Les images, d’une violence extrême, sont difficilement soutenables. L’assaut perpétré le 24 août par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), groupe armé affilié à Al-Qaida, à Barsalogho, dans le centre-nord du pays, pourrait bien être le pire que le pays a connu. Dans les quelques vidéos qui circulent, on y voit des djihadistes sur des motos qui longent une sorte de tranchée au fond de laquelle se trouvent des cadavres. Plus loin, certaines victimes sont achevées de quelques balles. Si l’attaque a été perpétrée le 24 août et que le gouvernement se refuse pour le moment à donner un chiffre officiel, le bilan ne cesse de s’alourdir et s’élève désormais à au moins 300 personnes tuées selon plusieurs sources locales, voire à 400 selon le Collectif justice pour Barsalogho (CJB), créé au lendemain de ce massacre de masse. Un massacre barbare qui s’est poursuivi le lendemain, dimanche 25 août, par un autre tout aussi glaçant. Entre 20 et 30 hommes ont été tués dans une église de Koulna, dans l’ouest du pays. Ils participaient à un office religieux lorsque des assaillants ont surgi dans l’église, chassant les femmes et les enfants, arrêtant les hommes, liant leurs mains dans le dos avant de les éliminer froidement.
Un "exécrable attentat contre la vie humaine"
Le pape François a confié son émotion ce dimanche 1er septembre à l'issue de l'Angélus. Condamnant cet "exécrable attentat contre la vie humaine", le Pape a souhaité exprimer "sa proximité à la nation entière" ainsi qu’aux familles des victimes. "Si vous suivez l'actualité, vous savez que ce n'est pas la première fois qu'il arrive une tragédie. Mais à ce que je sache, il n'y a pas encore eu une tragédie de cette ampleur-là depuis que les attaques terroristes ont commencé et sévissent dans notre pays (2015, ndlr)", a déploré Mgr Théophile Naré, l’évêque du diocèse de Kaya, dont dépend Barsalogho, sur les ondes de la radio allemandes Deutsche Welle (DW). L’évêque, qui a appelé à une journée de deuil et de prière, insiste insiste pour "Ne pas faire de ce qui est arrivé un non-événement". Avant de conclure : "Là où nous sommes tous interpellés, où nous avons à nous convertir. Tant que l'armée aura en face d'elle des extrémistes, je ne sais pas si on peut envisager une négociation immédiate et directe."
Les catholiques représentent environ 20% de la population du Burkina Faso, majoritairement musulmane. Depuis 2014, après que le président Blaise Compaoré ait été chassé du pouvoir, le pays est gangrené par les groupes armés terroristes (GAT) qui multiplient les attentats. "Le Burkina Faso était une société unifiée où régnait le vivre ensemble et la paix", confiait en juin 2023 Mgr Laurent Dabiré, évêque de Dori à Aleteia. "Le terrorisme a désormais le champ libre et personne ne peut savoir jusqu’où il ira." Face aux dynamiques de violences et d’attaques, les Églises locales se retrouvent impuissantes à éradiquer les désordres politiques et sociaux, tout en faisant beaucoup pour aider les populations civiles. Les diocèses sont abondamment mobilisés dans la lutte contre les violences et nombreuses sont les associations locales et internationales, catholiques ou protestantes, à œuvrer pour la paix.