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Le mot « conversion » a-t-il un sens quand on est déjà baptisé ?

HOPE
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Edifa - publié le 27/02/21 - mis à jour le 13/02/23
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Notre première conversion découle du baptême. La seconde consiste à vivre de cette vie nouvelle qui est la vie de la grâce. Mais pourquoi faut-il sans cesse se convertir et comment réussir cette conversion ?

Un évêque, ancien collaborateur à la curie romaine, rencontrait Jean-Paul II après avoir été nommé à la tête d’un diocèse. Le pape l’interroge : "Quel est le plus grand problème dans votre diocèse ? – Oh, Saint-Père, il y en a plusieurs, mais le plus grand, c’est tout de même la conversion de l’évêque !" Et le pape de répliquer, avec un sourire complice : "Mais alors, c’est comme à Rome !" Cette anecdote – authentique – répond déjà à la question. Reste à savoir pourquoi il faut sans cesse se convertir.

S’immerger toujours plus dans l’amour divin

Notre première conversion découle du baptême. C’est le don de la vie divine, le don de la communion d’amour avec le Père par Jésus dans l’Esprit. Notre vie de « créature nouvelle » commence donc par le salut offert gratuitement par Dieu.

La seconde conversion, permanente celle-ci, consiste à vivre de cette vie nouvelle qui est la vie de la grâce. Au cœur de cette démarche : l’amour. Pas n’importe quel amour. Pas une émotion. Non : l’amour ferme et résolu qui est prêt à donner sa vie pour Dieu et pour les autres. Cet amour que la Bible appelle agapè : la charité de Dieu répandue en nos cœurs par l’Esprit Saint.

Se convertir comme baptisé, c’est s’immerger toujours plus dans cet amour divin. C’est recueillir les fruits intérieurs de cet amour qui sont la paix et la joie. C’est incarner, dans nos relations avec les autres, une miséricorde active. Saint Thomas définit le péché de la façon suivante : se détourner (aversio) de Dieu et se tourner (conversio) vers les créatures. La vraie conversion consiste donc à se retourner constamment vers Dieu et à aimer les créatures en Lui.

La conversion exige d’abord de renouveler notre intelligence

Le mot grec pour exprimer la conversion est metanoia. Ce mot signifie "repenser", "remettre en question son propre mode de vie", "laisser entrer Dieu dans les critères de sa propre vie", précisait Benoît XVI. Et d’ajouter :

"La “conversion” (metanoia) signifie : sortir de l’autosuffisance, ­découvrir et accepter son indigence – une indigence des autres et de l’Autre, de son pardon, de son ­amitié. La vie non convertie est autojustification (je ne suis pas pire que les autres) ; la conversion est l’humilité de s’en remettre à l’amour de l’Autre, un amour qui devient mesure et critère de ma propre vie".

Les Pères du désert ont montré que celui qui n’entre pas dans la metanoia vit alors dans la paranoia : un centrement mortifère sur soi. Du point de vue médical, la paranoïa est caractérisée par la surestimation de soi, la méfiance, la psychorigidité, l’insociabilité.

La conversion exige d’abord de renouveler notre intelligence : "Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait" (Rm 12, 2). Il convient ensuite de vouloir vivre cette vie nouvelle jusqu’à avoir en soi les mêmes sentiments que ceux du Christ (Ph 2, 5) ; jusqu’à atteindre la pleine stature du Christ (Ép 4, 13).

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