faudra savoir se priver", écrira-t-il. Toute sa vie, il affichera un anticonformisme résolu, que l'on retrouve dans ses écrits avec une pointe d'insolence et d'esprit railleur. Hors de question de se marier pour finir comme tous ces "pauvres types qui reviennent le dimanche soir de leur maison de campagne avec leur voiture". Le jeune para veut fuir le confort et "l'étroitesse" d'une vie de famille et d'amitié "bourgeoises".

Dès 1937, il couche pêle-mêle ses pensées, ses réflexions et ses doutes sur la vie et la foi dans un petit carnet d'une quarantaine de pages. Profondément touché par la figure de saint Paul, il le prend pour modèle. On retrouvera d'ailleurs dans ses affaires personnelles, saisies par Vichy, l'ouvrage La pensée Saint-Paul de Jacques Maritain. "Si le Christ me renverse sur le chemin de Damas, je le suivrai, mais pas plus que Paul je ne le chercherai", écrit-il dans ses toutes premières pages. "Je ne peux plus dire que la vie n'a pas de sens. Cette quête de la foi que j'entreprends lui en donne un. (...) Je sais que la foi est l'unique solution et qu'il y a de vrais croyants derrière le Christ. Je sens que la vérité est là", écrit-il pourtant plus loin le 4 octobre 1940.

"Donnez-moi, mon Dieu, ce que l'on vous refuse"

Alors qu'il participe à plusieurs combats avec les forces françaises libres, on le trouve trop intelligent et trop diplômé pour le laisser au front : il en est retiré pour être muté, en janvier 1941, au service de l'Information et de la Propagande à la Délégation de la France Libre, au Caire. Son poste ne lui déplaît pas, mais ce que veut André Zirnheld, c'est le sang et la sueur du front. Il veut la bagarre. "Je n'ai pas à me plaindre de la guerre. D'elle, je dois apprendre à vivre de n'importe quoi. D'elle, je dois tirer profit, plus grand profit même que de la vie que j'aurai mené sans elle. C'est au contraire la paix, la situation, la carrière qui eussent été artificielles et dangereuses pour mon progrès", écrit-il ainsi. En mars 1942, il rejoint donc le French Squadron intégré à la Special Air Service (SAS) Brigade, unité des forces spéciales britanniques. Au Proche-Orient, il enchaîne les missions à haut risque qui incombent à cette unité d'élite : raid sur un aérodrome ennemi, sabotage de voie de fer, embuscades de véhicules... Sa quatrième mission avec les SAS sera sa dernière. Il sera fait compagnon de la Libération à titre posthume, décrit comme un "excellent chef, calme et audacieux". De lui, demeure surtout la célèbre "prière des paras", dont la version chantée est créée en 1961, adoptée comme chant traditionnel par l'école militaire interarmes (E.M.IA.), puis par les troupes parachutistes de l'armée française :

Je m’adresse à vous, mon Dieu
Car vous donnez
Ce qu’on ne peut obtenir que de soi.
Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste,
Donnez-moi ce qu’on ne vous demande jamais.

Je ne vous demande pas le repos
Ni la tranquillité,
Ni celle de l’ âme, ni celle du corps.
Je ne vous demande pas la richesse,
Ni le succès, ni même la santé.

Tout ça, mon Dieu, on vous le demande tellement,
Que vous ne devez plus en avoir !
Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste,
Donnez-moi, ce que l’on vous refuse.

Je veux l’insécurité et l’inquiétude
Je veux la tourmente et la bagarre,
Et que vous me les donniez, mon Dieu,
Définitivement.

Que je sois sûr de les avoir toujours
Car je n’aurai pas toujours le courage
De vous les demander.

Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste,
Donnez-moi ce dont les autres ne veulent pas,
Mais donnez-moi aussi le courage,
Et la force et la foi.

Car vous êtes seul à donner
Ce qu’on ne peut obtenir que de soi.

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