Ce n'est pas facile de vivre à chaque instant en véritable enfant de Dieu. C'est pourquoi nous avons grand besoin que le Saint-Esprit mette en notre âme le don de force, qui nous attire à Dieu comme l'aimant attire la limaille de fer. Si nous pouvions être, simplement, cette petite limaille de fer comme les saints, tout deviendrait pour nous tellement plus simple !
Cette comparaison ne veut pas dire que la sainteté est un mouvement irrésistible dans lequel les saints seraient emportés malgré eux. Si l'aimant exerce toujours sa puissance d'attraction - autrement dit, si la force de Dieu ne fait jamais défaut - nous pouvons choisir d'être ou de ne pas être la petite limaille de fer. On n'est jamais saint - ni pécheur - malgré soi. Mais ce qu'indique l'exemple de l'aimant et de la limaille de fer, c'est que la force de Dieu est un dynamisme, un mouvement qui nous entraîne vers Celui pour qui nous sommes faits et qui, pour cette raison, nous fait surmonter les obstacles. Ce n'est pas "vaincre pour vaincre" (pour me dépasser ou prouver que je suis le meilleur) mais : "vaincre pour Dieu."
Le don de force est toujours en nous
Il est important de rappeler aux enfants, régulièrement et de manière directe ou indirecte, que le don de force est en chacun de nous. Au paresseux qui ne sait pas comment il va trouver le courage d'être fidèle à sa résolution de sauter rapidement du lit chaque matin. Au dépressif qui baisse les bras devant le moindre obstacle.
Au complexé qui ne cesse de répéter "qu'il est nul". Au pusillanime qui passe de l'enthousiasme à l'abattement dans la même journée. Au fougueux qui se disperse en mille occupations qui le séduisent. Au volontaire qui serre les dents pour ne pas montrer ses peurs. À l'orgueilleux qui veut s'en sortir par lui-même. On pourrait continuer la liste : nous avons tous besoin du don de force. Et il nous est donné à tous. C'est pourquoi nous pouvons avoir confiance en nous : parce que ce "en nous" est habité par la force de Dieu.
Autre comparaison, pour aider les enfants à comprendre ce qu'est le don de force : je pars pour un voyage en voiture; je connais le but, j'ai des cartes pour m'indiquer la route à suivre, je suis bien décidé à partir; mais je n'arriverai jamais au terme de ma route si la voiture n'a pas un moteur en bon état. Le don de force, c'est ce moteur qui me permet d'avancer dans l'amour de Dieu. A moi d'entretenir ce moteur ou de le laisser rouiller dans un coin. Comme le don de conseil, le don de force "ne s'use que si l'on ne s'en sert pas".
Dieu nous donne la force quand nous en avons besoin
"Dieu qui fait les croix fait aussi les épaules et nul n'est plus expert en proportions". Dieu nous donne la force qui nous est nécessaire quand et comme nous en avons besoin. C'est pourquoi nous n'avons pas à nous tourmenter à l'avance des éventuelles épreuves qui pourraient nous frapper, nous ou ceux que nous aimons, à commencer par nos enfants. Ce que Pascal exprime ainsi, dans le Mystère de Jésus :
"C'est me tenter plus que t'éprouver, que de penser si tu ferais bien telle ou telle chose absente : je la ferai en toi si elle arrive".
Autrement dit : "Ne te tracasse pas à l'avance de ce qui pourrait t'arriver : quand ça arrivera, je serai avec toi." Quand Jésus nous dit : "À chaque jour suffit sa peine" et quand nous demandons au Père "notre pain de ce jour", cela vaut aussi pour la force. Nous n'avons pas besoin d'en avoir des réserves. Dieu sait ce qu'il nous faut à chaque instant. Il connaît mieux que nous la hauteur des obstacles sur notre route et le poids de la croix sur nos épaules.
Dieu permet parfois que quelqu'un « craque » pour ouvrir son cœur, pour qu'il se découvre pauvre et petit.
Quand on explique ça à un enfant (et surtout à un adolescent) de tempérament inquiet, il répond parfois : "Si Dieu donne toujours sa force, pourquoi certains semblent-ils écrasés ? Pourquoi telle ou telle personne s'est-elle effondrée ?" Deux éléments de réponse : d'abord la force de Dieu n'agit pas automatiquement. Elle est un don, que le bénéficiaire peut refuser (par orgueil, par manque d'espérance). Ensuite, Dieu permet parfois que quelqu'un « craque » pour ouvrir son cœur, pour qu'il se découvre pauvre et petit.
Méfions-nous des apparences : celui qui nous semble faible est peut-être conduit par la force de Dieu, et vice-versa. N'oublions pas : Jésus, en qui le don de Force s'accomplit pleinement, est pourtant tombé sous le poids de la Croix. Il a eu soif. Et Il est mort. Comment pourrions-nous, alors, nous étonner de nos chutes et de nos échecs apparents ?
Christine Ponsard