Les auditeurs les connaissent depuis quarante ans. RCF et la très parisienne Radio Notre-Dame unissent leurs forces en lançant pour la première fois une matinale commune aux deux antennes. Coproduit par les deux radios, ce nouveau programme partagé est l’étape la plus emblématique d’un rapprochement qui s’opère entre elles depuis plus d’un an. Créées dans les années 1980, les deux antennes ont toujours fonctionné indépendamment l’une de l’autre. Fondée par le cardinal Jean-Marie Lustiger, Radio Notre-Dame se concentre essentiellement sur l’actualité religieuse parisienne. Avec ses 64 antennes locales, RCF s’est quant à elle forgée la réputation d’un média de proximité, accessible et moins conservateur que sa voisine parisienne. "Les mentalités dans l’Église ont évolué, on n’est plus dans une opposition entre le diocèse de Paris et les diocèses de province", estime Louis Daufresne, rédacteur en chef de Radio Notre-Dame et co-présentateur de la nouvelle matinale. "Cela permet à RCF d'accéder à la capitale, et à Radio Notre-Dame de bénéficier d'un plus large bassin de diffusion avec les 55 millions d'auditeurs potentiels en France, plus la Belgique". "Je suis enchanté de ce rapprochement, lance Etienne Pépin, rédacteur en chef des programmes nationaux de RCF. "On menait déjà ponctuellement des programmes communs, comme pour les JMJ ou la messe du pape à Marseille. Il est cohérent que l'on puisse se rapprocher pour de bon".
Vers une fusion
"Aujourd’hui, il n’y a plus de raisons majeures de travailler chacun de notre côté", estime aussi Bruno Courtois, directeur général de Radio Notre-Dame. Les deux radios ont des modèles économiques très différents. Si Radio Notre-Dame est financée à 90% par des donateurs et à 10% par des annonceurs, RCF est quant à elle plus dépendante des diocèses et des subventions publiques. "C’est un choix financier mais pas seulement", avance-t-il. "On doit arriver à quelque chose de plus commun pour être mieux organisés, plus visibles et redonner des signes d’unité. Les évêques le souhaitent, tout comme les auditeurs et les donateurs." Ce travail de rapprochement entre les deux antennes a commencé il y a un an et demi, aboutissant en septembre 2023 à la création de programmes communs "à hauteur de 4 à 6h par jour". Avec une matinale commune, les deux radios prennent désormais la direction d’une fusion complète "dans les prochains mois", assure le directeur général de Radio Notre-Dame. Philippe Lansac, directeur général des RCF, confirme. "Nous visons à former la plus grande radio chrétienne nationale et de proximité", assure-t-il. "C'est un mariage entre Paris et les provinces, dans l'objectif de continuer à développer notre audience, mais aussi de mutualiser nos forces pour investir notamment dans le digital, qui coûte très cher." Les journalistes de RCF ont par ailleurs rejoint les bureaux de Radio Notre-Dame, boulevard Edgar Quinet à Paris.
Démarrage le 2 septembre
Pour incarner ce mariage, la matinale RCF/Radio Notre-Dame sera co-animée par Pierre-Hugues Dubois et Louis Daufresne, deux figures bien connues des auditeurs. Le premier présente la matinale nationale de RCF depuis deux ans, quand le deuxième est une figure emblématique de Radio Notre-Dame, animateur du 7h-9h quotidien. Les deux feront maintenant équipe entre 6h30 et 10h, à compter du lundi 2 septembre. "Je suis très enthousiaste, cette évolution permet de grossir, de devenir un média plus important avec plus de monde, plus de moyens, et plus de projets à échanger", se réjouit Louis Daufresne. "C’est bien de faire les choses collectivement, cela enrichit l’antenne car nous avons plus de propositions éditoriales". La matinale devrait rassembler l'identité des deux antennes. Le "Grand témoin" de Radio Notre-Dame demeure, toujours animé par Louis Daufresne, qui animera aussi "l'Invité du jour" avec Pierre-Hugues Dubois. Ce dernier tiendra le fil rouge de la matinale, qui prendra fin avec le "Débat du jour" entre 9h et 10h, au cours duquel débattront trois chroniqueurs sur un sujet donné. La dimension spirituelle ne sera, bien sûr, pas oubliée : la "Prière du matin" offrira aux auditeurs la lecture et le commentaire de l'Évangile du jour une fois par heure au cours du programme.
Avec cette nouvelle matinale et, peut-être un jour, la fusion des deux radios, l'objectif est de créer un média avec un impact suffisamment puissant pour redonner un nouveau souffle à la présence catholique sur les ondes. "Il faut avoir une promesse claire : on écoute une radio catholique, il faut donc cultiver cette différence", insiste Bruno Courtois. "Le regard chrétien doit animer toutes nos émissions. La ligne éditoriale de ce média doit être plus décomplexée et plus libre, mais aussi plus audacieuse : nous avons des choses à dire, il ne faut pas avoir peur de le faire."
