Pour symboliser ce qui est nécessaire à la vie d’une famille chrétienne, on pourrait retenir cinq objets, parmi bien d’autres. Une famille doit obligatoirement avoir des passoires, celles dont Socrate parlait un jour à quelqu’un qui voulait lui rapporter quelque médisance. "Avant de parler, recommandait le vieux philosophe, il faut faire passer ce que tu veux dire à travers les passoires de la vérité, de la bonté et de l’utilité : Es-tu sûr que c’est vrai ? Est-ce bon ? Est-il utile de me le raconter ?". Ces trois passoires évitent de colporter des rumeurs plus ou moins déformées, éliminent tout propos malveillant et tout bavardage sans intérêt, pour retenir seulement ce qui, vérifié et i nspiré par l’amour fraternel, revêt quelque importance.Ne devrions-nous pas faire subir ce test à nos conversations familiales ? Les médisances et les ragots, sans même parler des calomnies délibérées, sont un poison mortel. Le pire est que souvent nous les répandons à la légère, presque sans y penser. Alors, avant d’ouvrir la bouche, n’oublions pas les trois passoires !
2Une ardoise, que l’on efface d’un coup d’éponge
Une ardoise, c’est le symbole d’un cœur qui sait pardonner et se donne sans compter. Bien souvent, on garde bien rangées dans un coin de sa mémoire les listes de ses propres mérites et des offenses que l’on a subies. Il y a des listes réservées au conjoint, aux enfants, et des "spéciales belle-famille". On encaisse, on encaisse sans rien dire ou presque, on serre les dents, mais on n’en pense pas moins. Avec le temps, la liste s’allonge et finit par sortir au grand jour. Au bout de deux, dix ou vingt ans de mariage, on énumère à son conjoint ou à sa belle-mère abasourdis des motifs de rancœur impitoyablement enregistrés. Et ça fait très mal ! Pour éviter de blesser son entourage, mieux vaut effacer d’un coup d’éponge les reproches inscrit sur l’ardoise une fois par an.
3Un stéthoscope pour mieux écouter les autres
Ce précieux instrument dont l’invention a permis au corps médical d’écouter la respiration et le cœur des malades, d’entendre ce qui est invisible pour les yeux, peut être très utile aux familles. Lorsqu’un de nos enfants raconte ce qui s’est passé à l’école, qu’une amie nous téléphone, ou que nous nous retrouvons entre époux, le soir après une journée de travail, écoutons avec notre "stéthoscope intérieur", avec cette attention profonde qui ne s’arrête pas aux apparences.
L’amour authentique permet de discerner des trésors cachés et de comprendre ce qui n’est exprimé qu’à demi-mot.
On dit souvent que l’amour rend aveugle. C’est le contraire qui est vrai : l’amour authentique permet de discerner des trésors cachés et de comprendre ce qui n’est exprimé qu’à demi-mot. Il va droit au cœur, sans se laisser piéger par un premier coup d’œil hâtif et superficiel. Il écoute en permanence avec un stéthoscope.
4Un rouleau à pâtisserie (pas pour les scènes de ménage !)
Chaque famille doit posséder un rouleur à pâtisserie, parce que la nourriture tient une place importante dans la vie familiale. Peu importe qu’elle soit bonne ou mauvaise, préparée avec amour ou servie n’importe comment, partagée joyeusement autour d’une même table ou avalée à la hâte devant le réfrigérateur. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la cuisine est souvent le lieu des confidences et des conversations les plus spontanées. Le rouleau à pâtisserie rappelle aussi que chacun est invité à mettre la main à la pâte. La maison familiale n’est pas un hôtel-restaurant. C'est un lieu où l’on apprend dès le plus jeune âge à rendre service. Si la nourriture se partage, les tâches qui l’entourent aussi ! Elles peuvent être vécues comme des corvées ou comme des occasions d’échanges irremplaçables.
5Une bougie pour prier
À l’ère de l’électricité, une bougie ne sert à rien, au sens strict du terme. Sauf circonstances exceptionnelles, une bougie est inutile… comme sont inutiles tant de choses essentielles ! Par exemple, la beauté dont nous ne saurions pourtant nous passer. Le jeu, sans lequel l’enfant ne peut se construire. Et tout ce temps "perdu" à ne rien faire d’autre qu’à savourer la joie d’être ensemble ! Enfin, la prière, bien sûr. Inutile, mais vitale. La bougie en est un beau symbole. Qu’est-ce que prier, en effet, si ce n’est brûler du temps pour Dieu et nous laisser brûler par Lui ? Quand nous prions, nous sommes comme une bougie allumée au feu de l’Esprit Saint, qui n’a rien d’autre à faire que de se laisser consumer.
Christine Ponsard