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Pouvons-nous goûter au bonheur sans trembler de le perdre ?

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Edifa - publié le 21/10/19
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“C’est trop beau pour être vrai !”. Cette réaction est bien souvent la nôtre lorsque tout va bien dans nos vies (même trop bien, selon nous), comme si le bonheur nous faisait peur et que nous voulions conjurer un mauvais sort en imaginant le pire pour ne pas être déçus. Mais pourquoi avons-nous si peur d’être heureux ? Dieu nous a créés pour que nous soyons heureux et la souffrance reste un des plus grands mystères auxquels nous nous heurtons. La foi, d’une certaine manière, rend ce mystère plus opaque encore : si Dieu n’existe pas, la souffrance est une fatalité, mais si Dieu est amour, comment peut-Il la tolérer ? Alors, nous pouvons être tentés de marchander avec Dieu : “Je Te donne si Tu me donnes ça”, comme s’il s’agissait d’apprivoiser une sorte de divinité toute-puissante, prête à nous faire subir quelque mauvais coup. Mais Dieu est notre Père : il ne souhaite jamais notre malheur et ne cesse de nous libérer du mal, quel qu’en soit le visage. Personne, plus que Lui, ne veut notre bonheur, et personne, en dehors de Lui, ne peut nous rendre heureux.



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Parce que nous avons peur du malheur à venir, nous avons tendance à nous méfier de Dieu, nous avons tendance à mettre notre confiance en toutes sortes de porte-bonheur, plutôt qu’en Lui seul. Nous n’osons pas nous abandonner totalement entre ses mains, tout Lui donner : ceux que nous aimons, ce à quoi nous tenons. Car nous avons peur qu’Il “en profite”. Bien sûr, Dieu “profite” de ce que nous Lui abandonnons. Il le met à profit, non pour Lui, mais pour nous. Pas pour nous déposséder et nous jouer quelque mauvais tour, comme le Malin cherche à nous en persuader, mais pour nous libérer. Quand nous sommes cramponnés à notre bonheur, nous ne le goûtons pas vraiment, tant la crainte de le perdre nous étreint.

Se laisser conduire par Dieu

Si nous mettons notre main dans celle de Dieu, cela n’empêchera pas le malheur d’entrer dans notre vie, mais nous n’aurons plus peur de la nuit. “Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure”, (Ps 22). Dieu a de grandes ambitions pour ses enfants, Il ne veut pas seulement leur donner un petit bonheur à ras de terre, mais Il veut les combler de son bonheur à Lui. Ce bonheur n’est pas de ce monde, mais Il nous est donné — à travers la souffrance — dès ce monde.


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Plus nous sommes capables d’accueillir le vrai bonheur, plus nous sommes heureux en profondeur. Or, lorsque tout va bien, il peut nous arriver de perdre le désir de ce vrai bonheur, de nous contenter d’un petit bonheur qui ne nous comblera jamais. Mais si c’est le vrai bonheur que nous cherchons, Dieu nous rejoint même au cœur des plus noires détresses pour nous le donner. C’est un chemin mystérieux, qui contredit toutes nos idées sur le bonheur : un chemin de Croix. Mais Il conduit toujours à Pâques. Lorsque nos bonheurs de la terre sont comme un reflet du bonheur du Ciel, le Malin nous susurre : “C’est trop beau pour durer”. C’est le contraire qui est vrai : c’est le mal qui est “trop laid pour durer”. N’étouffons pas en nous le désir du bonheur sans fin. Soyons disponibles à ce que Dieu veut nous donner : c’est très beau. C’est trop beau pour finir !

Christine Ponsard

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