Parmi toutes les devises que l’on peut se donner pour guider sa vie, la plus belle pourrait bien être : “Je mets mon honneur à mériter confiance”, le premier article de la loi des scouts.Dans la vie, il est très bon d’avoir quelques formules-clés dont on raccroche. Elles permettent de faire le point périodiquement. C’est une bonne pratique que de choisir une conception ou de se fixer quelques règles de vie. On peut ensuite se les rappeler et les méditer à temps perdu, ce qui vaut mieux que de “ne penser à rien”, ou pire … Le Décalogue lui-même, ces fameux dix commandements que Moïse transmet au peuple hébreu pendant son Exode à travers le désert , n’est pas autre chose qu’une ligne de conduite qui permet au peuple de régler son comportement et de le réajuster sans cesse. Et il faut sans cesse se le rappeler. Si vous n’avez pas encore choisi votre devise, pourquoi ne pas réfléchir à celle-ci: “Je mets mon honneur à mériter confiance”
L’honneur, le reflet de notre vie intérieure
Il y a quelque chose de grand à poser d’abord comme principe qu’on a un honneur, un honneur de personne humaine, d’enfant de Dieu, et que cet honneur est pour nous la choisi la plus précieuse parce que la plus personnelle. L’honneur dont il est question est le reflet de notre vie intérieure . Il a le sens de l’honneur celui qui a le sens de sa dignité humaine. Celui qui sait qu’il ne peut pas faire n’importe quoi sans déchoir, sans se déjuger, sans se déshonorer. Celui qui a le sens de ses responsabilités et qui a rencontré un point d’honneur à l’assumer. Celui qui ne fait pas en cachette ce qu’il n’accepterait pas de faire au grand jour.
Il a de l’honneur celui qui respecte la parole qu’il a donné. On peut compter sur lui, ce n’est pas une planche pourrie qui va trahir celui qui prend appui sur elle et le laisser tomber. Être une personne d’honneur est un personnel idéal qui a de fortes intensités sur la vie en société. Ce sens de l’honneur n’a rien à voir avec le sentiment de son importance, qui est une caricature de l’honneur. Ce sentiment assez superficiel suscite une attitude qui n’a rien à voir non plus avec le sens de l’honneur: la susceptibilité, qui consiste à se draper dans le manteau de l’indignation chaque fois qu’une réflexion, un mot, un geste sont interprétés comme dirigés contre soi!
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Il y a bien de la prétention à se croire important, et cette attitude n’honore pas celui qui l’adopte. Comme, ordinairement, on ne se trompe pas sur les autres, il suffit de reporter sur soi le regard aiguisé qu’on porte si facilement sur autrui, pour se faire une juste idée de soi-même.
Comment mettre son honneur à mériter confiance
Mettre son honneur à mériter confiance manifeste, en revanche, de la noblesse d’âme. Car celui qui adopte cette attitude ne le fait pas pour que ça se voit. Au contraire, c’est d’abord une attitude vis-à-vis de soi-même. C’est dans son cœur qu’on décide de tout faire pour mériter la confiance des autres. Celui qui décide de tout faire pour ne pas décevoir ceux qui lui ont fait confiance montre à quel niveau il vit.
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Ce ne sont pas les exploits, mais la fidélité à de fortes convictions qui fait les grands. On peut, par conséquent, trouver dans la vie quotidienne une multitude d’exemples, sans avoir à rêver tout de suite d’actions éclatantes: rapporter un objet que l’on a emprunté; prendre soin de ce qui vous a été confié; tenir une promesse; respecter la parole donnée; être à l’heure à ses rendez-vous, etc.
Celui qui met son honneur à mériter la confiance des autres, ne vit pas dans la seule préoccupation de ce que les autres pensent. Au contraire, il met un point d’honneur à rester indépendant de l’opinion courante…
Celui qui a rencontré son honneur à mériter la confiance des autres, ne vit pas dans la seule préoccupation de ce que les autres pensent. Ce serait une déviation de la devise. Au contraire, il sait rester indépendant de l’opinion des autres, ne pas se soucier de ce qui se dit dans son dos sur son compte. Il reste fidèle à la règle de conduite qu’il s’est fixé à l’intérieur de son cœur. Il reste fidèle à lui-même, à ses convictions intimes, à son idéal de vie, à la rectitude de sa pensée, à sa conscience. Il met un point d’honneur à rester indépendant de l’opinion courante, et surtout à ne pas faire de concessions aux pressions qui le pousseront toujours à accepter une foule de petits compromis, pour «faire comme le monde», pour «ne pas se faire avoir », pour« ne pas être plus bête que les autres ».
Un homme d’honneur, même seul, suffit à transformer le visage du monde.
ll n’est pas si facile de rester indépendant, et de tenir dans le courant qui emporte tout. Il n’est pas si simple de décider d’être un homme d’honneur et de le rester quand le monde ne parle que de magouille, d’arrangements douteux, de dessous de table. Mériter la confiance d’autrui. Il y a là une attitude chevaleresque qui ne peut que séduire ceux qui rêvent d’accomplir de grandes actions, et de changer le monde. Il est bien certain que le meilleur moyen de changer le monde est de changer son cœur.
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Comment faire autrement ? Il ne faut pas attendre que les autres commencent, il ne faut pas attendre que les structures changent ou que des lois régissent tout. Il faut commencer soi-même et tout de suite. Il faut être persuadé qu’un homme d’honneur, même seul, suffit à transformer le visage du monde.
Dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit
Telle fut l’œuvre du Seigneur Jésus, celle qu’Il nous a enseignée et commandée d’imiter. Son honneur fut de vivre ce qu’Il portait dans le plus profond de son cœur. Il a mis son honneur à mériter confiance. Mais on ne l’a pas cru et II en a payé le prix. Il a préféré mourir plutôt que de trahir la parole de son Père. Son idéal peut se résumer en ces quelques mots :
« Je dis ce que je fais, je fais ce que je dis ». Ce que Jésus reproche aux pharisiens, quel que soit par ailleurs le sérieux de leur vie religieuse, c’est d’avoir un double langage (Mt 23, 3).
Il leur reproche de préférer l’apparence au vrai. Ils ont beau visage, mais leur cœur est trouble. Et, finalement, on ne peut pas leur faire confiance. En ce sens, Ils n’ont pas d’honneur. Jésus qui est si bon et si compréhensif pour les plus gros pécheurs, se montre impitoyable pour ceux à qui on ne peut pas faire confiance. Il suffit de lire le chapitre 23 de l’Évangile selon saint Matthieu pour voir avec quelle violence Jésus les traite. Le pharisaïsme, tel que le fustige Jésus, est justement l’attitude de celui qui ne met pas son honneur à mériter confiance.
Même si nous sommes de grands pécheurs, même si nous sommes faibles, et lents à faire le bien, même si nous avons le plus grand besoin de la compréhension de nos frères et de leur miséricorde, jamais nous ne sommes dispensés d’être des hommes d’honneur. Y renoncer serait démissionner d’être un homme! Ce serait accepter de n’être plus témoin, car le témoin, si on ne peut plus faire confiance à son témoignage, est condamné au silence de la honte. Qu’à Dieu ne plaise!
Alain Quilici