D’où viendra le « rayon de lumière » de l’Esprit Saint que la liturgie de la Pentecôte nous fait demander ? Écartons d’abord toute idée d’une illumination plus ou moins miraculeuse : « Je prie très fort l’Esprit Saint, après quand j’ouvre la Bible à n’importe quelle page et je trouverai la réponse à mes problèmes ! » En effet, la lumière de l’Esprit Saint est d’abord celle de la raison et de la foi, deux lumières divines que le Père donne à tous ses enfants, et qu’il ne s’agit pas de remplacer, mais d’utiliser correctement : le « rayon » que nous demandons est celui qui dirigera notre regard, nous permettant de voir les situations comme Dieu les voit, dans leur logique naturelle et surnaturelle.
Un exemple : à la fin de sa scolarisation, un jeune peut demander au Saint Esprit de l’éclairer sur son orientation future ne Lui demande pas de choisir à sa place entre devenir médecin ou ingénieur, mais de le remettre dans la logique de son baptême pour que sa décision s’inscrive dans une volonté inconditionnelle de suivre le Christ. Et pour cela, il faut que l’Esprit Saint « redresse en lui ce qui est faussé, guérisse ce qui est blessé, assouplisse ce qui est raide, et réchauffe ce qui est froid ». Mais comment recevoir cette lumière de l’Esprit Saint ?
Jésus nous a indiqué trois lieux de son effusion, et dès lors, trois instances auxquelles recourir pour toute décision chrétienne. La première est la conscience de son disciple, cette faculté de juger les situations à la lumière de Dieu : « Vous recevrez l’Esprit de Vérité, qui vous portera à la vérité tout entière » (Jn 14, 26). La deuxième est la parole de Dieu, qui « ne peut être abolie » (Jn 10, 35). La troisième est l’Église, telle que Jésus l’a établie sur Pierre et les Apôtres « revêtus de la force d’en haut » (Ac 1, 8).
Concrètement, cela veut dire que, pour prendre une décision devant Dieu, on doit d’abord se mettre dans l’intention fondamentale de suivre Jésus de toute façon (une bonne retraite peut être bénéfique). Ensuite, devant les différentes hypothèses raisonnables, on chercherait celle qui nous semble la plus cohérente avec ce que l’Écriture nous en dit pour nous conduire au Christ. Sans doute ne parle-t-elle pas directement du médecin ou de l’ingénieur, mais elle parle des enjeux de vie éternelle impliqués dans ces deux professions.
Enfin, on vérifierait si la décision est cohérente avec ce que l’Église vit et enseigne aujourd’hui. Certes, ce n’est pas à l’évêque de décider si on doit être ingénieur plutôt que médecin, mais on n’en fait pas moins partie d’une communauté chrétienne, dont les choix fondamentaux sont à intégrer dans mes choix personnels. Pensons par exemple à l’importance d’une présence de l’Église dans les professions de santé, ou à celle de sa doctrine sociale dans la vie d’une entreprise. C’est là qu’une vocation est en même temps une mission, et si elle est discernée dans cette triple référence à l’Esprit Saint, nous pouvons être sûrs qu’Il sera là avec ses « sept dons sacrés », pour me permettre de la vivre « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».
Père Max Huot de Longchamp