Ce qui fait que le Pélé VTT a autant la “côte” auprès des ados

Un pèlerinage de cinq jours sur deux roues. C’est l’originalité du Pélé VTT, un camp vélo qui allie démarche spirituelle et performance sportive, et qui se déploie en une quarantaine de "routes" dans presqu’autant de diocèses au mois de juillet et d’août. Un combo qui explique sans doute le succès rencontré par cette initiative depuis son lancement en 2001.

"L’amitié est sans conteste un élément moteur dans le succès du Pélé VTT, des amitiés se forment ou se consolident pendant ces cinq jours marqués par l’effort et la joie", constate Pierre-Emmanuel Sudres, responsable de la communication et investi depuis plusieurs années dans la route initiale de Rocamadour. "La vie en plein air, la simplicité, le désir de se dépasser entrent aussi en ligne de compte, sans oublier les réponses qui sont données à la soif de spiritualité des jeunes", souligne-t-il.

Le Pélé VTT a été fondé à Rocamadour en 2001 par deux prêtres du diocèse de Cahors. La première édition s’est montée en un mois et est marquée par l’improvisation ! 40 jeunes, pas de staff, une intendante recrutée le jour du départ, 50 km à avaler par jour… Les conditions ne sont pas idéales mais les éléments caractéristiques du Pélé VTT sont là : rassemblement au carré, veillée d’adoration, montée des marches le dernier jour… Se confirme également le désir d’évangéliser les collégiens à travers le vélo.

À partir de 2007, d’autres routes se lancent dans des diocèses proches de Rocamadour, à commencer par celle de Montauban. En 2009, le Pélé VTT s'implante pour la première fois en dehors du Sud-Ouest : c’est l’ouverture de la route du Var. L’été 2009 rassemble 800 participants, "pédalants" et accompagnateurs compris. Progressivement, le mouvement se structure. L'association d'Église "Pélé VTT" est créée en 2011. En 2012, elle regroupe 2.000 participants. La barre des 5.000 est franchie à l’été 2018. Aujourd’hui, le mouvement compte une quarantaine de routes et plus de 5.000 participants.

Le Pélé VTT répond aux besoins de dépense physique et d'aventures propres à la tranche des 11-15 ans. Car il s’agit bien d’un défi sportif ! Une trentaine de kilomètres de course quotidienne, dans des régions parfois vallonnées, quatre nuits sous tente, aléas de la météo… Des efforts bien souvent récompensés par un sentiment de fierté, de dépassement de soi, d’accomplissement, comme en témoigne Hadrien, 14 ans, qui a pédalé l’été dernier sur les routes du Vexin avec le Pélé VTT du Val d’Oise : "Le meilleur moment du pélé, c’est quand j’ai regardé derrière moi l’immense pente et que je me suis dit : "je l’ai fait !"", confie-t-il. Son plus beau souvenir, malgré la fatigue, les courbatures et les conditions à la dure ? La montée des marches qui mènent à la cathédrale Saint-Maclou de Pontoise, le vélo à bout de bras, aux côtés de 200 autres collégiens exténués mais le sourire aux lèvres.

Autre élément frappant propre au Pélé VTT : la fraternité et l’entraide sont au rendez-vous, et ce de manière visible. L’image la plus explicite est sans doute celle d’un plus grand poussant un plus jeune sur son vélo, voire même s’emparant de son vélo pour grimper les dernières marches avant une cathédrale ou un sanctuaire. Une attention au plus faible qui est à la base de la pédagogie du pèlerinage. Ainsi, le premier jour, les collégiens se répartissent librement en équipes de douze. Le soir du premier jour, chaque équipe découvre qu’elle contient un jeune qui a plus de mal que les autres à pédaler. Ce dernier devient le "trésor" de l’équipe qui doit alors se mettre à son rythme et s’organiser pour l’aider. 

L’ambiance, fraternelle, est marquée par la présence de toutes les générations. L’une des spécificités de ce pèlerinage est en effet de donner à chaque tranche d’âge une mission particulière. Si les 11-15 ans sont un peu les chouchous, une horde de bénévoles est à leur service : les 16-18 ans, appelés le "staff", montent et démontent le camp et animent les veillées, les 18-25 ans accompagnent les "pédalants", les "TTV" ("Très Très Vieux") sont chargés de la logistique quand les ABS (prêtres, religieux et séminaristes) pédalent et apportent un soutien spirituel. Une manière, pour chaque membre du pèlerinage, de mettre ses talents au service des autres.

Comme son nom l’indique, le Pélé VTT est avant tout un pèlerinage, sous le regard de la Vierge Marie. Son objectif ? Évangéliser les jeunes de 11-15 ans en permettant à chacun de rencontrer le Seigneur. Le choix de la durée de cinq jours n’est pas le fruit du hasard : cela laisse le temps de progresser spirituellement. Temps de prière, témoignages, veillée d’adoration, confessions, messes, échanges avec les accompagnateurs spirituels…

Tout est pensé, selon une courbe de progression bien précise allant de la fabrication d’un chapelet le premier jour à l’arrivée au sanctuaire le dernier jour, pour répondre à la soif et à la curiosité des jeunes, croyants ou non, baptisés ou non. Une pédagogie qui porte du fruit. "Il y a des conversions, des demandes de baptêmes, de confirmations", précise Pierre-Emmanuel Sudres. Finalement, l’esprit du Pélé VTT tient en peu de mots : peu importe le "niveau de départ", l’important, c’est d’avancer vers le Seigneur, fidèle à la devise du pèlerinage : "Direction le Ciel !"