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Éveil musical : comment donner le goût de la musique à son enfant ?

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Edifa - publié le 10/11/20
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La sensibilité artistique se forme dès le plus jeune âge. Donner le goût de la musique à son enfant n’est pas si difficile, si on s’y prend bien. Mère de famille, organiste et professeur de musique, Marie-Pierre Picot dévoile aux parents ses astuces pour transmettre la passion de la musique aux enfants.

Comment faire découvrir à nos enfants la beauté à travers la musique ?
Marie-Pierre Picot : En y impliquant la part affective de l’enfant. Quand vous emmenez votre enfant à un concert, invitez son meilleur ami ! Quand il découvre un nouvel artiste chez un copain, offrez-lui son album. Expliquez pourquoi vous aimez telle musique et racontez-leur l’histoire à laquelle tel morceau vous fait penser. Ainsi, dans les canons de Johann Pachelbel, la basse revient toujours, elle exprime la constance, la ténacité. Cette musique est l’image, pour moi, de la ténacité d’une personne, au-dessus de laquelle des envies peuvent se manifester, ce qui est bien rendu par une mélodie plus légère. De même, j’explique aux enfants pourquoi telle musique ne me plaît pas. En peinture également : devant un tableau, je peux dire que j’en aime les couleurs par exemple, mais que je ne comprends pas ce que le peintre a voulu dire.

Par quel type de musique commencer ?
Je crois qu’il faut en proposer souvent, et de toutes sortes ! On peut par exemple emmener ses enfants à des auditions d’écoles de musique, des concerts de Noël, des productions d’orchestre. C’est souvent là d’ailleurs qu’on trouve un bon public et qu’on récolte de très gros applaudissements. Ce qui se passe dans une salle est important et l’enfant est apte à le percevoir. Nous emmenons souvent nos enfants au concert, même le dernier de 4 ans qui s’endort avec son doudou au bout d’un quart d’heure ! Surtout, n’attendons pas l’adolescence pour commencer : les ados sont trop critiques. Quant au choix des musiques, tout est bon, c’est-à-dire toute la musique classique ou encore la variété comme les Beatles.

Il faut finalement donner l’occasion aux enfants d’éprouver des émotions musicales très intenses. Quand j’avais 5 ans, j’ai entendu chanter une dame habillée d’une robe rouge vermillon. Ce souvenir m’est encore très présent, car cette dame m’a donné envie d’être musicienne. Mais attention, les doses de musique sont à instiller de façon homéopathique : l’enfant doit toujours rester sur sa faim. De plus, il doit sentir qu’il est libre dans ses goûts. Ce n’est pas parce qu’il n’aime pas telle musique qu’il sera moins aimé de ses parents !

Comment réagir face à un enfant passionné de musiques à la mode ?
Quand un enfant découvre un ou une artiste à la mode, il faut lui demander s’il a envie de l’admirer, s’il le trouve intelligent(e), s’il a envie de la/le connaître. L’important, c’est de faire formuler à l’enfant pourquoi il aime telle chanteuse ou tel chanteur. On a le droit de dire que cela ne nous plait pas sans dire que c’est moche.

“Il faut donner l’occasion aux enfants d’éprouver des émotions musicales très intenses.”

Il faut comprendre que les adolescents sont en demande d’idoles, qu’ils ont besoin de faire partie d’un clan et qu’ils aiment ce qu’aiment les membres du clan. Plus le jeune se sentira libre de choisir ses stars, plus vite le cas échéant il les mettra au panier ! Attention à l’esprit de contradiction : si vous lui dites que c’est nul, il va s’arcbouter sur son choix. Laissons donc à nos enfants la liberté d’aimer leurs artistes, mais en même temps, orientons-les vers d’autres idoles. On peut par exemple leur faire écouter des chanteurs de notre époque, comme Jean-Jacques Goldman, il est un bon trait d’union avec des musiques plus anciennes. Pour ma part, au moins, j’en comprends les paroles !

Comment éviter que l’enfant ne s’embourbe dans la variété « niveau 0 » ?
Il faut être très détendu par rapport aux goûts des enfants, parce qu’ils en changent. Chaque chose en son temps ! La maturité conditionne le goût. Par exemple, à 5 ans, une personne aime le Coca, à 40, elle aime le bon vin. On pourrait même dire que le « mauvais goût » des enfants est un passage obligé… Sans même parler de mauvais goût, il y a des progressions : petite, j’ai aimé Offenbach, avant d’adorer Bach.

Tout le monde peut-il apprécier la musique ?
Il n’est pas besoin d’être connaisseur pour l’apprécier. Il suffit d’apprendre à rêver sur une musique sans hésiter à dire les choses qui nous passent par la tête. Savoir traduire une émotion musicale avec des mots. Il est important aussi de faire goûter une interprétation musicale plutôt qu’une autre. Mes enfants, par exemple, ont réalisé que telle interprétation pouvait les faire danser alors qu’une autre interprétation de la même musique ne leur produisait aucun effet !



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Certaines musiques nécessitent pourtant un peu d’explication !
Evidemment. L’approche intellectuelle ou scientifique procure de très grandes émotions musicales. Ma mère m’avait offert une sonate de César Franck… j’ai dû beaucoup l’écouter pour l’aimer. La Messe de la Pentecôte de Messiaen est moins facile d’accès que du Clayderman ! Mais on y trouve des effets comparables aux effets de lumière employés dans une aquarelle…

Que conseillez-vous aux parents dont les enfants souhaitent pratiquer un instrument ?
L’essentiel à mes yeux est de confier les enfants à un professeur très humain. Il y a une immense part affective dans l’apprentissage de la musique. Ma fille, qui travaille un morceau de violoncelle, s’efforce de le jouer comme son professeur l’a lui-même joué. Parce qu’elle a de véritables « atomes crochus » avec lui. Plus tard, elle pourra y mettra plus même : un bon professeur, c’est aussi quelqu’un qui veut faire grandir ses élèves. Si l’enfant est respecté, il se sent libre en jouant de son instrument. En effet, jouer, c’est se montrer soi tel qu’on est.

Voilà pourquoi je n’hésite pas à dire qu’il ne faut pas d’abord choisir l’instrument mais le professeur. Si aucune relation forte ne s’installe avec l’élève, mieux vaut ne pas insister. A long terme, un mauvais professeur peut même être « toxique » pour un enfant qui a un véritable talent musical.

Propos recueillis par Bénédicte de Saint Germain


BOB DYLAN
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