Dans la vie, il y a tous les jours des décisions à prendre. Et dans certains cas, il n’est pas facile de voir tout de suite la direction à emprunter. Quelques conseils pour se lancer et faire le(s) bon(s) choix ! Un achat de maison, une orientation scolaire, un nouvel engagement ? Parmi les décisions que nous avons à prendre, certaines ne portent pas à conséquence, mais d’autres peuvent changer le cours de notre existence et la vie de toute notre famille. Dès que se présente une situation inattendue, nous voilà tenus de discerner, c’est-à-dire d’exercer notre jugement pour choisir le meilleur. Mais comment faire ?
Introduire la présence de Dieu dans le choix à faire
La première étape est de savoir quels sont les termes de notre choix. Entre les deux, notre cœur balance. À nous de déterminer les possibilités qui s’offrent à nous. Parfois, il est nécessaire de s’arrêter pour les formuler de façon précise, sinon on risque de perdre son temps à envisager de multiples éventualités ! « Il est important, déjà, explique le père Bernard Mendiboure, de poser la bonne question, sous forme d’une alternative : ou bien, ou bien. » Deuxième point de vigilance, il est évident que le discernement ne peut s’opérer que sur des éventualités moralement acceptables qui vont dans le sens de la charité.
Pas question de laisser Dieu à la porte de nos décisions, mais veillons à tout Lui soumettre, sous son regard paternel. Ne Lui confions-nous pas notre quotidien ? A fortiori, les tournants de nos vies. « La première condition est d’introduire la présence de Dieu dans notre choix et de chercher quelle est sa volonté, puisque nous savons qu’elle va nous rendre heureux et davantage libres », insiste le père Bernard Mendiboure. Avec cette assurance que Dieu ne demande jamais l’impossible, même si le pas est parfois difficile à franchir. Pour qu’émerge peu à peu la direction à prendre, on ne peut faire l’économie du temps consacré au Seigneur, dans le silence et la prière, la conscience éclairée par la parole de Dieu pour « sortir ainsi de la pure subjectivité », conseille le père Bernard Mendiboure.
« Le jour où nous avons pensé à nous fiancer, raconte Grégoire, nous sommes partis tous les deux en retraite. Quand le choix à faire est si engageant, il faut se retirer du monde et descendre au plus profond. » « En tant que parents, nous sommes très impliqués et il est difficile de savoir ce qui est bien pour nos enfants. J’ai compris un jour que je devais distinguer la volonté de Dieu de mon désir personnel et Lui faire confiance. Il permet certaines choses qui finalement se révèlent bénéfiques », confie Sophie, mère de famille. Après beaucoup d’hésitation, Marion et Thibault ont vu partir pour ses études leur fils dans un autre pays. « En fait, son choix s’est avéré très positif et, étrangement, nos liens se sont resserrés. », confient-ils.
Adhérer à la volonté de Dieu peut parfois être un combat
On parle de « trancher » quand on prend une décision. Nous opérons avec le scalpel du chirurgien pour séparer le bien du mal, les fausses raisons des bonnes. Parfois, cela fait peur. On le voit dans l’Évangile du jeune homme riche qui s’en alla tout triste.
Pierre, ingénieur, hésite sur un poste qui lui est proposé. La question se pose alors en ces termes : doit-il ou non signer ce contrat d’embauche ? Pierre va regarder ce qui correspond à ses goûts, son tempérament, sa compétence. Ensuite, il va réunir toutes les informations objectives sur l’entreprise, examiner les divers arguments en présence, la part de risque qu’il prend, en faisant une liste d’avantages et d’inconvénients dans les deux cas. Rassurant, saint Thomas d’Aquin affirme que la conscience a l’intuition de ce qui est bon. Dans la prière, Pierre va être attentif à ce qu’Ignace de Loyola appelle les motions, c’est-à-dire des ressentis de l’âme. Certaines idées, pensées ou projets, peu ajustés, donnent un plaisir passager, mais suivi de tristesse. A contrario, d’autres moins séduisants apportent une consolation durable.
Il est capital, pour toute décision, d’écouter les événements : « Lorsque nous avons voulu partir pour des raisons professionnelles à l’étranger, nous avons tenu compte des besoins de nos enfants, raconte Alfred. Nous avons réuni un conseil de famille où nos trois enfants ont donné leur avis. Nous avons pris du temps devant Dieu, demandé conseil à nos proches et nous avons choisi une ville frontalière avec la France ». Une décision parentale peut chambouler la vie des enfants. C’est pourquoi, les parents doivent être attentifs à ce que les enfants ressentent, mais sans leur demander de décider à la place des adultes.
Éclairer le chemin de la décision
Parce que le cœur de l’homme est complexe, parce que s’y trouvent mêlés sentiments, histoire personnelle, éducation, il est nécessaire de trier pour savoir où est la priorité. Seul, on peut rester dans la subjectivité et prendre ses illusions pour la volonté de Dieu. Rien ne sert de demander son avis à chacun de ceux que nous rencontrons. « Des conseils n’en demande qu’à un seul entre mille. », disait Ben Sirach le Sage. Il est aussi très important de dialoguer avec son conjoint avant de décider. Il y a en effet une grâce du mariage qui permet d’accueillir l’autre dans ses questionnements et ses difficultés. Paola prend conseil auprès de son mari pour avoir son avis, mais aussi auprès de deux ou trois amis : « Des gens que j’estime, dont l’opinion est précieuse pour moi en raison de leur cohérence de vie ».
Le temps est aussi nécessaire. La Tradition nous dit que si Dieu appelle, Il insiste dans le temps, son invitation n’est pas fugitive. « Les choses se découvrent dans la durée, remarque Agnès, mère de cinq enfants. On ne peut pas prendre une décision en un clic. Le temps permet de vraiment communiquer, de mettre le Seigneur dans le coup et loin du ressenti. » Quand, après trois enfants, Véronique a abordé avec son mari l’éventualité d’un quatrième, ça a été un non catégorique. « Philippe était tétanisé par l’aspect financier. Au bout de deux ans de cheminement, nous sommes enfin tombés d’accord. »
Vient ensuite le temps de la décision. Souvent, quand on a fait ce travail de discernement, voire de détachement par rapport à ses rêves, une certitude sereine émerge et s’impose aux époux. Agnès et Vianney discutent du sujet mais, pour certains domaines, l’un ou l’autre tranche, selon sa compétence. Parfois il peut paraître confortable de laisser la vie mener les événements, dans une forme de fatalisme. « Exercer son discernement détermine le passage à l’âge adulte, remarque Agnès. Il est utile de savoir pourquoi telle décision est prise et quels fruits on en attend. » Le discernement est une école de liberté. « En menant ce combat du discernement contre tout ce qui est divisé en nous, précise le père Bernard Mendiboure, en sortant de nous-mêmes, nous retrouvons notre liberté spirituelle. » Les fruits d’un bon discernement sont cités par saint Paul (Ga 5) : « Amour, joie, paix » « Ces signes sont bien plus qu’un soulagement, ajoute le père Bernard Mendiboure. Le bon choix porte des fruits dans la durée ».
Florence Brière-Loth
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