Savez-vous que votre maison révèle ce que vous êtes ? Explications avec la psychothérapeute Anne-Catherine Desmichelle-Chardon.Dans son sens symbolique, la maison représente le foyer. La maison, ce sont les murs, le foyer en est l’âme. La maison évoque la construction, ce qui est édifié. Elle représente d’abord le lieu où l’on s’est construit. Lieu de l’enfance, des apprentissages, de l’intime, du familial et du familier. Lieu où se sont progressivement, pierre par pierre, forgés nos repères. La maison est à notre image, et dit beaucoup de nous. C’est la raison pour laquelle les thérapeutes sollicitent les enfants pour qu’ils dessinent une maison : fondement stable, ouvertures souriantes, toit protecteur ou architecture brinquebalante, béances angoissantes, chemin étriqué.
Notre désir de maison reflète ce que nous sommes
Si la maison est le lieu qui construit, c’est surtout le lieu que l’on choisit de construire. Des murs pour créer un foyer conjugal, familial et spirituel. « L’homme prévoyant […] a construit sa maison sur le roc. […] La maison ne s’est pas écroulée » (Mt 7, 24). Ce texte si souvent choisi par les jeunes couples lors de leur mariage, exprime bien cette symbolique de la maison et du foyer.
Notre désir de maison reflète alors ce que nous sommes. Il y a l’extérieur, ce qui est apparent, ce que l’on veut montrer. Il y a l’intérieur, là où on laisse entrer, où on accueille le proche ou l’inconnu. « Mon intérieur » peut protéger, permettre de me ressourcer, de me recentrer, mais aussi de mettre des barrières et d’exclure.
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Locataire, propriétaire, selon les temps de la vie, des désirs et des aptitudes, la maison est un lieu transitoire, un tremplin pour d’autres départs, ou au contraire un lieu de stabilité et de fondation. Qu’elle accueille une colocation ou une vie familiale, qu’elle soit refuge pour fuir la ville, prier, vieillir, elle est lieu d’ancrage et d’ouverture, mais aussi de repli sur soi, de solitude, d’exclusion des autres, d’enfermement. Témoin de nos secrets, de nos échanges, de nos rires et de nos pleurs, la maison abrite nos vies.
S’offrir un toit, c’est choisir un projet de vie
La maison évolue, embellit, s’adapte aux aléas et vicissitudes de la vie. Toutes ces transformations réjouissent quand elles se font sans heurt et accompagnent harmonieusement des décisions choisies. Elles agressent quand nous les subissons. La maison nous devient alors étrangère et perd le sens qu’elle nous avait offert et que nous lui avions si volontiers accordé. Une jeune fille disait en thérapie : « Depuis la séparation, mon papa vit encore dans la maison. Mais nous n’avons pas envie d’y aller, si nous n’y sommes pas tous les cinq, alors ce n’est plus notre maison. »
Choisir sa maison, ce n’est pas seulement s’offrir un toit pour aujourd’hui, c’est choisir un projet de vie. C’est inventer un modèle qui appartient à chacun de nous, fruit de notre histoire, mais aussi germe d’un lendemain. Une maison se construit lentement et les travaux intérieurs ne sont jamais achevés. Il y a toujours un élément à améliorer, c’est ce chemin à parcourir qui fait notre grandeur.
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