Certes, c’est faire Carême que de jeûner, comme le demande l’Église, de se priver de petites douceurs gastronomiques. Mais un couple n’a-t-il pas encore mieux à faire ? Est-il prêt à se donner le temps de pointer les nécessaires corrections de parcours ? À remettre en question certains comportements conjugaux ou parentaux ? À entendre les appels de l’Esprit qui invite le couple à se dépasser pour devenir le signe vivant de l’amour divin ?
Il fait un vrai Carême, le conjoint fatigué qui accepte de prendre le temps d’écouter sa moitié qui a un réel besoin de parler, ou qui arrête de travailler le soir ou regarder son film pour aller s’asseoir sur le bord du lit d’un enfant et parler longuement avec lui. Il fait un vrai Carême, le conjoint qui a décidé de s’abstenir de faire à l’autre tous ces petits reproches journaliers pour des défauts mineurs, ou qui essaie, joyeux et nullement résigné, de répondre aux désirs raisonnables de son époux ou de son épouse.
Il fait un bon Carême, le conjoint qui n’hésite pas à demander pardon pour des erreurs qu’il n’a jamais reconnues dans le passé, qui retrouve le chemin de la tendresse exprimée et désintéressée, ou qui fait un geste pour tenter de renouer les liens distendus avec ses parents ou beaux-parents. Il fait un bon Carême, le couple qui restreint son train de vie pour donner de son argent à ceux qui sont dans le besoin.
Mais c’est à chaque conjoint de savoir, en définitive, ce que le Seigneur lui demande depuis bien des années et qu’il s’ingénie à reporter aux calendes grecques. En fait, il s’agit moins d’une remise en question fondamentale que de faire advenir ces richesses inemployées, ces potentialités merveilleuses qui somnolent au cœur de chacun. Oui, « voici le temps favorable » à un doux remaniement, bien opportun. Pour un nouveau départ, pour une résurrection pascale… pour un merveilleux printemps conjugal !
Denis Sonet