Quand l’un des époux vient à mourir, le lien juridique et sacramentel qui les unissait disparaît. Est-ce à dire que leur amour s’éteint ? Absolument pas. Il est même appelé à grandir, plus vivant que jamais.Après le décès de son âme sœur, le conjoint qui reste sait que celui qui est parti demeure présent dans son cœur. Il s’agit d’une présence réelle. Puisque le Christ se trouve dans notre cœur et qu’Il ne fait qu’un avec tous les membres de son Corps mystique, nous avons le droit de penser que nos défunts habitent notre cœur, en train de nous aimer et de prier pour nous. Si nous souffrons à la pensée que nous aurions dû leur demander davantage pardon lorsqu’ils étaient encore sur terre, rappelons-nous que, dans leur éternité, ils n’ont aucun mal à nous pardonner !
« Compagnons d’éternité »
Certes, le conjoint qui reste peut fonder un nouveau foyer et recevoir une nouvelle fois le sacrement de mariage. Si c’est une veuve, elle aura dans le Ciel deux hommes qui lui feront la cour et on ne l’accusera pas de bigamie ! Du temps de Jésus, les sadducéens – ceux qui ne voulaient pas entendre parler de résurrection des morts sous prétexte que les premiers livres de la Bible n’en parlaient pas – se servaient de cet exemple pour se moquer des pharisiens qui y croyaient. Ils se racontaient en rigolant l’histoire de cette femme qui avait épousé successivement sept maris. « ‘’Alors, à la résurrection, duquel des sept sera-t-elle l’épouse, puisque chacun l’a eue pour épouse ?’’ Jésus leur répondit : ‘’Vous vous égarez, en méconnaissant les Écritures et la puissance de Dieu. À la résurrection, en effet, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme les anges dans le ciel.’’ » (Mt 22, 28-30). Jésus ne dit pas que nous deviendrons des anges, puisque, précisément, nous retrouverons alors notre corps. Mais ce sera tellement un corps de gloire que nous serons comme des anges, c’est-à-dire que notre corps, notre sexualité seront transfigurés au point que nous pourrons aimer plusieurs personnes à la fois et leur manifester cet amour avec des gestes « angéliques » !
Mais il ne manque pas de veufs et de veuves qui choisissent de ne pas se remarier et qui préfèrent vivre l’épreuve de leur veuvage comme un noviciat, comme une ultime préparation au plein épanouissement de leur amour. Ils croient de tout leur cœur que les plus belles années de leur mariage sont à venir, à cette différence près que ce seront des siècles sans fin. Sans une seconde d’ennui, sans l’ombre d’une dispute, d’un malentendu ou d’une jalousie ! « Compagnons d’éternité », ils le seront à jamais !
Père Pierre Descouvemont
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