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Apprendre à son enfant à discerner les dangers sans émousser sa capacité d’émerveillement

PARENTING
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Edifa - publié le 20/10/20
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Les parents doivent valoriser l’émerveillement de leurs enfants, tout en leur apprenant à discerner les dangers environnants, afin qu’ils s’en protègent positivement. Quelques conseils pour relever cette double mission éducative. Sur le plan éducatif, une tâche délicate consiste à confronter l’enfant à une réalité qui n’est pas toujours rose, sans pour autant casser en lui sa capacité d’émerveillement. Psychologue et conseiller en entreprise, Yves Boulvin donne des clés aux parents.

La joie de vivre : une question de tempérament, innée, ou à acquérir ?
Yves Boulvin : Dieu a mis au fond de chacun de nous, sans exception, sa joie de vivre. Mais les lourdeurs de l’hérédité, les habitudes de tout voir en négatif, le souvenir de souffrances, les deuils, les angoisses, les ruptures, peuvent l’ensevelir. Pourtant, ce potentiel de vie reste intact au fond de nous. Un cheminement intérieur peut aider à le faire émerger de toutes ces couches successives.

Petit, l’enfant s’émerveille de tout et de rien. Quel rôle avons-nous à jouer pour que cet esprit d’enfance ne s’assombrisse pas ?
Chacun a une vocation particulière. Aux parents de révéler le trésor spécifique qui habite le cœur de leur enfant. D’où la nécessité d’une pédagogie positive. Par exemple, lorsqu’ils relèvent un défaut – et c’est leur rôle de le faire -, je leur suggère de respecter trois étapes : s’en tenir au fait, donner un objectif de changement, puis féliciter de tout progrès réalisé, même minime. Ils veilleront à proscrire les phrases poison comme « Tu es méchant ! », « Tu ne réussiras pas ! » Mieux vaut faire remarquer : « Tu as donné un coup de pied à ta sœur. Je comprends que tu ne sois pas content, car elle a cassé ta voiture. Tu as le droit de lui en faire le reproche, mais autrement, sans crier, sans taper. Le plus important maintenant, c’est de réparer ta voiture ».

“Valoriser les progrès suppose que les parents agissent de la sorte envers eux-mêmes et aient retrouvé leur propre capacité d’émerveillement.”

Les enfants adoptent souvent les attitudes de leurs parents ?
Les comportements des parents structurent ceux des enfants. Si le père et la mère s’alimentent fréquemment en mauvaises nouvelles qu’ils ressassent, sans agir, ils entretiennent une atmosphère lourde, décourageante. La mère qui ne se ressource pas assez finit le soir par crier contre ses enfants et rouspéter contre son mari qui rentre tard. Elle risque ensuite de s’en vouloir ou au contraire de justifier sa colère. Le mari fatigué qui devient trop autoritaire ou cassant, les parents qui parlent en négatif d’une personne absente : quels modèles donnent-ils aux enfants ? L’enfant devra se libérer plus tard de ce climat affectif négatif.


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Quelles résolutions les parents peuvent-ils prendre pour entretenir la joie de vivre ?
Il importe d’adopter le regard de lumière que Dieu pose sur chacun. Il croit en nous et nous aide à croire en nos enfants, quoi qu’ils fassent. Cette foi en eux les aide à s’épanouir. Valoriser les progrès suppose que les parents agissent de la sorte envers eux-mêmes et aient retrouvé leur propre capacité d’émerveillement. Un bon amour de soi consiste à recevoir l’amour de Dieu et à le remercier pour les qualités qu’il a mises au fond de nous. Débordants de gratitude, nous avons envie de faire fructifier ce trésor. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie » (Mt 3, 17) : voilà un chemin de résurrection pour chacun.

Comment ne pas les surprotéger pour autant, les confronter à une réalité qui n’est pas toujours rose ?
« Soyez donc prudents comme les serpents, et candides comme les colombes » (Mt 10, 16), invite le Christ, qui a guéri mais qui savait aussi s’opposer fermement. Voilà une double mission éducative : valoriser l’émerveillement de l’enfant, tout en lui apprenant à discerner les dangers environnants, afin qu’il s’en protège positivement. Lorsque sa personnalité se fortifie, il devient capable de trier ce qu’on lui dit, de recadrer les autres lorsque c’est nécessaire, de dire non, de surmonter les difficultés.

Les parents ne peuvent (et ne doivent pas !) épargner à leur enfant des coups durs, des souffrances, les conséquences des deuils. L’essentiel consiste à lui apprendre à rebondir. Plus il saura tirer tôt les leçons des événements, plus il sera armé pour la vie. Cela suppose que les parents eux-mêmes aient appris à traverser les épreuves, non en victimes, en ruminant, en regrettant – « J’aurais dû », « Je n’ai pas » – ou en se révoltant – « C’est à cause d’eux ! » -, mais dans la certitude que de tout mal Dieu tire un bien. Dieu est présent dans le présent. Comme pour la femme pécheresse, le Christ ne nous invite pas à revenir de façon compulsive sur le passé, il nous demande : « Et maintenant, que vas-tu faire, que décides-tu ? »

Propos recueillis par Stéphanie Combe


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