L'amour pousse à tout faire pour l'autre, mais il est nécessaire, avant de se marier, de connaître ses besoins, ses faiblesses, ses forces, ses qualités et ses défauts. Les différences peuvent certes être une richesse, mais aussi un pente franchement glissante. Pour deux personnes qui envisagent le mariage, le dialogue pendant les fiançailles doit donc aller jusque dans les moindres détails, ces « petites contingences » que l'on considère parfois avec une pointe de mépris — "l'amour dépasse ça !" —, et qui deviendront des obstacles au fil du temps, symptômes de dissentiments plus profonds. Des questions non résolues peuvent cacher des nids de vipères pour demain. Voici donc quelques exemples de questions à se poser, chacun de son côté ou ensemble.
1Les loisirs
Les loisirs pourraient paraître anodins, mais il n'en est rien. Un couple doit prendre plaisir à partager certaines activités, pour faire grandir sa relation et construire des souvenirs en commun qui ne se bornent pas aux sujets des enfants, du travail et de la maison. Parmi les questions à se poser : suis-je à l'aise avec les amis de l'autre ? Puis-je partager ses passions (comme le saut à l'élastique ou la plongée profonde...) ? Peut-il partager les miennes ? Ses loisirs dépassent-ils nos moyens ? Suis-je à l'aise avec les amis de l'autre ? Pouvons-nous supporter d'avoir des opinions politiques opposées ? Peut-on en parler ensemble ?
2La famille
On le sait, le rapport à sa famille et à sa belle-famille est un sujet récurrent de tensions au sein d'un couple. Pour prévenir ces discussions inévitable, encore faut-il se poser en amont les bonnes questions : dépend-il trop de ses parents ? Suis-je capable de vraiment « laisser mon père et ma mère » pour m'attacher à mon mari ? Et lui ? Manque-t-il de tendresse ou de sensibilité ?
3La vision de l'avenir
Un mariage se construit, tout comme un projet de vie. S'il faut laisser sa part à l'imprévu, sous peine d'être déçu, et laisser Dieu agir pour être à l'écoute de Sa volonté, il est inconscient de ne pas prendre le temps de partager à l'autre ses désirs et ses aspirations qui concernent la vie future du ménage. Parmi les questions qu'il est essentiel de se poser : sommes-nous d'accord sur notre futur niveau de vie ? Sommes-nous à peu près d'accord sur le nombre d'enfants que nous désirerons avoir ? Quelles différences y a-t-il entre nos valeurs respectives ? Entre nos conceptions du mariage, de la Foi et de sa pratique, de l'éducation religieuse de nos futurs enfants, y a-t-il des points où ces différences peuvent provoquer des conflits ?
4Les caractères
La vie à deux n'est pas simple, surtout quand on s'engage pour plusieurs décennies. Il n'est pas impossible pour deux caractères de feu de tenir sur la durée le marathon du mariage, mais il est prudent de se poser certaines questions sur la compatibilité des caractères : est-ce toujours lui qui obtient satisfaction en cas de discussion ? Pourrais-je tolérer cela toute ma vie ? Son caractère m'incommode-t-il ? Suis-je mal à l'aise avec son comportement en société ? Qu'en est-il de son usage du tabac, de l'alcool ? De son humeur maussade ou dépressive ? De son sens de l'humour ? Est-ce que je trouve satisfaisante la manière dont il prend en main ses problèmes personnels ? Avons-nous tendance à éviter de tels sujets ?
Accepter que l’autre ne soit pas comme nous l’avions rêvé
N'oubliez pas une chose : la vie de couple est très belle mais difficile. Elle bute toujours sur l'altérité, le fait que l'autre est autre, qu'il n'est pas moi. Et sur ce rêve idiot de la totale unité — on fera tout ensemble, on ira à la messe ensemble, à Carrefour ensemble... — la fusion... impossible ! Sommes-nous capables dans le fond d'accepter que l'autre ne soit pas comme nous avions rêvé qu'il soit ? Si oui, on peut s'aimer !
Père Denis Sonet