Un bébé commence à entrer en relation avec ceux qui l’aiment dès sa naissance, et même avant. Ainsi, il entre en relation avec Dieu, dès sa conception. Si la prière était une question de savoir-faire, on aurait fixé l’âge de la première prière à celui de l'acquisition par l’enfant de la parole, par exemple, ou celui de l'entrée au catéchisme. Mais la prière est une relation d'amour. Prier, c'est en effet entrer en relation avec Dieu : Lui parler, L'écouter. C'est donc très simple... aussi simple que de parler avec un ami, d'autant plus que l'Ami en question est toujours disponible et qu'Il nous écoute avec une attention extrême et un amour infini. Mais, c'est en même temps assez difficile, parce que nous ne Le voyons pas avec nos yeux et que nous ne L'entendons pas avec nos oreilles. Et pourtant, Il est là. Dans toute prière, il y a ce que nous faisons - notre silence, nos paroles, nos gestes, nos distractions ou notre ferveur - et ce que Dieu fait. Or, c'est cela le plus important : ce que Dieu fait.
Commencez à prier avec votre enfant dès sa naissance
Vous n'attendez pas que l'enfant soit capable de parler pour lui dire votre amour : eh bien ! Dieu non plus. Vous pouvez donc prier avec votre enfant dès sa naissance. Quand vous priez avec votre bébé (ou devant lui), Dieu agit réellement : Il regarde votre enfant, Il l'aime, Il se communique à Lui.
Le problème, c'est que nous avons tendance à envisager la prière comme quelque chose d'abstrait ou comme une démarche à sens unique, où seul compte ce que fait l'homme. "Puisque l'enfant ne peut pas voir Dieu, comment va-t-il prendre conscience de sa présence ?", se demandent de nombreux parents. La réponse est simple : en vous voyant et en vous entendant prier, il devient témoin de votre prière, il découvre tout naturellement que Quelqu'un est là, à qui vous parlez et que vous écoutez en silence.
C'est un peu comme lorsque vous téléphonez devant lui : avant même de savoir se servir du téléphone, il comprendra qu'il y a quelqu'un à l'autre bout du fil et que vous ne parlez pas dans le vide. C'est là que se situe la première approche de la prière, et la plus importante, bien avant que l'enfant soit capable de parler ou de faire un signe de croix.
Il n'y a pas de bonne manière de prier avec un petit
Nos paroles et nos attitudes ont cependant leur importance, puisque ce sont elles qui vont nous aider à nous tenir en présence de Dieu : pour cette raison, l'apprentissage de la prière passe aussi par l'acquisition de mots et de gestes. Mais il en va du langage de la prière comme de la langue maternelle : il s'apprend par imitation, en écoutant et en répétant, d'abord maladroitement, sans toujours comprendre, puis de manière de plus en plus élaborée et réfléchie. Le petit qui vous entend tous les soirs réciter le Notre Père et le Je vous salue Marie n'a pas besoin d’apprendre ces prières : avec le temps, elles seront inscrites dans son cœur.
La valeur de la prière ne se mesure pas à l'apparence, ne l'oubliez jamais. Certains enfants sages se montreront particulièrement dociles et recueillis, entrant facilement dans ce que vous leur demanderez à l'heure de la prière. D'autres auront l'air de s'en moquer éperdument, ne tiendront pas en place et poufferont de rire tous les trois mots. Les seconds ne seront pas forcément moins pieux que les premiers. S'il ne faut pas se satisfaire de leur chahut, il ne faut pas non plus s'en inquiéter. Le but n'est pas d'en faire des enfants modèles, mais de les aider à se mettre en présence de Dieu. En général, nous le leur apprenons plus en restant recueillis, plongés dans la prière, qu'en faisant de la discipline.
Il n'y a pas une bonne manière de prier avec un petit : il y en a autant que d'enfants. Il ne s'agit pas de reproduire chez vous ce qui se vit chez les autres, mais de trouver, pour chacun de vos enfants, ce qui lui permettra de grandir dans l'amour de Dieu. Même si vous pouvez glaner des conseils et des idées à droite à gauche, en définitive c'est vous qui êtes les mieux placés pour choisir ce qui convient. Et cela évoluera au fil du temps. Peut-être déciderez-vous, parfois, de remplacer la prière familiale par une prière avec chaque enfant, juste avant de dormir, ou au contraire, renoncerez pour un temps, à imposer quoi que ce soit à un petit chahuteur, vous contentant de prier devant lui. Mais peut-être aussi serez-vous conduits à prolonger un temps d'adoration silencieuse bien au-delà de ce que vous aviez prévu. Et vous découvrirez ainsi que, sur les chemins de la prière, ce sont bien souvent nos enfants qui nous entraînent.
Christine Ponsard +