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Pensées suicidaires : “Ne regardez plus le sol, mais le Ciel”

SAD
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Edifa - publié le 16/04/21
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Des paroles du frère Alain Quilici destinées à ceux qui apprennent la nouvelle d’un suicide, et ceux à qui l'idée du suicide peut venir.

Comment ne pas être bouleversé par l'annonce d'un suicide ? Il y a là quelque chose de terrible, et la peine est aggravée par le profond mystère qui entoure toujours cet acte. Même si le sujet est difficile, il faut en parler d'un double point de vue. D'abord du point de vue de ceux qui apprennent la nouvelle. Ensuite pour dire un mot à ceux à qui l'idée du suicide peut venir. Il faut en parler malgré le risque qu'il y a à aborder des sujets aussi dangereux. Et il est vrai qu'il y a un risque multiple à toucher des sujets aussi délicats. Mais ne soyons pas innocents, si nous ne parlons pas de ce sujet, d'autres s'en chargent, et sans aucun scrupule. 

Quand on apprend la nouvelle du suicide, il faut d'abord se retenir de toute appréciation catégorique. On ne sait jamais ce qui a pu se passer dans la vie, dans le cœur, dans l'esprit de celui qui prend cette terrible décision de mettre fin à ses jours. On ne sait pas quelle détresse il a connue, ou quelle bouffée de désespoir a pu l'envahir brutalement, ou quel défi il a voulu se lancer, espérant peut-être, comme dans un rêve, qu'il pourra se réveiller à la fin. Il faut prier sans cesse pour que le Seigneur envoie à chacun son ange consolateur au moment des suprêmes tentations. Et c'est pour cela que dans le « Je vous salue Marie » nous demandons à la Vierge Marie de prier pour nous à l'heure de notre mort, car nous aurons besoin à ce moment-là (et quel qu'il soit) qu'un ange vienne nous assister dans cet ultime combat, comme l'un d'eux le fit pour le Seigneur Jésus Lui-même (Lc 22, 43). 

C'est un grand mystère que celui de la relation de l'homme avec son Dieu, du même ordre que celui de l'homme vis-à-vis de sa mort. Chacun est bien seul dans ce face à face, et qui peut se vanter de connaître le cœur de l'homme et de savoir ce qu'il se passe en lui ? Nous sommes trop souvent les malheureux spectateurs de drames dont nous ignorons même le premier mot. Et nous vivons nous-mêmes parfois des bonheurs ou des désarrois qu'il nous est impossible de confier. C'est pourquoi nous devons inlassablement prier les uns pour les autres, car Dieu seul sait ce qui se passe dans le cœur de ceux que nous côtoyons. 

Si l'Eglise condamne absolument le suicide et le classe parmi les péchés les plus graves, ce n'est pas par opportunité. C'est que la Révélation biblique nous apprend que toute vie humaine est un don de Dieu, et que nous ne sommes maîtres ni de l'heure de notre naissance, ni de celle de notre mort. Il ne s'agit pas là d'un simple interdit, qu'on pourrait soupçonner d'être dicté par la prudence. C'est effectivement un interdit, mais il ne doit pas cacher l'autre face de la Révélation : Dieu a pour chacun de nous un amour privilégié. Quand le prophète Isaïe reçoit de Dieu cette parole pour son peuple « Tu as du prix à mes yeux ! » (Is 43, 4), il annonce ce que le Seigneur Jésus confirmera définitivement : Dieu veille sur chacun de nous avec un amour particulier. A chacun II réserve une attention spéciale, dont nous ne pouvons pas avoir idée, nous qui sommes si volages et versatiles dans nos amitiés. 

Ce dont nous avons le plus besoin c'est de nous rappeler de quel amour nous sommes aimés, et combien nous devons avoir confiance en notre Dieu même si nous ne voyons pas très bien par quels chemins Il nous mène. Quand Jésus dit « Priez sans cesse !», Il ne veut pas dire autre chose que : « Pensez sans cesse à votre Dieu : Il est un Père qui veille sur vous. Car s'Il veille sur l'herbe des champs qui est si belle, et sur les oiseaux du ciel qui sont si petits, combien plus Il veille sur vous qui êtes ses enfants tant aimés. Il faut chercher d'abord l'amitié de Dieu. Tout le reste est donné par-dessus le marché !». 

Nous ne pensons pas assez à ce que le Christ répète pourtant si souvent, à savoir que le temps qui nous est donné sur la terre est un temps de préparation à l'autre vie.

Ce dont chacun a le plus besoin ensuite, c'est de quelqu'un à qui parler. Non pas pour bavarder superficiellement, mais pour instaurer un dialogue de cœur à cœur, en vérité. Celui qui le trouve peut considérer qu'il est le plus heureux des hommes. Trop de solitude est insupportable. L'homme n'est pas fait pour vivre seul. Il a un urgent besoin de chaleur. Le besoin de communautés vraies et fraternelles est vital. Il est même élémentaire : sans lui, la porte est ouverte au désespoir. 

Nous avons trop oublié que notre destinée est éternelle. Nous ne pensons pas assez à ce que le Christ répète pourtant si souvent, à savoir que le temps qui nous est donné sur la terre est un temps de préparation à l'autre vie : celle-là durera un instant éternel, soit en Dieu, soit sans Dieu. Or ce choix dépend de nous. Il ne faut pas gâcher nos chances. Bien sûr Dieu est miséricordieux, mais Il ne saurait aller à l'encontre de la décision de se passer éternellement de Lui. Mettre consciemment et volontairement fin à ses jours, c'est décider de se situer définitivement en dehors de la présence divine. Il n'y aurait rien de pire ! Ce serait une erreur de penser qu'en mettant fin à ses jours sur terre, on précipite son entrée dans le Ciel. Car nous ne sommes pas maîtres du temps. Nous sommes entre les mains paternelles de Dieu. Lui seul sait ce dont nous avons besoin. 

D'un autre côté, nous vivons avec pour seul horizon l'installation sur la terre, un bien-être purement matériel. On inculque aux foules sans défense, par matraquage publicitaire, un idéal de réussite standard sans lequel la vie ne vaut plus, dit-on, la peine d'être vécue. Un modèle est imposé hors duquel on vous persuade que vous n'existez plus. L'horizon étant ainsi limité, l'avenir étant ainsi bouché, l'homme est poussé au désespoir. Ne pas réussir sur terre, de cette réussite-là, vous condamne à être « inexistant ». La vie sur terre n'est que le premier temps d'une aventure dont l'essentiel échappe à nos regards. Notre horizon, c'est le Ciel. Et le Ciel, c'est être avec Dieu. La promesse que Jésus nous fait est de partager sa vie divine auprès du Père pour l'éternité. Il n'y a pas pour nous de plus grande urgence que celle de ne pas manquer ce rendez-vous. 

La tentation du suicide est celle de douter de cette destinée éternelle, de penser qu'on peut en finir avec les ennuis de la vie, ou avec une tristesse lourde à porter en effaçant tout d'un seul coup. Ce qui revient à penser qu'il n'y a pas d'au-delà et que la mort pourrait être une solution. Cela ne serait vrai que si la mort était vraiment un point final. Mais qui peut le dire ? Le Seigneur Jésus en tout cas dit le contraire. Quand II promet au larron qui meurt avec Lui qu’il sera avec Lui au paradis (Lc 23, 43), Il confirme ce qu'Il avait toujours dit : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin » (Jn 14,1-4). 

Si la pensée du suicide vous vient, parce que vous êtes trop triste, ou que les soucis pèsent trop lourd sur votre cœur, confiez-vous au Seigneur Jésus. Lui aussi Il a connu le drame de cette solitude, d'être abandonné de ses amis, d'être déconsidéré, de n'avoir plus d'espoirs humains. Mais Il s'en est remis à son Père. Il Lui a fait une confiance absolue. Il L'a laissé Le guider alors qu'Il était dans une épouvantable détresse. Car Il savait que le Père des Cieux n'abandonne pas son enfant, qu'Il le console, qu'Il le réconforte, qu'Il l'assiste. 

Pensez au Ciel, pensez à la place que le Seigneur vous a réservée auprès de Lui et qu'Il vous donnera quand votre heure sera venue. Appelez la Vierge Marie à votre secours. Et au lieu de penser à vous avec tant d'insistance, détournez votre regard de vous-mêmes et regardez les autres. Ils ont besoin de vous, ils attendent peut-être ce que vous attendez vous-mêmes : un sourire, un geste, une présence, une parole simple et vraie... Levez les yeux, ne regardez plus le sol, mais le Ciel. Votre cœur est grand, beaucoup plus grand que vous ne le pensez. Il est fait pour Dieu. Il est fait pour l'éternité, et une éternité heureuse. Vous y entrerez pleinement à l'heure que le Seigneur a choisie. 

Alain Quilici 

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