La dépression d’un conjoint a souvent des répercussions négatives sur la vie de famille. La morosité permanente de la personne dépressive et sa fatigabilité finissent par créer un climat insupportable, accentué en cas de refus de se soigner. Dès lors que faire ?
Lui montrer que l’on comprend ce qu’il vit
Voyons d’abord ce qu’il ne faut pas faire : la tentation est grande de lui demander de « se secouer », de « faire un effort » pour sortir de son marasme. Mais on ne demande pas à un cul-de-jatte de marcher ! On ne saurait donc demander à un dépressif de réagir puisque, justement, c’est le « vouloir » qui est atteint : il se fait même une montagne de se soigner !
L’attitude première consiste à lui montrer que l’on comprend ce qu’il vit. Une personne dépressive est dans un état permanent de détresse : la vie lui paraît terne, sans objet. Elle n’en perçoit que le négatif. À la perte de motivation s’ajoute une fatigue intense qui la cloue dans un besoin de ne rien faire. Cela est susceptible d’irriter le conjoint, qui peut penser que le malade n’y met pas du sien. Autant une personne est capable d’un dévouement inlassable pour un époux atteint d’un cancer, parce qu’elle sait qu’il n’y est pour rien, autant elle supporte souvent mal une maladie perçue plus ou moins confusément comme imputable au malade (au moins dans le refus de se soigner) !
Libérer la parole pour accompagner vers les soins adaptés
Le conjoint doit ensuite permettre au malade d’exprimer les sentiments négatifs qui l’assaillent. Il peut être le premier thérapeute dans la mesure où il accueille ces sentiments, en se gardant bien de les minorer ou de les corriger. Par ailleurs, il est utile que le dépressif puisse formuler les raisons de son refus de se soigner : certaines peuvent être fondées si, par le passé, des traitements n’ont pas été concluants. Ce dialogue conjugal, en apportant un certain réconfort au malade, peut lui donner le désir de trouver un autre lieu de parole plus efficace.
Mais un lieu de parole peut ne pas suffire, d’où la nécessité d’une médication. Souvent sceptique sur l’efficacité des antidépresseurs, le malade a besoin de savoir que l’on peut s’en sortir, même s’il a tendance à désespérer en raison des retours cycliques des phases dépressives. La rencontre avec un tiers qui a connu la dépression, et qui en est sorti victorieux, pourra lui prouver qu’il n’est pas vain de chercher dans la variété des antidépresseurs celui qui pourra le soulager. Enfin, les moments de méditation dans l’abandon au Seigneur ont une réelle valeur thérapeutique.
Denis Sonet