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Comment aider un enfant timide à trouver sa place ?

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Edifa - publié le 26/12/20 - mis à jour le 06/05/24
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Votre enfant est mal à l’aise en collectivité ou face à la nouveauté ? Pas de panique, sa timidité, plus ou moins prononcée, nécessite juste un accompagnement tout en nuances.

Aymeric a 6 ans, et vient de rentrer en CP. Il rêve d’être footballeur professionnel, mais, dans la cour de récré, il préfère observer les autres jouer. « Je ne cours pas assez vite », explique-t-il à Priscille, sa maman, alors qu’il lui raconte le match le soir avec passion. « Bavard, parfois trop à la maison, avec les personnes qu’il connaît bien, raconte celle-ci, c’est un petit garçon heureux, facile à vivre et apprécié de ses petits amis. » Il a pourtant passé ses trois années de maternelle sans desserrer les lèvres. Depuis peu, « il lève le doigt et participe, j’étais très heureuse et étonnée quand sa maîtresse m’a dit ça ». Attentive au comportement d’Aymeric sans dramatiser, Priscille attribue sa timidité à plusieurs facteurs : « Petit, mon mari était aussi perçu comme timide, mais lui n’était pas mal à l’aise. Simplement, il préférait observer. » Un tempérament peut-être accentué du fait qu’il a longtemps été gardé seul chez une nounou, analyse sa maman, dont le cœur se serre parfois quand elle voit son fils en difficulté.

Ne pas s’affoler et être attentif aux petits signes

Des enfants timides, Catherine Nivet en a tous les ans dans sa classe. Professeur des écoles depuis une trentaine d’années en petite et moyenne sections de maternelle, elle tient à faire la différence entre l’élève réservé et l’élève timide. « Le premier, par tempérament, ne se livre pas au premier venu ou a besoin d’un temps d’observation pour bien entrer en relation. Le deuxième va vraiment se mettre en retrait, se faire tout petit, comme s’il voulait disparaître, par peur de l’image qu’il va donner de lui, ou crainte de mal faire. » En tant que parent, comment trouver l’attitude juste quand son enfant reste dans son coin alors que les autres jouent ensemble, se dandine d’un pied sur l’autre en refusant de dire bonjour, ou fait des crises d’angoisse incompréhensibles dans des situations anodines, alors qu’il est tout autre à la maison ?

« J’évite au maximum de le brusquer », affirme Priscille. Plus que les injonctions à se lancer, à jouer avec les autres, elle préfère le rassurer, et le mettre en confiance, convaincue que la timidité est un symptôme d’anxiété : « Je sais que les rituels sont très importants pour lui : alors je fais attention à ne pas oublier le câlin du matin, quand je le dépose à l’école, parce que je sais que la matinée en dépend. » Elle reste toutefois attentive à ce que son fils ne s’enferme pas dans ce personnage d’enfant timide, car elle sent qu’il peut y avoir « une tentation de la facilité ».

Catherine Nivet recommande aux parents de ne pas s’affoler, et d’être attentifs aux petits signes qui montrent que l’enfant va bien : « Quand on l’observe à la dérobée, il y a toujours un moment où l’enfant se détend et sort de sa réserve pour redevenir lui-même. C’est là qu’on peut l’encourager, et savoir ce qui lui plaît. Je crois qu’il est bon de provoquer des instants que l’enfant aime, comme la lecture, le sport, le dessin, ou toute autre activité dans laquelle il soit à son aise pour s’exprimer. Peu à peu, il va apprendre à se connaître et à s’aimer lui-même. » Par le regard bienveillant posé sur eux, les enfants timides ont besoin « de savoir que chacun a sa part dans le monde : ils sont importants, ils ont des choses à apporter aux autres ».

Sortir des projections que l’on peut faire sur son enfant

Et si l’accompagnement de son enfant commençait par un travail sur soi-même ? Anne-Astrid en est convaincue, elle dont l’aînée de 7 ans « se met à gesticuler, mange la manche de son pull ou regarde difficilement dans les yeux » les nouvelles connaissances. « J’ai remarqué que beaucoup d’enfants timides que je connais sont des aînés dans leur fratrie. Peut-être, inconsciemment, leur met-on trop de pression », se demande-t-elle. « On a tous envie que son enfant paraisse bien, qu’il dise bonjour... Or je sens qu’il vaut mieux que je reste en retrait, même si certains risquent de la trouver malpolie. Alors que, spontanément, je suis tentée de rectifier. L’essentiel pour l’aider à grandir est l’amour qu’on lui porte, sans la juger. »

Sortir des projections que l’on peut faire sur ses propres enfants, c’est aussi l’effort qu’a fait Hélène, mère de trois enfants, dont deux ont « une difficulté à aller vers l’autre, du mal avec la collectivité et à prendre la parole en classe ». « Au début, j’avais du mal à accepter cet état de fait, confie-t-elle. Puis j’ai senti que j’étais happée par cette pensée ambiante, qui veut que les adultes soient plus attendris par des enfants audacieux, voire insolents, que par des enfants plus discrets. Parmi les adultes, il y a bien des leaders et des seconds. Pourquoi n’admettrait-on pas la même chose chez les plus jeunes ? » Hélène parle beaucoup avec ses enfants : « Nous essayons de mettre des mots sur les peurs de chacun. On en parle, et on en rit, sans tabou ! » Parce que la timidité est aussi le symptôme d’une difficulté quant à l’estime de soi, elle répète à ses enfants : « Vous n’êtes pas ce que les autres imaginent de vous. » Elle en est convaincue, le tempérament réservé de ses enfants comporte de nombreux versants positifs : « Grâce aux discussions que nous avons en famille, j’espère qu’ils gagneront en liberté d’esprit, et qu’ils seront conscients que personne ne doit jamais être réduit à ce qu’on perçoit de lui. »

Sophie le Pivain

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