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Adoption, famille recomposée : comment réagir à “tu n’es pas ma mère/mon père!”

Dois homens adultos brigando
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Edifa - publié le 09/05/21 - mis à jour le 29/01/24
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Il n’est pas rare que des parents « adoptifs » s’entendent dire, un jour ou l’autre : « Tu n’as rien à me dire, tu n’es pas mon père/ma mère ». Pourquoi une telle réaction et comment l’accueillir ?

« Tu n’es pas ma mère, tu n’es pas mon père ». Cette phrase lancée par un enfant ne concerne pas seulement les parents adoptifs, au sens strict du terme. Il arrive que ce genre de remarque s’adresse à l’époux d’une mère célibataire qui a reconnu l’enfant de celle-ci, bien que n’étant pas le père biologique ; ou à un beau-parent dans le cas des mariages après un veuvage, ou des « remariages » à la suite d’un divorce, ou des enfants nés par insémination artificielle avec donneur. Cette protestation de l’enfant ou de l’adolescent en révolte n’est pas à prendre comme une injure, mais comme un appel. Il faut juste essayer de comprendre ce qu’il cherche à exprimer à travers cette déclaration provocatrice. Bien entendu, cela va dépendre de son âge, du contexte, de la situation familiale et des relations qu’il entretient habituellement avec le ou les parents concernés.

La peur de l'abandon

Les enfants adoptés ont connu la souffrance de l’abandon, y compris dans le cas où leur première maman ne les a pas « abandonnés » mais les a confiés en vue de l’adoption. Par conséquent, ils ont tous peur d’être de nouveau abandonnés, même lorsqu’ils n’ont pas conscience de cette angoisse ou qu’ils sont incapables de l’exprimer. C’est pour cette raison qu’ils testent leurs parents adoptifs, en les provoquant pour voir jusqu’où va leur amour : « Est-ce que, même si je suis insupportable, même si je vous dis n’importe quoi, vous m’aimerez toujours ? Est-ce que, quoi que je fasse, je serai toujours votre fils/fille ? » 

Dire à sa mère ou à son père adoptifs : « Vous n’êtes pas mes parents », c’est chercher à s’entendre dire, et redire : « Si, nous sommes tes parents et nous le serons toujours ». 

Même chose dans le cas d’un père qui a reconnu l’enfant de son épouse : l’enfant cherche à voir si ce père est son « vrai-papa-pour-toujours », s’il l’aime autant que les enfants nés de lui. Dire à sa mère ou à son père adoptifs : « Vous n’êtes pas mes parents », c’est chercher à s’entendre dire, et redire : « Si, nous sommes tes parents et nous le serons toujours ». 

Quand le parent en question n’est pas le père mais le beau-père (ou la belle-mère), l’enfant a besoin d’une double réponse : « Non, c’est vrai ; sois sûr que je ne veux pas prendre la place de ton papa » et « Même si je ne suis pas ton papa, je t’aime très fort ». D’ailleurs, pour rendre compte de ce lien très particulier, certains enfants orphelins de père ou de mère désignent leur beau-parent d’un « petit nom » affectueux, choisi par eux, et qui n’est ni « papa », ni « maman » : ce surnom manifeste la tendresse très spéciale qui les unit au conjoint de leur mère (ou de leur père), tout en respectant leur attachement pour le parent décédé. Bien sûr, il arrive que les petits appellent leur beau-parent « papa » ou « maman », mais il serait injuste, et même cruel, de les obliger à le nommer ainsi s’ils ne le souhaitent pas. C’est au moins aussi vrai en cas de divorce : pourquoi demander à un enfant d’appeler « papa » l’époux de sa mère (même si ce dernier se montre très paternel) alors que son papa à lui est bien vivant ?

Surtout, ne pas monter sur ses grands chevaux

Dans tous les cas, prenons les propos de l’enfant au sérieux mais pas au tragique. Il importe d’écouter et d’accueillir son désarroi, de chercher à comprendre ce dont il a besoin et de répondre en conséquence. Mais surtout, surtout, ne pas monter sur ses grands chevaux, en se jouant un psychodrame du genre : « Comment peut-il me dire ça ? Pourquoi me rejette-t-il ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? » Ce que vous avez fait ? Vous l’avez aimé, alors il en demande encore plus et il a bien raison ! Il veut être sûr que ça vaille bien le coup de s’attacher à vous, qu’il peut le faire sans risque d’être rejeté.

Très souvent, ce genre de remarque surgit lors d’un conflit minime. Vous refusez à votre fils/fille adoptif la permission de regarder sa série ou de sortir le soir avec des amis et il/elle vous lance en pleine figure : « D’abord, t’as rien à me dire, t’es pas mon père ». Ne vous laissez pas déstabiliser par cet argument choc ! Si l'enfant ou l'adolescent a besoin d’être rassuré quant à l’amour que vous lui portez, cet amour inconditionnel doit se manifester, comme pour n’importe quel autre jeune, par de fermes exigences éducatives. « Si, je suis ton père/ta mère, et c’est justement pourquoi que je ne te laisserai pas faire de sottises. Je t’aime trop pour ça. »

Christine Ponsard 

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